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GPM Bordeaux : « en 2021, le port est sorti de l’ornière »

Avec un trafic de 6,6 Mt, le GPM de Bordeaux affiche une croissance de 10,3% en 2021. Après des années de baisse de trafics, le port girondin retrouve des couleurs. Et le vert pourrait bien devenir la nuance dominante avec les projets de décarbonation.

Le GPM de Bordeaux a connu des années difficiles à la fin de la décennie précédente. « Désormais nous pouvons dire que nous sommes sortis de l’ornière sur plusieurs sujets », a commencé par indiquer Philippe Dorthe, président du conseil de surveillance du port. Et Jean-Frédéric Laurent, président du directoire a confirmé ce renouveau. Une réforme interne mais aussi externe avec les clients et toute la communauté portuaire a permis de remettre le port sur les rails.

Hausse de 10,3% du trafic

Les premiers fruits de ces changements bourgeonnent avec un redressement du trafic global de 10,3% à 6,6 Mt. « Nous sommes dans la fourchette haute des taux de progression des ports français », rappelle le président du directoire. Ce rebond des trafics ne se réalise pas sur des filières traditionnelles du port. En effet, les hausses se constatent principalement sur des secteurs liés au territoire.

Des hausses sur des trafics liés au territoire

Les trafics en hausse se retrouvent sur les produits chimiques, les flux liés au BTP, le clinker, les laitiers et les ciments en entrée. Sur les exportations, les progressions se sont principalement concentrées sur les ferrailles, les oléagineux, les sorties de Diester et de pétrole brut.

Baisse des céréales

Parmi les trafics en baisse, le port accuse le coup sur les céréales. L’année civile correspondant à la fin d’une campagne et le début d’une autre, le port souligne que la récolte 2021 s’avère meilleure. Ainsi, sur le second semestre, le trafic céréalier a progressé de 13,6%. Dans cette filière, les entrées de graines oléagineuses se sont fortement réduites en raison d’une disponibilité de produits locaux.

Conteneurs: le port n’a pas bénéficié du rebond mondial

Enfin, ce bilan annuel laisse malgré tout un goût amer sur la filière conteneurs. Avec 25 066 EVP, le GPM de Bordeaux termine l’année sur une baisse de 2,2%. « Le rebond des grands ports ne s’est pas reporté sur les ports secondaires comme le nôtre », explique Jean-Frédéric Laurent.

Quant à la croisière, elle a subi les effets du décret interdisant toute activité jusqu’au 30 juin. Des 61 escales prévues, seules 19 ont été réalisées de juin à octobre et avec des remplissages limités.

Un rebond durable

Ce bilan démontre le retour du port girondin sur de nouveaux rails. « Nous avons mis en place une stratégie pour que ce rebond soit durable », assure le président du directoire. Elle vise notamment à redonner au port une dynamique par des investissements.

Bassens: poursuite des travaux sur le terminal

Ainsi, sur le terminal à conteneurs de Bassens, le port a terminé, en 2021, le chantier d’extension pour porter la surface de cette installation à 14 000 m2 et donc dispsoer d’une capacité de 90 000 conteneurs. De plus, un bâtiment pour les contrôles vétérinaires et phytosanitaires est sorti de terre. Le GPM a aussi repris la structure en charge de la manutention de ce terminal. Pour améliorer les potentiels de chargement, cette filiale du port a acheté une grue Gottwald.

Le projet stratégique entre en scène

L’année 2022 sera celle de la mise en place du projet stratégique. « Nous avons voulu nous concerter avec les acteurs de la communauté mais aussi les salariés du port et les collectivités. Ce projet est en cours de procédure de validation auprès des instances. » Au global, il prévoit une enveloppe de 70M€ d’investissements sur les cinq prochaines années.

Un port à énergie positive

Parmi les axes prioritaires du GPM, la décarbonation des activités portuaires se place dans les premières places. « Ce point s’inscrit dans le cadre de notre politique déployée depuis quelques années pour faire de notre port un port à énergie positive, appelée Green Physic. Elle doit permettre au port de contribuer aux objectifs européens de neutralité carbone en 2050 », a souligné Jean-Frédéric Laurent. L’ambition du port girondin est de devenir un « hub vert » dans les prochaines années. Le port veut pouvoir produire 1GW d’électrolyse par an.

Un électrolyseur de 100 MW

Cette ambition se décline notamment au travers de la convention signée en avril avec la société GH2. Elle construira sur la zone d’Ambés un électrolyseur de 100 MW, soit 14 000 t d’hydrogène renouvelable. Cet hydrogène permettra ensuite de produire 80 000 t d’ammoniaque par an de façon écologique en évitant le rejet de 140 000 t de CO2 dans l’atmosphère. Le projet sera opérationnel en 2026.

Construction d’une unité de méthanisation

Un autre projet de cette stratégie verte s’est matérialisé avec la signature en décembre d’une convention entre le GPM et CVE. Elle prévoit la construction d’une unité de méthanisation sur le site de Bassens et Ambarès pour valoriser 25 000 t de déchets. Ils proviendront soit des entreprises installées dans le port comme Saipol ou des collectivités locales voisines, comme par exemple les déchets des cantines scolaires. Le bio-méthane produit sera ensuite réinjecté dans le réseau de gaz pour la production électrique voire la mobilité urbaine ou industrielle.

Enfin, un appel à manifestation d’intérêt a été lancé au Verdon pour la construction d’une ferme photovoltaïque. Elle permettra la production locale d’électricité pour aider les entreprises qui souhaitent s’implanter sur le site.

BOP, toujours entre les mains du GPM

Le port veut aussi réfléchir à l’avenir en se positionnant sur son métier d’origine. Après avoir repris la société de manutention du terminal à conteneurs de Bassens, dans Bordeaux Opérations Portuaires – BOP, et investi dans des outils de manutention, la direction du port a retrouvé depuis quelques années une activité de manutention. « Nous n’avons pas eu de demande de reprise de cette société », précise Jean-Frédéric Laurent.

Trouver une deuxième ligne feeder

Pourtant sur le conteneur, le port souhaite que cette activité se développe. Avec un trafic de 30 000 EVP par an et une seule ligne de feeder, le compte n’y est pas. « Nous travaillons avec des opérateurs pour accueillir une deuxième ligne feeder et retrouver nos volumes de 60 000 EVP que nous avions. »

Développer l’offre ferroviaire

Dans le cadre de la stratégie verte du port, le report modal avec le développement du ferroviaire occupe une place de choix. Le GPM souhaite que soit donnée la possibilité de décloisonner ce mode de transport pour offrir une massification sur le ferroviaire de tous types de marchandise. Pour cela, il faut passer par deux étapes essentielles. La première vise à remettre à niveau le réseau ferré portuaire. La seconde doit permettre de constituer des trains complets de 750 m pour les conteneurs et les autres trafics. « Ce projet s’inscrit sur le long terme. Nous prévoyons de le réaliser sur la fin de l’actuel projet stratégique. Nous le co-construisons avec SNCF Réseau ».

Fluvial: pas de marché pour ce mode

D’autres idées circulent actuellement comme la mise en place de navettes fluviales fret. Des expérimentations ont eu lieu sans se concrétiser sur le long terme. Bordeaux souffre du manque d’un marché structuré pour opérer un transfert modal et surtout d’un manque de cale fluviale localement.