Politique

Les politiques interpelés sur la logistique

Avec le confinement de Shanghai et les conséquences sur les chaînes logistiques, les organisations appellent les politiques à prendre des mesures. La Feport propose d’organiser une grande réunion sous l’égide de la Commission européenne quand le Conseil national du cuir propose aux partis politiques français des solutions.

Le métier de logisticien est devenu, au fil des mois, un véritable sacerdoce. Se démener entre les congestions portuaires en Chine, aux États-Unis et parfois en Europe, la hausse du prix de l’énergie et les variations des taux de fret oblige les professionnels du métier à trouver des trésors d’ingéniosité pour acheminer des conteneurs vers leurs destinataires.

118 jours entre l’usine chinoise et la sortie du terminal en Europe

Dans son analyse du 27 avril, Ovrseas indique que le temps de transport ne cesse de s’allonger. « Les retards augmentent. Ils atteignent 11 à 12 jours depuis le port de Shanghai vers les ports de Rotterdam ou Hambourg et même près de 16 jours entre Shenzhen et Hambourg. Un conteneur nécessite désormais 118 jours en moyenne entre la porte d’un expéditeur chinois et la sortie d’un port en Europe, deux fois plus qu’il y a un an », indique Ovrseas. Et ces éléments se combinent avec une congestion portuaire forte. La semaine du 11 avril, 230 navires patientaient au large de Shanghai et Ningbo. Un chiffre en hausse de 195% selon le transitaire. Et pour couronner le tout, les annulations d’escale continuent. La fiabilité des services reste à des niveaux bas, même si au cours des derniers jours, elle semble s’améliorer.

Des conséquences attendues avec la fin de la congestion de Shaghai

Dans ces conditions, la Feport, Fédération des opérateurs privés portuaires, « il est évident que les effets en cascade résultant de la situation qui prévaut à Shanghai seront énormes. Les risques de congestion et de perturbation sont élevés quand la congestion s’achèvera », indique Lamia Kerkoudj-Belkaid, secrétaire générale de la Feport.

Organiser une rencontre sous l’égide de la Commission

Pour l’organisation européenne des manutentionnaires, « il est devenu urgent que les acteurs de la chaîne logistique depuis les armateurs aux transporteurs routiers en passant par les transitaires, les pilotes et les autorités portuaires doivent rapidement se rencontrer sous l’égide de la Commission européenne ». Sans ce débat entre les acteurs ce sont les consommateurs européens qui en feront les frais. Dans ce contexte, la Feport appelle la Commission à réunir les acteurs logistiques pour trouver des solutions.

Les opérateurs de terminaux ne doivent pas jouer le rôle de tampon

“Après les effets de la pandémie, du blocage du canal de Suez par l’Ever Given, la congestion portuaire dans de nombreuses régions du monde, la faible fiabilité des services maritimes et les conséquences des sanctions contre la Russie, les terminaux portuaires ne peuvent encore une fois jouer le rôle de tampon pour absorber le choc de la situation qui réside à Shanghai. Nous avons besoin d’une implication de toutes les parties pour adapter la situation qui va se décliner dans les ports européens dans 8 à 12 semaines”, continue la Secrétaire générale de la Feport.

Les grandes difficultés de la filière du cuir

Un appel aux forces économiques et à la Commission européenne qui a été suivie peu de temps après par la filière française du cuir. La filière connaît, en Europe, « de grandes difficultés d’importation et d’exportation en raison de l’explosion des coûts du fret maritime et de la pénurie constante d’équipements », indique un courrier du Conseil national du cuir (CNC). Face à cette situation, le Conseil national du cuir porte cinq propositions auprès des partis politiques engagés dans les élections législatives.

Cinq propositions pour anticiper la crise maritime

Ces propositions visent à mettre en place des consultations plus fréquentes des acteurs de la chaîne logistique maritime pour comprendre les facteurs et les expériences des clients des compagnies qui escalent dans les ports. Ensuite, les signataires demandent de soutenir les mesures exceptionnelles déployées dans les ports pour fluidifier les terminaux. En troisième lieu, le CNC propose la création d’un observatoire de performance portuaire français en phase avec l’expérience client. La quatrième proposition repose sur la création d’un observatoire de qualité du service européen du fret maritime. Enfin, il est proposé d’améliorer la réglementation du transport maritime à l’échelle communautaire notamment par la régulation tarifaire impliquant un plafonnement des prix du fret maritime.