Juridique et social

P&O Ferries licencie 800 personnes sans préavis

Le directeur de l’armement P&O Ferries a annoncé le 17 mars le licenciement de 800 personnes. Tous les navires opérant sur le transmanche sont arrêtés.

Le 17 mars, le directeur de P&O Ferries a demandé aux salariés de décharger tous les navires pour procéder à une annonce en vue de « viabiliser à long terme » la compagnie. Le message est clair. La compagnie va licencier, immédiatement, 800 salariés. Pour les salariés, cette annonce a été un véritable coup de théâtre.

« Restez à bord des navires »

Aussitôt, le syndicat de marins Nautilus International s’est mobilisé. Le jour même, dans un communiqué, le syndicat a demandé à ses adhérents de rester à bord des navires. « Nous avons demandé à nos adhérents de rester à bord des navires, après l’annonce que la compagnie annonce des licenciements sur toutes les routes desservies par la compagnie pour les remplacer par des équipages recrutés au sein des agences », indique le texte du syndicat. Des équipages en provenance de Colombie viendraient suppléer les salariés britanniques.

Une trahison des équipages britanniques

Nautilus qualifie cette décision de « trahison des travailleurs britanniques. Cela n’est rien d’autre que scandaleux. » Et le syndicat rappelle que P&O Ferries a perçu 4,3 M£ de subsides pendant la pandémie. Des fonds collectés sur les impôts des citoyens britanniques. Les actions menées par Nautilus s’inscrivent dans des mouvements au cours des dernières années contre les décisions de l’armement de réduire les salaires, les indemnités pour maladies et d’introduire dans les contrats des clauses d’engagement à ne pas faire grève.

120 M£ de pertes

P&O Ferries aurait subi une perte de 120 M€ en 2021, selon la presse. Dans son dernier communiqué financier pour l’année passée, DP World, propriétaire de P&O Ferries, ne mentionne pas ces pertes. P&O Ferries est intégré dans la division services maritimes du groupe. En 2019, l’armement a déjà changé de pavillon en passant sous drapeau chypriote, « pour bénéficier des avantages fiscaux », souligne Nautilus.

RMT accuse le gouvernement britannique

L’autre syndicat britannique de marins, RMT (syndicat regroupant les salariés ferroviaire, maritime et transport, Rail Maritime Transport), a rappelé dans un document que le gouvernement anglais était au courant de cette décision avant son annonce. Il appelle à un boycott de la compagnie tant que le plan proposé par le syndicat n’est pas mis en place.

Un plan pour négocier

Ce plan s’articule autour de quatre points. Le premier prévoit que le gouvernement demande à P&O de suspendre sa décision, de réintégrer les salariés et d’entrer en négociation avec les syndicats. Ensuite, il demande que le gouvernement retire toute aide à P&O et son propriétaire DP World, notamment sur les zones logistiques et les terminaux portuaires que l’opérateur détient en Grande-Bretagne. Le troisième point prévoit un boycott de la compagnie tant que les salariés concernés n’auront pas été réintégrés. Enfin, le dernier point demande un nouvel arsenal législatif britannique pour protéger les salariés de l’industrie maritime britannique.

Aucun navire de P&O Ferries

Les navires de P&O Ferries ne naviguent plus. Sur Twitter, l’armement indique que la compagnie n’est plus en mesure d’assurer les traversées au départ de Calais, Rotterdam, Liverpool et de Cairnryan. D’ailleurs, le site du port de Calais indique, pour la journée du 18 mars, que seuls les navires de DFDS et de Irish Ferries assureront des liaisons vers la Grande-Bretagne. « Le fait que le gouvernement anglais connaissait, la veille, la décision de la compagnie maritime sans rien faire est choquant. Il savait que cela causerait de nombreuses perturbations sur les liaisons avec la Grande-Bretagne », indique le secrétaire général de RMT, Mick Lynch.