Et si l’Ukraine devenait enclavée
En envahissant l’Ukraine, la Russie tente de prendre avant tout les ports de la mer Noire du pays. Des conséquences importantes pour l’Ukraine sur le long terme.
Après avoir tenté d’envahir intégralement l’Ukraine, le gouvernement russe a déclaré vouloir annexer uniquement la région du Donbass. Malgré ces déclarations, l’armée russe continue de pilonner sans cesse la frange terrestre qui borde la mer Noire.
Les Russes présents de Marioupol à Kherson
La région du Donbass, située à l’est de l’Ukraine ne dispose pas d’accès à la mer. Cependant, la Russie continue son avancée vers le sud du pays. Les troupes russes contrôlent toute la partie maritime de l’Ukraine allant de Marioupol à Kherson, en passant par Berdiansk et Mykolaev. Le dernier port encore sous contrôle du gouvernement ukrainien reste celui d’Odessa.
Reprise des bombardements à Odessa
Or, Odessa tout comme Mykolaev sont les deux ports de débouchés de l’Ukraine, notamment pour les céréales. Le 2 mai, l’armée russe a repris les bombardements sur le port d’Odessa. Alors, après avoir mis la main sur la Crimée en 2014, la Russie semble vouloir couper l’accès à la mer de l’Ukraine.
Un risque pour l’économie
En agissant de la sorte, c’est toute l’économie agricole de l’Ukraine qui pourrait bien subir le contrecoup de ce conflit. Si la présence russe dans les ports d’Odessa à Marioupol se confirme, l’Ukraine n’aura le choix pour exporter ses céréales que de passer par les ports de Constanta ou de remonter vers le nord de l’Europe, voire d’emprunter des installations portuaires sous contrôle de la Russie. Un constat qui se décline sur l’ensemble de l’économie nationale destinée à l’exportation.
Une perte de 1,5 points de croissance
Derrière le désastre humain de ce conflit, c’est une économie qui pourrait se trouver fragiliser sur le long terme. Selon les économistes de la Cnuced, les pays sans accès à la mer perdent en moyenne 1,5 points de croissance par an. De plus, la perte de cet accès maritime peut devenir pérenne dans le temps. L’exemple de la Bolivie qui est devenue, à la fin du XIXe siècle, sans littoral le paye encore.
Passer par la Roumanie
Et cette conséquence doit se gérer dans le temps. Les infrastructures terrestres pour rejoindre d’autres ports doivent pouvoir répondre à la demande. Aujourd’hui, l’Ukraine dispose d’une capacité de 1 Mt/mois à exporter par fleuve, fer et route vers la Roumanie. Des négociations entre le gouvernement ukrainien et celui de Lituanie pour l’utilisation des quais de Klaïpeda reste une autre alternative.
Revoir les circuits logistiques
Ces différentes solutions ne permettent pas d’atteindre les chiffres d’exportation d’avant le conflit. De plus, en devant revoir les circuits logistiques, le prix des marchandises en sortie d’Ukraine pourraient voir leur prix s’élever. En faisant de l’Ukraine un pays sans littoral, la Russie pourrait encore plus réduire le poids économique de ce pays dans les échanges mondiaux, notamment pour les produits agricoles. Pour les pays acheteurs de produits ukrainiens, cela signifierait qu’ils devront soit se tourner vers d’autres sources d’approvisionnement soit acheter auprès des producteurs russes, soit payer plus cher des céréales.