Port autonome d’Abidjan : la croissance de trafic de 2021 gomme les effets de la pandémie
Le Port autonome d’Abidjan a enregistré une croissance de son trafic en 2021 de 11,7%, malgré les effets de la pandémie. Les travaux sur le terminal céréalier et le second terminal à conteneurs devraient s’achever en 2022 pour confirmer la position stratégique du port ivoirien.
Avec 28,3 Mt, le Port autonome d’Abidjan a su gommer les effets de la pandémie. Le trafic global du Port autonome d’Abidjan a gagné 11,7% en 2021 par rapport à 2020. Un score important qui permet de gommer la baisse affichée en 2020. En effet, en 2020, le port ivoirien a perdu 1,5% de son trafic total. Le bon score de 2021 lui permet de reprendre sa courbe ascendante et de gagner 10% par rapport à 2019.
Une économie en bonne santé
La bonne tenue du trafic total est liée à la bonne santé de l’économie ivoirienne, selon les autorités. Dans la présentation de leurs résultats, le ministre ivoirien en charge des transports, Amadou Kone, note que la Côte d’Ivoire a réussi à préserver son économie avec une croissance de 6,5%. Des chiffres qui se sont déclinés dans les trafics portuaires.
Des trafics tournés vers l’Asie
Les trafics commerciaux du Port autonome d’Abidjan sont d’abord tournés vers l’Asie. Ce continent représente 10 Mt, soit 36% du trafic total. Une part qui augmente chaque année. Pourtant, dans les principaux ports d’origine et de destination d’Abidjan, Shanghai n’entre qu’en 19è position avec 283 286 t et celui de Tianjin en 11è place avec 432 342 t.
La Belgique devant la France
L’Europe perd peu à peu sa seconde place au profit de l’Afrique. Avec 7,7 Mt, le vieux continent voit sa part de trafic passer de 30,5% à 27,8%. La France se place en 6è position derrière la Turquie (2è position), l’Espagne (3è position) et la Belgique (5è position). Dans le même temps, l’Afrique gagne des places grâce à une progression des trafics de 20% à 8,1 Mt. Le port de Forcados, au Nigéria représente le principal point de commerce d’Abidjan. Un signe encourageant dans la mise en place de la Zlecaf.
Transit : une hausse de 23,8%
Le trafic en transit est celui qui a le plus progressé au cours des 12 mois de l’an passé. Avec 2,9 Mt, il augmente de 23,8%. Le trafic national conserve sa première place avec un volume de 24,9 Mt. Ce courant croît de 10,8%. En fin, le trafic de transbordement continue sa chute entamée depuis 2019. Il entre pour 470 080 t en 2021, en baisse de 5,8% par rapport à 2020 et de 21% par rapport à 2019.
Des baisses sur les transbordements
Le trafic de transbordement du port de commerce a perdu de sa teneur sur les exportations. En effet, celles-ci ont perdu 8,2% à 163 104. Les importations ont mieux résisté avec une diminution de 1,7% à 125 144 t. Le solde de ce courant, 181 832 t, a été réalisé sur les transbordements opérés sur le port de pêche d’Abidjan.
Les produits pétroliers ont mené la croissance
« Cette performance globale est principalement portée par le trafic national, à l’import comme à l’export, qui s’est amélioré de 10,8% », a indiqué Hien Y. Sié, directeur général du Port autonome d’Abidjan dans la présentation des résultats. La croissance de ce trafic national est avant tout porté par la progression des trafics pétroliers. Avec 6,7 Mt, ils augmentent de 6,3%. Des flux qui se répartissent entre les importations de produits pétroliers qui représentent 4,8 Mt, en hausse de 16,3% et les exportations qui ont marqué un recul en 2021 de 12,6% à 1,9 Mt.
Les marchandises générales dopées par la construction
Le principal courant du trafic destiné à la Côte d’Ivoire se compose des marchandises générales. Elles conservent leur première place avec 17,4 Mt, en progression de 12,4%. Des flux tournés avant tout vers l’importation qui entrent pour 12,3 Mt, en hausse de 18%. Ces entrées dans le pays sont surtout composées de matériaux pour la construction comme le clinker, le gypse et les laitiers. Ces produits représentent, en 2021, 5,1 Mt, soit 42% des importations de marchandises générales. Des flux qui sont en progression de 22,7% en 2021 en raison de la reprise économique locale.
