Corridors et logistique

Céréales : la Russie joue sur deux tableaux : la mer Noire et le golfe Persique

Le 18 mai, la Russie a accepté de prolonger l’accord sur les corridors céréaliers au départ des ports ukrainiens. Dans le même temps, Moscou intensifie ses liens avec l’Iran pour créer une nouvelle route pour ses céréales.

Le monde céréalier a été suspendu à la décision de la Russie de signer la prolongation de l’accord céréalier au départ des ports ukrainiens. Après de longues négociations, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a annoncé le 19 mai, la prolongation de l’accord.

Une prolongation de deux mois

Dans une note, le porte-parole du secrétariat général des Nations Unies indique que l’accord (Black Sea Grain initiative – BSGI) est prolongé pour une période de deux mois. Il continuera de s’appliquer jusqu’au 19 juillet. Elle précise aussi que la navigation maritime en sortie des ports ukrainiens sera assurée de façon sûre.

Écouler les blés avant la récolte

De plus, cette note souligne les efforts diplomatiques réalisés par la Turquie pour parvenir à la signature de toutes les parties. Pour sa part, la Russie a mené les discussions jusqu’à la dernière minute pour s’assurer qu’elle pourrait continuer à exporter aussi sa production céréalière ainsi que l’ammoniaque. En effet, avec une production record, la Russie souhaite écouler ses blés avant la prochaine récolte.

La Russie se plaint des effets des sanctions

D’autre part, même si les produits alimentaires ne tombent pas sous les sanctions européennes, la Russie a menacé l’accord en raison de son impossibilité de recevoir des fonds pour la vente de ses céréales. Pour mémoire, les sanctions contre la Russie excluent le pays des transactions bancaires par Swift. Or, sans ce système les banques russes ne peuvent recevoir le prix de la vente de leurs céréales. Encore, la Russie rappelle qu’elle subie des surprimes d’assurances élevées pour les navires qui chargent les céréales dans ses ports.

L’ammoniaque empêché de sortir par l’Ukraine

Enfin, l’ammoniaque russe subi les effets des sanctions. Or, il n’est pas inscrit sur la liste des produits interdits. En effet, l’ammoniaque russe passe par les ports ukrainiens. Il arrive par un pipe-line pour être chargé. Or, selon les représentants russes, l’Ukraine aurait fermé le pipe-line pour empêcher la Russie d’exporter ses produits. Dans sa note, les Nations Unies appellent les deux parties à respecter les termes de l’accord.

Un hub céréalier en Iran

D’un autre côté, la Russie négocie avec l’Iran pour exporter ses produits céréaliers, indique Seanews.ru. Une délégation de la Douma s’est rendue en Iran pour trouver un accord pour bâtir des installations portuaires dans le pays. La délégation de la Douma et le ministère iranien des affaires étrangères ont indiqué avoir évoqué la construction de silos en Iran. L’objectif est de construire soit dans le port de Bandar Abbas soit dans celui de Bandar Homeini un hub céréalier.

Des accords sur le corridor nord-sud

Pour les deux pays, ces installations portuaires en Iran permettraient d’éviter le passage par le canal de Suez et le détroit du Bosphore. Effectivement, en signant la convention sur la mer Caspienne, les deux pays officialisent leur accord sur les conditions de navigation. Par ailleurs, ils ont annoncé avoir discuter de nombreux projets d’infrastructures comme le Corridor Nord-Sud International qui relie les ports iraniens du golfe Persique au réseau ferroviaire de Russie et d’Azerbaïdjan.

Un accord pour construire une voie ferroviaire en Iran

D’ailleurs, le 20 mai, un accord entre Moscow et Téhéran prévoit la construction de la ligne ferroviaire entre Astara (à la frontière entre l’Iran et l’Azerbaïdjan) et Rasht (200 km au sud, sur les bords de la Caspienne), selon Financial Tribune. Ce tronçon sera opérationnel en 2027, indiquent les autorités. Il complètera le corridor international Nord-Sud.