Upply : après la pandémie, le contexte géopolitique pèse sur le marché
Dans son baromètre pour le mois de février, Upply revient sur les conséquences du conflit entre l’Ukraine et la Russie : Routes de la Soie, hausse du prix du pétrole et du gaz mais aussi une congestion portuaire qui ne se résout pas.
La relative accalmie de la pandémie laissait entrevoir une « bouffée d’air » pour les chaînes logistiques maritimes. « L’invasion de l’Ukraine par la Russie apporte un nouvel élément de déstabilisation. L’étiage du marché et la résilience des chaînes logistiques n’est pas pour demain », indique Jérôme de Ricqlès, expert maritime de Upply, dans le baromètre pour le mois de février.
Le marché russe pèse 5%
Dans son analyse du marché, Jérôme de Ricqlès rappelle que dès le déclenchement de l’opération militaire en Russie, les armements ont annoncé la suspension des bookings pour les lignes opérant sur la Russie mais aussi de la Biélorussie. « Une perte largement supportable puisque le marché russe ne représente que 5% environ des volumes des grandes compagnies maritimes », précise l’expert maritime de Upply.
L’effet du conflit en Roumanie
L’effet de ce conflit vise d’abord les conditions maritimes en Mer Noire. Les effets du conflit se répercutent aussi sur les ports voisins de Roumanie et de Bulgarie. Leur activité est touchée par les affrontements militaires. Autre perturbation, les Routes de la Soie sont impactées. Empruntant le réseau ferroviaire russe, des opérateurs ont interrompu leurs services.
L’Ukraine, alternative prometteuse
En effet, note Jérôme de Ricqlès, « l’Ukraine était une des alternatives prometteuses identifiées pour désengorger les points de passage frontaliers actuels, qui arrivent à saturation en raison du fort développement du fret ferroviaire Chine-Europe ces deux dernières années ». Ces perturbations touchent principalement le commerce de la Chine et jette un pavé dans le jardin des ambitions chinoises sur ces Routes de la Soie.
Les scrubbers prennent l’avantage
Par effet de cascade, le conflit en Ukraine a aussitôt porté les prix du gaz et du pétrole à des niveaux élevés. Avec 800 $/t, le fuel a doublé en deux ans. « Dans ce contexte, les navires équipés de scrubbers tirent enfin leur épingle du jeu, avec un différentiel en leur faveur par rapport à l’IFO 380 d’environ 200 $/t. »
L’administration américaine hausse le ton
Ces conditions de marché ont des répercussions directes sur les taux de fret maritimes. Le maintien des prix élevés est encore de mise. D’autant plus, continue l’expert de Upply, que l’administration américaine a décidé de hausser le ton face aux compagnies maritimes. De ce côté de l’Atlantique, l’organisation européenne des commissionnaires a décidé d’ouvrir une enquête contre les pratiques des compagnies maritimes. Une demande restée sans réponses à ce jour.
La congestion portuaire continue
Et pour couronner le tout, la congestion portuaire aux États-Unis gagne l’Europe, note le baromètre de Upply avec, pour le point positif, une amélioration en Asie. Une embellie qui pourrait rapidement être contrariée avec le confinement de la région de Shenzhen, une des zones logistiques majeure du pays. Quant à l’impact du conflit en Ukraine, Jérôme de Ricqlès estime que les hubs comme Malte, Gioia Tauro, Tallin, Tanger Med et Hambourg risquent de voir bon nombre de conteneurs bloquer en raison des sanctions européennes.