Corridors et logistique

Sénalia : une campagne tirée vers le bas en raison d’une mauvaise récolte

En franchissant de quelques centaines de tonnes la barre des 6 Mt, Sénalia a enregistré une campagne 2020/2021 difficile. Tant les exportations de céréales que certaines activités de l’agro-industrie affichent des baisses au cours de la campagne.

L’exercice de Sénalia s’est achevé au 30 juin 2021 avec une diminution importante de ses trafics. Le manutentionnaire rouennais a subi la mauvaise récolte de 2020 de plein fouet. Au global, le groupe a manutentionné 6,004 Mt, en baisse de 26,1% par rapport à l’exercice précédent. Une forte baisse que le groupe relativise en raison de la récolte exceptionnelle en 2019 qui a permis au groupe de battre des records.

Exportations céréales : une baisse de 51,5%

Les exportations de céréales sur la campagne 2020/2021 représentent un trafic de 3,005 Mt, soit une baisse de 51,5% d’une campagne à l’autre. Le principal courant de ces flux est à mettre à l’actif du blé meunier. Avec 1,9 Mt sur la dernière campagne, ce type de blé a perdu 57,1%, la plus forte baisse. Quant aux orges fourragères, elles voient leur volume perdre 52,7% à 516 000 t. Les orges de brasserie ont connu une baisse moins importante avec une diminution de 17,6% à 454 000 t.

La Chine en pole position

Des trafics qui ont vu leur destination se modifier au cours de ces dernières années. En effet, les pays du Maghreb, Algérie, Maroc et Tunisie, ont cédé leur première place à la Chine. L’Empire du milieu est devenu le premier client de Sénalia au cours de cette campagne. Avec 434 000 t de blé, soit 20% du volume, 494 000 t d’orges fourragères (95% des flux) et 278 000 t d’orges de brasserie (61% des flux), la Chine a trouvé sur le marché français de quoi alimenter son appétit.

Le marché chinois diversifie ses origines

Pour Gilles Kindelberger, directeur général du groupe, « la place de la Chine dans nos destinations est avant tout conjoncturelle. Cela peut s’expliquer par la nécessité du pays de reconstituer son cheptel porcin (décimé par la grippe porcine africaine, ndlr) et donc de le nourrir. Les opérateurs chinois se sont tournés vers le marché international pour acheter des aliments. » De plus, les tensions diplomatiques entre la Chine et l’Australie ont amené la première à modifier ses achats pour se tourner vers les marchés européens et notamment la France.

Les perturbations logistiques des conteneurs ont pesé

Quant aux orges de brasserie, ils ont été principalement chargés en conteneurs à destination de l’Inde. Une autre partie de ces produits chargés en conteneurs prenaient, en 2019, la direction de la Chine. Les perturbations logistiques et la hausse des taux de fret ont amené les acheteurs à se tourner soit vers d’autres origines soit vers d’autres modes de conditionnement.

Le fluvial garde une part modale de 31%

Quant à l’approvisionnement des silos de Sénalia, les parts modales restent équilibrées. La route conserve sa première place avec 62%, suivie par la voie d’eau à 31%. Le ferroviaire demeure à 7% des approvisionnements. Une situation qui s’explique par les mouvements sociaux qui ont touché la précédente campagne et la mauvaise récolte de 2020.

La prédominance de la route peut s’expliquer, notamment, par un hinterland céréalier « raccourci ». Les quatre principales origines des céréales entrées dans les silos, à savoir Normandie, Ile de France, Hauts de France et Centre Val de Loire ont vu leurs trafics se réduire. Des baisses qui varient entre 40% et 51% à l’exception des Hauts de France qui ont vu leur baisse s’élever à « seulement » 25%.

