Ports

Fluvial : une réponse aux basses eaux de cet été

Les basses eaux de cet été ont amené la Fepi (Fédération européenne des ports intérieurs) et l’Espo (l’organisation européenne des ports maritimes) a proposé une réflexion pour se prémunir de ces basses eaux des fleuves.

Les basses eaux des voies navigables cet été ont entraîné des perturbations dans la logistique fluviale. « Cela a conduit à réduire la capacité des unites, augmenter les taux de fret et, parfois, ces basses eaux ont pu entraîner la navigation. Une situation qui a eu pour conséquence une congestion portuaire tant dans les ports intérieurs que dans les ports maritime”, indique un communiqué de presse conjoint de l’organisation européenne des ports fluviaux (Fepi) et des ports maritimes (Espo).

Des évènements climatiques qui pourraient s’intensifier

La sécheresse a considérablement réduit la capacité fluviale. En moyenne, les unités fluviales ont perdu jusqu’à 20% de leur capacité de transport, continuent les deux organisations européennes. Une situation que les changements climatiques font subir depuis plusieurs années. En 2018, 2019 et 2022, le manque d’eau a été criant. De plus, les modèles climatiques pour les années à venir montrent que ces événements pourraient s’intensifier dans les prochaines années.

Assurer la qualité du réseau existant

L’Espo et la Fepi ont proposé une solution bâtie sur trois piliers pour assurer la résilience de la navigation fluviale. Le premier pilier de cette politique européenne repose sur la qualité des voies navigables actuelles pour limiter l’impact des sécheresses. Cela signifie une gestion de l’eau par les écluses, les barrages et une ingénierie hydrologique pour répertorier les goulets d’étranglement.

Maintenir le Good Navigation Status

Le maintien des voies actuelles doit aussi passer par un dragage pour maintenir la navigation tout au long de l’année. De plus, lors de la révision du réseau transeuropéen, l’Europe a mis en place le GNS (Good Navigation Status, un statut de bonne navigation). Il se focalise sur la qualité et la performance du réseau fluvial, « plutôt que de se concentrer sur l’accroissement des capacités », continuent la Fepi et l’Espo.Avec ce concept de GNS, les États peuvent créer des outils pour combattre les effets des sécheresses. Alors que les discussions sur le TEN-T (Trans-European Network Transport) continuent, les ports maritimes et intérieurs appellent au maintien du GNS et des mesures que peuvent prendre les États pour maintenir la navigabilité des voies navigables.

Mettre une coordination transnationale des voies navigables

Le deuxième pilier concerne une coopération transnationale. En effet, les voies navigables ont cette particularité d’être souvent présentes dans plusieurs pays. Pour combattre les basses eaux, la Fepi et l’Espo appellent à une coordination entre les États pour la maintenance et l’extension du réseau. L’absence d’actions d’un État peut avoir des effets pour l’ensemble de la voie navigable et donc touché tous les autres États concernés.

Établir des plans de coordination pour assurer la résilience

Dans ces conditions, les ports européens demandent à la Commission européenne, les Commissions de ces voies navigables (à l’image de la Commission centrale pour la navigation du Rhin) et les États membres de présenter des plans coordonnés dans le cas d’une baisse des eaux. Ils doivent prévoir des mesures pour les infrastructures visant à assurer la résilience des voies navigables et des ports, des projets innovants pour le lit des canaux et des mesures d’incitation pour les unités fluviales en cas de basses eaux.

Prévoir à long terme une coopération entre ferroviaire et fluvial

Le dernier pilier s’appuie sur un planning à long terme et une meilleure coopération entre les modes de transport. En effet, dès lors que les voies navigables deviennent difficilement utilisables, les ports maritimes et fluviaux souhaitent que soient mises en place des mesures pour un transfert vers d’autres modes de transport durables, notamment le ferroviaire. Dans ce contexte, la Fepi et l’Espo souhaitent que des plans prévisionnels soient établis pour que chacun des modes ferroviaire et fluvial puisse remplacer, en cas de crise, l’autre mode.

Mettre en place des alertes pour adapter les chaînes logistiques

Pour y parvenir, les deux organisations portuaires européennes demandent que des connexions ferroviaires soient prévues dans tous les ports. Cela doit aussi passer par des alertes pour permettre aux chaînes logistiques de s’adapter à un changement. « Il a été démontré lors de l’incident du tunnel de Rastatt en 2017 que des plans entre le fluvial et le ferroviaire permettent d’assurer une continuité et la résilience des chaînes logistiques grâce à des plans établis par avance », soulignent les deux organisations européennes.