Corridors et logistique

Céréales : les blés ukrainiens perturbent la logistique européenne

Le conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer a dressé un bilan des neuf premiers mois de campagne le 17 mai. Les exportations de blé français sont en progression vers les pays tiers et baissent de façon importante sur l’Union européenne.

Sur les neuf premiers mois de la campagne céréalière, les échanges mondiaux de blé tendre se déroulent dans un marché calme. La mise en place des corridors céréaliers évite une pression forte sur les marchés. Dans son bilan du 17 mai, FranceAgriMer indique que « les mauvaises nouvelles sur les corridors n’ont pas d’effets sur les marchés ». En effet, lors de la présentation de ces données, l’accord céréalier en mer Noire n’avait toujours pas été prolongé.

Des exportations à hauteur de 16,8 Mt

En France, les exportations de blé tendre se stabilisent comparativement à la campagne précédente. En effet, FranceAgriMer prévoit des exportations à hauteur de 16,8 Mt sur la campagne actuelle contre 16,9 Mt lors de la précédente période, soit une diminution de 1%. Les sorties de blé vers les pays tiers devraient progresser de 17% à 10,3 Mt au cours de cette campagne. Une prévision optimiste pour les trafics portuaires français.

La Chine se tourne vers la Russie

Sur les dix premiers mois de campagne, le Maghreb emporte la majorité des expéditions de blés français. Le Maroc demeure le premier pays de destination avec 2,6 Mt, en progression de 100% d’une campagne à l’autre. L’Algérie se place en seconde position avec 1,7 Mt, en hausse de 13,3%. Quant aux expéditions vers la Chine, elles perdent 50% à 1,1 Mt. Une diminution liée à une demande chinoise qui se tourne vers d’autres marchés que le français. En effet, la Chine a trouvé, en Russie, une source d’approvisionnement de ses céréales. L’Empire du milieu profite de prix intéressants des blés russes qui ont bénéficié d’une récolte exceptionnelle.

La Russie, premier exportateur mondial de blé

Sur les marché internationaux, l’Union européenne conserve sa place de second exportateur mondial derrière la Russie. Cette dernière bénéficie d’une récolte 2022 exceptionnelle et donc d’un potentiel exportable de 44,2 Mt. Un chiffre en progression de 40% par rapport à la campagne 21/22. Les premières estimations pour la prochaine récolte table sur une diminution de 21% de production mais une progression de 7,1% des exportations de blé russes pour la campagne 23/24.

La concurrence des blés ukrainiens

Du côté des expéditions de blé français vers l’Union européenne, elles souffrent de la concurrence des produits ukrainiens. En effet, une partie des céréales ukrainiennes entrent en Europe, sans droits de douane, conformément aux dispositions prises par l’UE. Or, l’arrivée de ces produits en Pologne, Hongrie, Slovaquie, Bulgarie et Roumanie n’est pas sans conséquences pour les marchés européens. De ce fait, les productions nationales se retrouvent en concurrence directe avec les céréales ukrainiennes. Outre la baisse des prix dans ces marchés, c’est toute la logistique qui se retrouve perturbée.

Une enveloppe de 100 M€ pour débloquer la situation

Dans ce contexte, les pays frontaliers de l’Ukraine, principalement la Pologne, a décidé de restreindre les importations de céréales ukrainiennes. Les moyens logistiques sont engorgés, ce qui peut avoir des effets importants, notamment à l’approche de la prochaine récolte. La Commission européenne a décidé de débloquer une enveloppe de 100 M€ pour réduire les engorgements et baisser les coûts logistiques.

Les incidences sur les trafics portuaires

Ainsi, les entrées de céréales ukrainiennes sans droits de douane créé une surcapacité sur le marché européen. Il en résulte une baisse de trafic de blé tendre français vers les autres pays de l’UE. Une diminution qui s’estime à 20%, selon FranceAgriMer, à 6,4 Mt. Or, cette baisse de compétitivité des prix des blés français aura des répercussions sur les trafics portuaires. En effet, certains ports, à l’image de Rochefort, réalisent la majorité de leurs expéditions de céréales vers les pays de l’UE. Quant aux principaux pôles portuaires céréaliers, comme Rouen, La Rochelle et Dunkerque, une partie de leur trafic se réalise aussi sur le marché européen.

Baisse des exportations vers le Benelux

À titre d’exemple, sur les dix premiers mois de campagne, les exportations de blé vers la Belgique, les Pays-Bas, l’Espagne et l’Italie ont perdu 31% à 4 Mt. La principale baisse de ces trafics est à mettre au crédit des trafics avec les Pays-Bas qui perdent 38,9% sur ces dix premiers mois à 1,1 Mt. D’un autre côté, les sorties vers la Belgique ressortent à 1,5 Mt, en diminution de 25%, d’une campagne à l’autre.