L’Afrique retrouve ses investisseurs, pour un temps
Avec 83 Md$, les investisseurs étrangers ont retrouvé la route de l’Afrique. Une grande partie de ces investissements ont concerné l’énergie.
Le rapport de la Cnuced sur les investissements directs étrangers (IDE) dans le monde, publié le 9 juin, montre un regain d’intérêt pour les entreprises africaines. Au total, les investisseurs étrangers ont injecté 83 Md$ dans les pays d’Afrique.
Le doublement des investissements étrangers
Ces investissements sont en nette progression en 2021. Selon le rapport de la Cnuced, les flux financiers vers l’Afrique ont presque doublé en 2021. S’il s’agit d’un record, note l’organisation internationale, la forte hausse est principalement liée au volume faible enregistré en 2020. En effet, au cours de cette année, la pandémie a fortement réduit les investissements.
Les IDE en Afrique représentent 5,2% du volume mondial
Au global, les investissements directs étrangers en Afrique ont représenté 5,2% des flux mondiaux. Un chiffre relativement faible mais qui reste en progression de plus de un point par rapport à l’année précédente. Outre cette faible part dans les flux financiers mondiaux, la Cnuced nuance son propos en indiquant que 45% de ses investissements sont liés à une transaction financière intra entreprise en Afrique du Sud.
Centrales électriques et énergies renouvelables au sud
En effet, dans la partie australe du continent, les IDE ont augmenté de 890% à 42 Md$. Une explosion des IDE qui tient d’abord à un échange d’actions entre Naspers et Prosus au troisième trimestre 2021. Outre ce flux financier, l’Afrique du Sud profite des investissements dans l’énergie. En Afrique du Sud, le groupe britannique Hive investi dans un projet d’énergie propre. Au Mozambique, Globeleq Generation a injecté des fonds pour des centrales électriques.
Le complexe industrialo-portuaire d’Escravos
L’Afrique de l’ouest n’est pas en reste avec une progression de 48% des IDE à 14 Md$. Le principal bénéficiaire de ces fonds demeure le Nigéria. Les 4,8 Md$ investis au Nigéria l’ont été principalement dans des projets gaziers et pétroliers. Le montant des investissements directs étrangers vers le Nigéria s’élèvent à 7 Md$ en ajoutant le projet de complexe industriel dans le port d’Escravos, situé à l’est du pays.
L’Éthiopie profite de sa position dans les Routes de la Soie
Sur la partie est du continent, l’Éthiopie a engrangé une grande partie des flux financiers. La Cnuced qualifie le pays de plaque tournante de la stratégie chinoise des Nouvelles Routes de la Soie. De plus, dans cette partie du continent africain, quatre projets sur cinq visent à développer les énergies renouvelables.
Les projets pétroliers tirent l’Afrique centrale
En Afrique centrale, les IDE sont restés stables en 2021. Une stabilité qui tient à la progression de 14% vers des projets concernant les secteurs pétroliers de RDC. Dans le même temps, au Congo, les flux financiers diminuent. L’annonce de projets dans le secteur pétrolier devrait inverser la tendance de baisse.
Le Maroc champion d’Afrique du nord
En Afrique du Nord, le Maroc a vu ses IDE augmenter de 52%. En Égypte, second pays en volume d’investissement en Afrique, les flux financiers ont baissé. Les promesses des États du Golfe pourraient peser dans la balance pour retrouver des niveaux en progression.
Des perspectives 2022 en retrait
Les perspectives pour les investissements en 2022 demeurent incertaines. Le conflit en Ukraine entraînant une crainte d’une crise alimentaire et la hausse du prix de l’énergie combiné avec la possibilité d’un retour de la pandémie et des taux d’intérêts élevés laissent présager une année 2022 difficile. Pour la Cnuced, « au mieux l’année 2022 sera à l’étal par rapport à 2021 ».