Ports

Une stratégie portuaire à la Don Quichotte

Les ports français misent sur le développement de l’éolien. Une stratégie qui ne doit pas compromettre le développement des autres filières traditionnelles des ports.

En France, les énergies marines renouvelables sont devenues « l’or bleu » des ports. Du Havre à Marseille en passant par Caen, Cherbourg, Brest, Nantes Saint-Nazaire ou encore Port la Nouvelle, chacun développe un terminal dédié. Pour le port, l’arrivée de ce trafic représente une activité qui permettra de maintenir les services portuaires dans une période où les trafics ont tendance à se contracter.

La complémentarité portuaire

De ce point de vue, rien à dire, ou plutôt, beaucoup de choses positives. En créant une usine d’éoliennes au Havre, Gamesa participe à la réindustrialisation des ports, comme le souhaite le gouvernement. Encore mieux, la complémentarité entre les ports joue à fond pour l’implantation des futurs parcs éoliens. Les différentes pièces de ces parcs éoliens sont dispatchées dans les ports pour être assemblées dans un port au plus près du champs.

Une adaptation des quais

Cette stratégie, certains la surnomment la « stratégie portuaire à la Don Quichotte ». Il ne faut pas faire une analogie trop simpliste entre le héros de Cervantes et les directeurs des ports. Cette critique vise à refuser de voir les ports se transformer en zones logistiques dédiées aux énergies marines renouvelables au détriment des autres activités. En effet, pour recevoir certains éléments des éoliennes, les ports doivent adapter leurs quais et leur terminal avec une résistance plus élevée. D’autre part, l’occupation engendrée par ces structures va parfois « mordre » sur des terminaux destinés à d’autres trafics. Et c’est là que la critique prend le dessus.

Diversification contre activités traditionnelles

Que va-t-il se passer quand ces champs seront construits ? Aurons-nous encore besoin de quais avec une si forte résistance ? Le débat commence entre défenseurs de la « diversification » des trafics portuaires et partisans des activités traditionnelles des ports. Parce que toute la question est de mesurer la place qu’occupent ces éléments et la proportion des investissements que le port implique dans ces projets.

Un juste équilibre

Un professionnel de la logistique nous a confié son désarroi. « Cette stratégie répond parfaitement à la transition énergétique. Dans les conditions actuelles, il est important de miser sur une indépendance énergétique. Cependant, en occupant notre espace portuaire avec ces trafics, les concurrents misent sur la logistique. Elle est plus pérenne. Pendant ce temps, nous avons une vision à court terme. Il faut un juste équilibre entre le développement de ces trafics et la pérennisation des trafics traditionnels. Ne lâchons pas la proie pour l’ombre. »

Conserver les fondamentaux

Sans vouloir se placer comme un médiateur, il semble qu’une voie médiane entre les deux positions, parfois radicale, soit envisageable. L’accueil des trafics liés aux champs d’éoliennes offshore est nécessaire si nous ne voulons pas les voir réaliser chez nos concurrents. Cette stratégie doit s’insérer dans une vision à long terme en conservant les fondamentaux de la logistique portuaire.

Un débat qui ne doit pas lever des vents tempêtueux. Ils risquent de mettre à mal les éoliennes.