Baisse des trafics de blé
Le second produit composant ces flux destinés au marché national est le riz, en sac, en vrac et conditionné. Il pèse 1,2 Mt en 2021, soit 9,8% du total des importations de marchandises générales du trafic national. En 2021, le PAA a importé moins de blé. Avec 625 600 t, le blé voit son volume se réduire de 3,4%.
Exportations : les minerais de manganèse dépassés par le caoutchouc
Après avoir été dominé par les minerais de manganèse, les exportations de marchandises générales sont désormais majoritairement constituées de caoutchouc brut. En effet, ce dernier produit est entré pour 924 814 t en 2021 contre 920 273 t pour les minerais de manganèse. Une situation due à la baisse de 25% des flux de manganèse. Autre changement dans la hiérarchie des exportations, les noix de cajou ont dépassé, en 2021, les exportations de fèves de cacao. Ces dernières ont totalisé 635 456 t, en baisse de 1,7% quand les noix de cajou progressent de 25,5% à 877 727 t.
Conteneurs : une progression continue sur trois ans
Du côté des conteneurs, le trafic 2021 s’élève à 787 314 EVP, en progression de 3,6%. Le Port autonome d’Abidjan enregistre une augmentation continue sur les trois dernières années. Entre 2019 et 2021, ces flux ont enregistré une hausse de 7,7%. Les conteneurs destinés au marché local représentent la principale entrée de trafic avec 723 359 EVP. Des trafics qui se composent majoritairement de conteneurs pleins (77%). Les trafics conteneurisés d’Abidjan restent encore déséquilibrés même s’il se réduisent. En 2019, le déséquilibre entre import et export s’établissait à 74% en faveur des importations. Il est de 65% en 2021.
Transit : le Burkina Faso garde sa pole position
Viennent ensuite les trafics en transit qui pèse 47 064 EVP, stable d’une année sur l’autre. La position du Port autonome d’Abidjan pour la desserte des pays sans littoral continue de croître. En 2021, les trafics destinés à ces pays s’est élevé à 2,9 Mt, en progression de 23,8%. Le Burkina Faso reste le premier pays de destination de ces flux avec 2,2 Mt, en progression de 36,6% en 2021 par rapport à 2020. Des trafics composés majoritairement d’importations pour le Burkina Faso.
Le Mali a préféré la Guinée Conakry
Le Mali entre en seconde place avec 688 408 t. Des volumes qui ont baissé en 2021. Le coup d’État militaire en 2021 au Mali a joué un rôle. Les opérateurs maliens ont préféré se tourner vers la Guinée Conakry pour leurs approvisionnements. Enfin, le Niger ne pèse que 3 628 t de trafic depuis Abidjan. Niamey préfère l’utilisation d’autres ports comme celui du Togo, du Bénin ou du Nigéria. Quant aux transbordements, ils se sont contractés de 8,1% à 16 891 EVP.
Des travaux sur le TC2 et le terminal céréalier
Ces bons résultats « confirment le leadership du port d’Abidjan sur la Côte Ouest Africaine », a souligné Hien Y. Hsié lors de la présentation des chiffres. L’année 2021 a aussi été marquée par la réalisation des grands travaux de développement des infrastructures. Ainsi, des avancées notables ont été enregistrées sur le second terminal à conteneurs (TC2) et le terminal céréalier. Les deux infrastructures seront livrées et mises en exploitation en 2022.
Un système de transbordement lagunaire pour les minerais
Sur le terminal minéralier, un système de transbordement par barges sur le plan d’eau lagunaire a été mis en place, en vue de faciliter la manutention des volumes de plus en plus importants de minerais qui arrivent quotidiennement sur le port pour être exportés. Au final, cette innovation rendra le secteur minier ivoirien plus compétitif sur le marché international.
Terminal à conteneurs : une inauguration à l’automne
Quant au terminal à conteneurs, les travaux sont en cours par le concessionnaire, le groupe Bolloré. L’inauguration du terminal est prévue pour l’automne, selon nos informations. Avec ses deux terminaux, le Port autonome d’Abidjan peut prétendre jouer un rôle central sans la sous-région.