Conteneurs : la route de la fortune
La publication des résultats financiers des armateurs pour l’année 2022 a commencé. Si les volumes enregistrent des baisses, les chiffres financiers sont en forte progression.
En 2022, la chaîne logistique maritime a connu deux périodes distinctes. Ainsi, au premier semestre, la demande en forte croissance, après les confinements liés à la pandémie, a continué. Néanmoins, au cours de ces six premiers mois, de nombreux ports ont souffert de congestion entraînant des perturbations importantes sur les chaînes logistiques. La seconde partie de l’année a été marquée par une inflation prononcée exacerbée par la crise énergétique liée, en partie, au conflit avec l’Ukraine.
Une baisse de 3,9% des volumes mondiaux
Au total, sur l’année, les premiers chiffres du transport de conteneurs dans le monde s’établissent à 173,6 MEVP, en baisse de 3,9%. Les liaisons est-ouest (Europe-Asie et Transpacifique) ont le plus souffert au cours de cette année. Ainsi, en Europe, les importations ont perdu 7,9% à 24,2 MEVP et aux États-Unis, elles accusent une baisse de 5,5% à 32,5 MEVP. Alors, ces baisses de volumes se sont répercutées sur les opérations des armateurs.
Plus grande résilience des liaisons Nord-Sud
Ainsi, de Mærsk à Hyundai en passant par ONE et le groupe CMA CGM, la baisse de volume est une constante. La plus faible baisse est à mettre au crédit du groupe CMA CGM qui enregistre une diminution de 1,3% de ses volumes. La baisse de trafics conteneurisés s’est surtout marquée au dernier trimestre, note la groupe CMA CGM qui a perdu 7,2% sur les routes Est-Ouest. Pour leur part, « les liaisons Nord-sud ont montré plus de résilience grâce notamment au dynamisme économique continu de certains pays émergents. Enfin les volumes intra régionaux ont à la fois pâti du conflit russo-ukrainien (arrêt des dessertes en Russie) et du manque de capacité en Asie en début d’année. »
Baisse de 10,9% sur l’Est-Ouest
Mærsk procède à la même analyse. Dans son rapport annuel, il dévoile une diminution de 10,9% des volumes transportés sur l’Est-Ouest alors que les flux Nord-Sud ont perdu 5,3%. Les volumes chargés en intrarégional ont accusé un repli de 9,6%. Dans une moindre mesure, Hapag Lloyd indique les mêmes tendances. Ainsi, sur la route Europe-Asie, les volumes ont perdu 1,9% à 2,2 MEVP. De même en Transpacifique, la perte des volumes ont perdu la même valeur à 1,7 MEVP. Sur le transatlantique, les trafics sont en progression de 0,5% à 2,1 MEVP. Au total, Hapag Lloyd perd 0,2% de ses volumes à 11,8 MEVP.
Une hausse des chiffres d’affaires
Si les volumes accusent un repli général chez les plus grands armements, les revenus financiers s’affichent, pour leur part, en hausse. Des augmentations qui varient entre 13% et 51%. Une hausse permise par la hausse importante des taux de fret. Ces derniers ont parfois été multipliés par huit. ONE affiche la plus faible progression en raison de son périmètre. L’armateur publiant ses résultats d’avril à mars, les données concernent les neuf derniers mois de l’année.
Progression à deux chiffres pour l’Ebitda
Quant aux résultats opérationnels, ils s’inscrivent dans la même veine que les chiffres d’affaires. Ils sont tous en progression avec des taux à deux chiffres. Ils bénéficient de la forte progression des taux de fret avec des navires au taux de remplissage plus élevé. Seule la hausse des soutes a quelque peu réduit ces augmentations.
Des taux de fret revenus à la normale
Après cette année exceptionnelle pour les armateurs de conteneurs, 2023 pourrait s’avérer moins réjouissante. Les taux de fret sont revenus à des niveaux d’avant la pandémie. Cependant, le prix des soutes demeure élevé en raison des tensions sur les énergies. De plus, les armateurs s’engagent tous vers la décarbonation. Pour soutenir ce mouvement, les investissements dans de nouveaux modes de propulsion s’intensifient. Néanmoins, en 2022, les armateurs conteneurs ont pu reconstituer leur trésorerie après plusieurs années difficiles avec des taux de fret bas.
Armements | Chiffre d’affaires | Évolution | Ebitda | Évolution | Résultat net | Évolution | Volumes | Évolution |
Mærsk | 64 499 | 51,4% | 33 770 | 57,6% | 29 321 | 62,6% | 23 848 | -8,9% |
CMA CGM | 58 950 | 33,1% | 31 640 | 44,2% | 24 880 ** | 7,0% | 21 740 | -1,3% |
Hapag Lloyd | 34 500 | 54,7% | 19 400 | 78,0% | 17 500 | 86,20% | 11 800 | -0,8% |
ONE* | 24 640 | 13,7% | 14 762 | 15,5% | 13 788 | 18,4% | 8 484 | -8,0% |
HMM | 13 707 | 26,0% | 7 811 | 27,2% | 7 712 | 72,0% | 3 682 | -3,5% |
° ONE publie ses résultats en avril, il s’agit donc des chiffres sur neuf mois
** le résultat net de CMA CGM s’entend pour l’ensemble des activités du groupe