La route profite d’un hinterland raccourci

En demeurant les premières régions, la Normandie et l’Ile de France ont dopé le trafic routier. L’utilisation du camion a été plus facile pour acheminer les produits sur le port de Rouen. Quant au fluvial, il conserve sa part modale grâce notamment aux incitations mises en place par Sénalia. Le groupe accorde une prime de 0,3 € par tonne chargée par voie fluviale. Enfin, concernant le ferroviaire, la campagne actuelle pourrait changer les choses. Le rail a gagné quatre points depuis le début de la campagne pour passer à 11%. Une augmentation qui s’explique par l’exportation d’orges de brasserie qui ont élargi leur hinterland.

Saipol enregistre une hausse de 7,2%

Du côté de l’agro-industrie, les flux pour l’usine de Saipol ont enregistré au cours de la précédente campagne une hausse de ses volumes de 7,2% à 1,9 Mt. À l’entrée le colza augmente de 16,9% à 954 000 t. En sortie, l’Ester et les tourteaux progressent respectivement de 31,8% à 87 000 t et de 15,6% à 526 000 t. Seules les expéditions d’huiles se contractent de 22,7% à 343 000 t.

Lillebonne en baisse sur la campagne

Sur le site de Lillebonne, le blé est transformé par Teréos pour produire du bioéthanol. Sur la campagne 2020/2021, les trafics accusent une baisse de 5,5% à 830 000 t. Les prestations logistiques réalisées pour le compte de Teréos ont vu les entrées de blé se réduire de 4,6% à 645 000 t quand les sorties de drèches ont perdu 12,5% à 126 000 t. Pour leur part, les sorties de gluten croissent de 1,7% à 59 000 t. Une diminution de trafic liée à la qualité de la campagne. Malgré tout, les entrées de blé par voie fluviale ont continué d’assurer un flux régulier. Les chargements de gluten, s’ils ont augmenté, se sont réalisés principalement en vrac plutôt qu’en conteneurs. « L’infrastructure mise en place pour le chargement de conteneurs de gluten a été fortement pénalisée par le coût du fret, reportant le flux sur le chargement de bateau en vrac », indique le directeur général de Sénalia.

Sucre : après Saint Louis Sucre, un partenariat avec Teréos

Les approvisionnements en cacao, pour le compte de Barry-Callebaut et Cargill ont vu leur trafic croître au cours de cette campagne. Avec 69 000 t en entrée et autant en sortie, le trafic de cacao a gagné 7,8%. Enfin, l’activité sucrière, réalisée en partenariat avec Saint Louis Sucre, s’est achevée en juin. « Notre partenariat avec Saint Louis Sucre a pris fin en juin. Nous avons fini de vider le site de Robust au 30 septembre. Nous avons signé avec Teréos un nouveau partenariat pour ces flux. Nous allons commencer prochainement les expéditions de sacs et de vracs », nous a précisé Gilles Kindelberger. Les approvisionnements se réalisent principalement par route. En sortie, Sénalia construit actuellement un schéma autour d’une logistique ferroviaire.

Une nouvelle campagne au visage particulier

Après une campagne 2020/2021 difficile, Sénalia est entrée de plein pied dans la nouvelle campagne. La première moitié de cette campagne (de juillet 2021 à décembre 2021) a été d’une activité faible. Les appels d’offres algériens ont mis la barre haut, empêchant ainsi les blés français à se positionner. Quant à la situation en Ukraine, elle devrait donner un nouveau visage aux derniers mois de l’actuelle campagne.

La récolte abondante mais une qualité hétérogène

À fin février, Sénalia a traité, pour ses exportations de céréales, des trafics principalement sur la Chine. L’Empire du milieu entre pour 1,25 Mt. Le Maroc se place sur la deuxième marche du podium avec 550 000 t et l’Algérie arrive en troisième position avec 350 000 t. Au global sur les huit premiers mois de la campagne, Sénalia a exporté 1,7 Mt de blé. « La récolte 2021 est relativement abondante, mais les qualités des blés sont très hétérogènes imposant un important travail de ségrégation à l’entrée des silos », continue Gilles Kindelberger. Ainsi, les tonnages céréales export devraient augmenter de plus d’un million de tonnes, pour passer la barre des 4 Mt chargées.