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Port de Rotterdam : en 2022, les conteneurs perdent 5,5%

Le port de Rotterdam a enregistré une baisse de 0,3% de son trafic en 2022. La baisse du trafic conteneurisé n’a pas été compensée par les hausses des vracs.

Après une année 2021 de forte progression (+7,1%), le port de Rotterdam, premier port européen, a chuté en 2022. Une baisse de trafic concentrée sur les marchandises diverses. Le trafic conteneurisé a le plus souffert au cours de cette année.

Une baisse des vracs agricoles

Du côté des vracs secs, les trafics affichent une progression de 1,7% à 80,06 Mt. Les vracs agricoles accusent le coup. Trafic orienté vers les importations, le port de Rotterdam reçoit en grande partie des céréales depuis l’Ukraine. Le conflit avec la Russie a modifié ces courants. De plus, du côté des minerais, la hausse importante des coûts de l’énergie a ralenti la production sidérurgique allemande. De ce fait, Rotterdam a moins importé de matières premières.

Le charbon en progression

Pour compenser ces baisses, les trafics de vracs solides ont pu compter sur le charbon avec une hausse de 17,9% à 28,9 Mt. Les énergéticiens allemands ont préféré cette énergie au gaz devenu trop cher. Ce charbon a changé d’origine. Auparavant importé de Russie, en 2022 il provient des États-Unis, de Colombie, d’Australie et d’Afrique du Sud. Enfin, selon l’autorité portuaire une partie des vracs secs ont opéré un transfert logistique vers la conteneurisation.

Une poussée du pétrole brut

Quant aux vracs liquides, ils affichent une augmentation de 4% à 212,8 Mt. Une hausse poussée par le pétrole brut. Avec 5,9% de croissance à 103,9 Mt, le pétrole brut a bénéficié de deux facteurs : l’utilisation du port de Rotterdam comme un hub, au début de l’année 2022, pour exporter son brut vers l’Inde. Le second facteur a été la fermeture du pipeline Gulfstream. L’Allemagne et la Pologne ont fait transiter leurs approvisionnements pétroliers par le port néerlandais.

Le GNL gagne 63,9%

Dans cette même catégorie, le GNL a connu une croissance surprenante. Avec une progression de 63,9% à 11,4 Mt, le gaz est entré en Europe par voie maritime plutôt que par le pipeline russe. Ainsi, 30% du GNL arrivé au port de Rotterdam provenait des États-Unis. Ensuite, les autres produits liquides ont vu leur trafic augmenter de 15,3% à 38,4 Mt. Une croissance qui s’explique par le transfert d’une partie des trafics chimiques depuis des conteneurs vers des navires citernes, en raison des taux de fret des conteneurs. Ensuite, les acheteurs ont constitué des stocks importants pour éviter les perturbations de production en raison d’une logistique parfois hasardeuse. Enfin, le bioéthanol et d’autres produits renouvelables ont enregistré un bon score au cours de l’année passée.

Conteneurs: baisse en tonnage et en nombre

La dernière catégorie de trafic, les marchandises diverses, enregistrent une progression de 12,8% à 34,8 Mt. Une hausse si nous sortons le trafic conteneurisé de cette partie. En effet, en tonnage les conteneurs ont perdu 9,6% à 139,6 Mt. En nombre, la baisse s’atténue avec une diminution de 5,5% à 14,4 MEVP. Le port de Rotterdam est revenu au même niveau qu’en 2020, en pleine pandémie. Cette baisse, indique l’autorité portuaire, tient aux confinements et aux perturbations logistiques dans de nombreuses régions du monde et une forte demande. Dans ce contexte, les transbordements sont partis vers d’autres ports moins encombrés.

La Russie, 1,2 MEVP avant la crise

De plus, le conflit en Ukraine et les sanctions contre la Russie ont pesé. En effet, le trafic conteneurisé avec la Russie pesait 8%, soit plus d e1,2 MEVP par an. Des flux qui ont totalement disparu en 2022. Ajouté à ces éléments l’inflation qui a marqué l’économie européenne au dernier trimestre avec une baisse de la consommation, et le trafic conteneurisé s’est effrité.

Reprise du roulier

Malheureux dans la conteneurisation mais plutôt heureux pour les autres composantes des marchandises diverses. En effet, le roulier a progressé de 13,5%. Après le surstockage opéré dans la période précédant le Brexit en 2020, le roulier a enregistré en 2021 une forte baisse. En 2022, le trafic est revenu à des niveaux d’avant la pandémie et le Brexit. Quant aux autres marchandises diverses, elles progressent de 10,5% à 7,6 Mt, portées par les importations d’acier et de métaux non ferreux. De plus, des trafics de diverses qui avaient opéré un transfert vers les conteneurs sont revenus à utiliser des navires multipurposes en raison de la hausse importante des taux de fret conteneurisés.

Une baisse attendue pour 2023

Les années peuvent se suivre et se ressembler, prévient l’autorité portuaire. L’inflation, l’économie néerlandaise et européenne, la situation géopolitique incertaine amènent les dirigeants du port de Rotterdam à être pessimistes. Ils tablent sur une nouvelle baisse du trafic en 2023.