Céréales : la phosphine, un bouchon pour la logistique
La décision de l’Anses du mois d’octobre d’interdire l’utilisation de la phosphine en contact direct a interrogé les exportateurs de céréales sur l’avenir de ces flux.
L’Anses, Agence de sécurité sanitaire, a rendu sa décision au mois d’octobre. Elle a décidé qu’à compter du 25 avril, il sera interdit d’exporter des céréales en utilisant de la phosphine en contact direct. La motivation de l’agence de sécurité sanitaire tient aux risques que ce produit comporte pour les salariés qui travaillent dans ces conditions.
L’action du gouvernement
Lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale du 11 avril, Nicolas Forissier, député LR, a interpelé le gouvernement sur le sujet. « La France s’automutile », a déclaré le député. Il a aussi souligné que cette décision peut avoir des impacts pour le monde portuaire. Dans sa réponse, Olivier Becht, ministre du Commerce extérieur, a rappelé que le gouvernement s’attelle à agir d’ici le 25 avril, date couperet. Après une question du député RN Grégoire de Fournas sur le même sujet, Olivier Becht a assuré que « le gouvernement agira et nous vous le prouverons d’ici le 25 avril ».
Un impact pour les exportateurs
Pour les exportateurs de céréales, cette décision a un impact important. En effet, la majorité des pays africains importateurs de céréales imposent la fumigation des céréales par la phosphine en contact direct. La décision de l’Anses pourrait mettre à mal les trafics de céréales vers ces pays et notamment vers les pays du Maghreb.
Une décision politique
Pour sa part, le président du conseil spécialisé de FranceAgriMer, Benoit Piétremont, s’est inquiété de cette décision lors de la réunion mensuelle du conseil. « Nous sommes dans un monde où nous nous auto-censurons. Malgré tout, les dernières déclarations du ministre semblent plutôt rassurantes. » Sans remettre en cause la décision de l’Anses, Benoît Piétremont rappelle que la décision sur la phosphine est politique. Il appartient donc aux politiques de résoudre ce problème.
Une décision qui fera le jeu de la Russie
Sur un plus long terme, si cette décision devait être appliquée à la lettre, c’est toute la filière céréalière française et le trafic portuaire qui serait handicapé. Selon certains, les trafics de céréales françaises pourraient alors s’exporter par d’autres ports européens. En effet, les pays voisins autorisent l’utilisation de la phosphine en contact direct. D’autres, à l’image du président du conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer, « cette décision fera le jeu de pays comme la Russie ».
80% des exportations de blé vers l’Afrique
Pour mémoire, la France a exporté 8,9 Mt de blé à fin mars, soit après neuf mois de campagne. Les pays du Maghreb et d’Afrique subsaharienne représentent 62,1% à 5,5 Mt. Ces pays exigent le traitement par fumigation avec de la phosphine en contact direct. Le Maroc et l’Algérie pèsent 45% de ces volumes. L’Égypte, le Cameroun et la Côte d’Ivoire s’ajoutent à la liste de ces pays qui exigent l’utilisation de la phosphine en contact direct. Sur les neuf premiers mois, ces trois derniers représentent 17% des exportations de blé.