Maritime : la transition énergétique passera par le gaz
France Gaz Maritime et Association française du gaz ont plaidé pour le choix du gaz dans le cadre de la transition énergétique du transport maritime. Une place qui ne sera pas exclusive dans les prochaines années face à l‘arrivée de nouveaux fuels comme le méthanol.
Le gaz naturel liquéfié (GNL) doit être appréhendé comme une solution transitoire de la décarbonation du transport maritime ont déclaré France Gaz maritime et l’Association française du gaz. Une position qui se comprend. Philippe Berterottière, président-directeur général de GTT et président du Comité stratégique de la filière française « Industriels de la mer », a confirmé cette position en rappelant que le GNL réduit de 30% les émissions de CO2.
Aller plus loin
La solution d’une motorisation au GNL a déjà séduit des armateurs comme CMA CGM qui aligne des navires fonctionnant au gaz. Aujourd’hui, continue le président de GTT, ce sont environ 800 navires qui naviguent dans le monde avec une propulsion au GNL. « Il faut aller plus loin et plus vite dans l’équipement de navires au GNL », soutien Philippe Berterottière avec néanmoins une nuance : il faut disposer de suffisamment d’infrastructures dans le monde pour avitailler ce type de navires.
Les risques de l’ammoniaque
De plus, ces plaidoyers en faveur du GNL apportent à leur argumentaire des données sur les autres solutions. Ainsi, l’ammoniaque peut s’avérer une solution de repli pour éviter d’utiliser du GNL qui demeure un hydrocarbure fossile. Pour le président de GTT, cette solution ne présente pas autant d’avantage puisque l’ammoniaque produit plus de CO2 lors de sa production que le GNL. Quant à l’e-ammoniaque, tout comme l’ammoniaque, la solution présente des risques importants en cas de fuite à bord du navire ou lors des opérations de chargement. La toxicité de ce produit est très élevée. « Dans les prochaines années, des e-carburants existeront mais pour entrer dès maintenant dans la transition énergétique, le GNL reste la solution ».
Le GNL pas seul carburant
En attendant de voir se développer ces nouveaux carburants, le GNL conservera une place prépondérante dans les carburants marins. « Le GNL est présent dans ce secteur et le sera encore pour quelques années », a souligné Frédéric Meyer, directeur de la stratégie et des projets de TotalEnergies Marine Fuel. Et pour aller encore plus loin, il précise que le « GNL ne sera pas le seul carburant marin dans les prochaines années mais il aura un rôle important à jouer ».
Le méthanol: une solution avec une densité énergétique moindre
Alors, il apparaît que si le GNL tient la corde même si d’autres carburants apparaissent comme des outsiders, à l’image du méthanol. Des projets avec ce type de fuel voient le jour. Si le méthanol présente moins de risques que le GNL, il affiche une densité énergétique deux à trois fois moindres que le GNL. Néanmoins, le méthanol se stocke plus facilement que le GNL. Toute la question sera de voir la capacité de chaque carburant à pouvoir offrir une efficacité énergétique et opérationnelle plus élevée que ses concurrents.
Le rôle de l’ENSM dans la transition énergétique
Enfin, François Lambert, directeur de l’ENSM, a rappelé la nécessité de mettre en place une complémentarité entre les chantiers navals, les armateurs, les ports et les centres de formation. « Notre école à un rôle à jouer dans la formation des équipages pour ces futurs carburants. Il faut amplifier la transition énergétique dans le maritime et cela passe par des officiers formés. » Et le besoin en officiers et marins est important. L’ENSM prévoit de doubler le nombre d’officiers dans les prochaines années.