Corridors et logistique

Canal de Panama : des restrictions de tirant d’eau

L’autorité du canal de Panama impose depuis le 17 avril des restrictions de tirant d’eau pour le franchissement de la cette voie. La communauté internationale maritime pourrait revoir ses stratégies logistiques.

Le 13 avril, l’autorité du canal de Panama a réduit le tirant d’eau pour le passage des navires. La raison invoquée tient à une sécheresse sans précédent au Panama. En effet, les deux lacs qui alimentent en eau le canal, le lac Gatun et le lac Alhajuela subissent une diminution de leur niveau en raison d’une météorologie sèche.

Des restrictions à prévoir jusqu’au 12 mai

La décision a été prise par l’administrateur du canal de Panama, Ricaurte Vásquez Morales. Et dans un courrier adressé aux clients par l’autorité du canal, il est fait mention des prochaines restrictions à venir. Le tirant d’eau des navires franchissant la voie d’eau est amené à 14,3 m le 27 avril, puis 14,17 m le 5 mai et enfin 14,02 m le 12 mai.

Les réserves hydrauliques ont perdu 80% de leur capacité

Une situation que le responsable de l’autorité du canal de Panama attribue à la sécheresse ambiante. Dans sa communication, l’autorité rappelle qu’au cours des 11 premiers jours d’avril, il est tombé 70% des pluies habituelles. De ce fait, les réserves hydrauliques sont inférieures de 80% à ce qu’elle devrait être.

Les lignes transpacifiques concernées

Pour la communauté maritime internationale, cette décision n’augure pas une situation difficile. Si l’autorité du canal de Panama a fait le choix de laisser la voie ouverte, les restrictions ont des conséquences importantes. Effectivement, les porte-conteneurs de 15 000 EVP disposent d’un tirant d’eau de 16 m maximum à pleine charge. Cela signifierait que ces navires, neo-panamax ne seraient plus autorisés à utiliser cette voie d’eau à pleine charge. Or, ces navires et leurs homologues plus grands, naviguent sur des lignes est-ouest entre l’Asie, l’Europe et les États-Unis.

Réduction de l’offre

Pour continuer d’assurer ces rotations deux alternatives s’offrent aux armateurs. La première consiste à emprunter la route par le cap Horn. Un allongement conséquent en temps mais aussi en carburant pour les opérateurs. Or, de nombreuses rotations relient l’Europe, les ports de la côte est des États-Unis et ceux de la côte ouest. De même, des services reliant l’Asie aux ports de la côte est d’Amérique du Nord sont concernés. L’autre solution serait d’alléger les navires. Une décision qui créerait une offre plus réduite et ferait, par conséquent, remonter les taux de fret sur ces lignes.

Les fantômes de l’Ever Given

Déjà, les fantômes de l’Ever Given ressurgissent quand ce navire s’est échoué dans le canal de Suez en mars 2021, interrompant la navigation de cette voie maritime. À ce jour, la probabilité d’une fermeture complète de ce canal est évoquée par certains. Une revendication portée par les groupes écologistes qui militent pour la sauvegarde de la ressource hydraulique. L’autorité du canal de Panama n’en parle pas. Cependant,  la situation n’en demeure pas moins inquiétante.

1822 neo-Panamax ont utilisé le canal en 2022

Le canal de Panama demeure l’une des principales routes maritimes. En 2022, ce sont 14 239 navires qui ont emprunté cette route maritime, soit 900 navires de plus qu’en 2021. Sur l’exercice fiscal 2022 (d’avril 2022 à mars 2023), 1822 navires neo-Panamax ont emprunté le canal. 4 741 navires de type Panamax, concernés aussi par les restrictions de tirant d’eau, ont franchi la voie maritime. En 2022, le canal de Panama a vu transiter 518,5 Mt. Les États-Unis représentent 215 Mt Au global, le pays de l’oncle Sam pèse 41,4% du trafic. La Chine, avec 61,9 Mt, représente 11,9% du trafic total.