Politique

L’environnement, le colonialisme 2.0 en Afrique

Dans une tribune du 1er décembre, N.J. Ayuk, avocat camerounais et président de l’African Energy Chamber, dénonce l’attitude des sociétés pétrolières européennes en Afrique les accusant d’un « colonialisme insidieux ».

Dans une tribune, l’avocat, entrepreneur et président de la Chambre africaine de l’énergie (African Energy Chamber, AEC) accuse les sociétés européennes de néo-colonialisme au travers de leur politique environnementale. Il la qualifie d’insidieuse. « De nombreuses personnes pensent que l’ère du colonialisme est finie en Afrique. Ils ont tort. Un nouveau colonialisme se met en place », indique N J Ayuk. Il appelle à cesser de voir les sociétés européennes conditionner les investissements en Afrique en échange d’une politique environnementale.

Imposer des idéologies irréalisables

Ce que certains appellent le néo-colonialisme, le président de l’AEC lui préfère le terme de colonialisme 2.0. « Dans la version 1.0 du colonialisme, les Européens ont conquis des terres en Afrique. La version 2.0 consiste en l’utilisation de leur argent pour imposer des idéologies irréalisables dans un continent réticent et toujours désespéré ». Une position qu’il explique par la volonté des sociétés européennes de développer des énergies renouvelables au nom des principes environnementaux, sociaux et de gouvernance.

Un chantage entre environnement et aides financières

En effet, pour le président de l’AEC, « l’Afrique a besoin d’énergies peu coûteuses et sûres comme celles provenant d’origine fossiles. » C’est, pour NJ Ayuk, le moyen pour développer les économies du continent et assurer les besoins des populations. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la pauvreté a reculé sur le continent, continue le président de l’AEC. Alors, les stratégies environnementales des sociétés européennes « pourraient défaire toutes ces avancées. » Bien plus, il accuse ces sociétés de faire du chantage. « Si nous n’acceptons pas leurs critères environnementaux, ils tentent de nous corrompre par des prêts de bailleurs internationaux. Et si nous refusons, ils nous punissent en nous refusant leur aide, même si cela doit tuer des personnes ».

« Drill, Baby, Drill »

Pour contrecarrer cette stratégie, NJ Ayuk rappelle que l’Afrique a besoin de forer (« drill, baby, drill »). Il insiste en rappelant que pour réduire la pauvreté, le monde a besoin d’investir dans les ressources naturelles africaines comme le pétrole et le gaz. Il refuse de voir les pays producteurs de pétrole comme les nouveaux « diables ». D’autant plus que 80% de cette production est destinée aux économies européennes, asiatiques et indiennes.

L’Afrique doit utiliser ses ressources naturelles

« Il faut en finir avec l’hypocrisie. » Son message est clair et sans ambigüité. Il demande que les pays africains utilisent leurs ressources, « comme les pays développés en ont eu la liberté pendant des siècles. Je suis avec les producteurs et contre les élites occidentales. Je ne m’excuserais pas pour le secteur énergétique africain. » Il plaide en faveur des pays producteurs et refuse d’entrer dans les schémas occidentaux de la transition énergétique aux dépens de la sécurité énergétique et du bien-être des populations africaines.

Les énergies vertes ne suffisent pas

Et pour aller plus loin dans son développement, le président de l’AEC continue en rappelant qu’il a été prouvé que les énergies renouvelables ne suffisent pas à produire suffisamment d’énergies pour les pays en voie de développement. Alors, « imposé les énergies vertes au continent africain reste une façon de maintenir un état de pauvreté ». Et NJ Auyk reprend à son compte les propos tenus par Matthew Prempeh, ministre ghanéen de l’énergie, tenus lors d’une assemblée de l’AEC : « Il serait irresponsable, comme homme politique, de sacrifier mon pays sur l’autel de la transition énergétique sans parler de la sécurité énergétique ou sans parler de l’accès à l’électricité ».

Une stratégie qui pousse l’Afrique dans les bras de la Chine

Cette stratégie des occidentaux vers l’environnement pousse les pays africains dans les bras de la Chine tant qu’ils conditionneront leurs aides au passage aux énergies vertes. Les Africains souhaitent continuer leur développement économique. « Pour y arriver nous avons besoin d’énergie bon marché ».

Quel avenir énergétique pour l’Afrique

Est-ce que cette tribune doit être prise comme une levée de bouclier contre la transition énergétique ? L’auteur refuse de se voir cataloguer dans cette catégorie. « Nous souhaitons un air plus sain et des énergies renouvelables. « La véritable question est de savoir si nous voulons voir les Africains mourir et retourner dans la pauvreté pour atteindre ces objectifs environnementaux ? Je suis certain du contraire mais il apparaît que nombre de nos anciens colonisateurs le souhaitent ».