Continent américain : la croissance des trafics profite au sud
Ricardo J. Sanchez, professeur à l’Université de Bogota, publie un rapport sur l’activité portuaire dans les Amériques au premier semestre. Si les trafics peinent à retrouver leur volume d’avant la pandémie dans certaines régions, des signes positifs apparaissent.
Le monde portuaire suit l’activité économique. Or, selon les derniers rapports de l’Organisation mondiale du commerce, les échanges de marchandises seraient de 1,7% en 2023 contre 2,7% en 2022. Dans ces conditions, l’activité portuaire porte les conséquences sur les résultats de ses trafics.
Des croissances à géométrie variable
Cette analyse de Ricardo J. Sanchez, dans une étude publiée par PortEconomics, se décline sur tous les trafics portuaires. Elle est encore plus criante pour les ports conteneurisés. Pour nuancer cette démonstration, Ricardo J. Sanchez rappelle « qu’il n’y a pas de traduction automatique entre l’activité portuaire, le commerce et l’activité économique. En effet, le niveau précédent des stocks agit comme un tampon dans la chaîne d’approvisionnement. Alors, si ce niveau est positif, il réagit aux changements de la demande provenant de la consommation ou de la production. » Alors, la reconquête des marchés est en route. Néanmoins, selon les pays et les régions, la croissance se fait à géométrie variable.
Des baisses de plus de 20%
Pour décliner ce raisonnement sur l’industrie portuaire américaine, de l’Alaska à Ushuaïa, il est clair que sur le premier semestre 2023, l’industrie portuaire souffre. En effet, seuls les ports du Pérou, du Brésil, Baltimore et Houston affichent des progressions. De l’autre côté du graphique, Los Angeles, Long Beach et New York terminent le premier semestre avec des baisses de plus de 20%. Pour le professeur de l’Université de Bogota, il convient aussi de comparer les chiffres de ce premier semestre avec ceux d’avant la pandémie.
Un premier semestre encourageant pour certains
Ainsi, comparativement à 2019, 16 ports et ensemble portuaire national, comme le Panama, le Mexique ou encore le Pérou, affichent des trafics semestriels en progression en 2023. Est-ce à dire que les effets de la pandémie ont disparu en Amérique ? La réponse n’est pas uniforme. Et Ricardo J. Sanchez rappelle que « l’incertitude et la volatilité sont devenues partie intégrante de la normalité en raison d’une succession de crises ». Ainsi, depuis 2020, le monde vit au gré des crises climatiques, financières et géopolitiques.
Une analyse par pays et région
Sans sombrer dans le pessimisme ni un optimisme démesuré, l’auteur détaille les tendances par zone géographique. Il choisit de présenter les évolutions pour des pays comme le Mexique, le Panama mais aussi les sous-régions comme la côte occidentale d’Amérique du Sud et la côte Est des États-Unis. Cet échantillon pourrait être encore plus détaillé. « La même analyse peut être effectuée pour chaque terminal, port, pays ou différentes zones d’intérêt. »
Mexique : une tendance favorable
Alors, les ports du Mexique montrent une contraction de 4% de leur trafic au premier semestre 2023. Cependant, les trafics demeurent supérieurs à la période prépandémique. Autre signe encourageant, la croissance des trafics portuaires sur la fin du semestre est supérieure à la moyenne des six mois. « Cela pourrait indiquer une tendance encore plus favorable », en conclu Ricardo J. Sanchez.
Amérique du Nord : l’ouest souffre, l’est se redresse
La situation de la côte ouest de l’Amérique du Nord (Canada et États-Unis) reste plus préoccupante. Les trafics perdent parfois jusqu’à plus de 20% sur le semestre. Bien plus, ils sont en retrait par rapport à 2019. L’auteur se veut optimiste pour ces ports en soulignant que « la fin du semestre montre déjà une croissance, peut-être un indicateur d’un changement de tendance. » Une baisse à l’ouest et une progression pour les ports de la côte Est. En effet, les trafics se redressent sur la côte est comparativement à 2019. Sur le semestre, si la tendance est à la progression, les chiffres du mois de juin restent au même niveau que ceux de la côte ouest.
Amérique du Sud : des progressions inégales
En Amérique du Sud, sur la côte est du continent, le trafic portuaire progresse. De plus, constate l’auteur, la croissance s’accélère sur la fin du semestre. Un point positif qu’il faut nuancer par une analyse plus détaillée par pays. Ainsi, au Brésil, le trafic progresse au premier semestre mais aussi par rapport à la période prépandémique d’environ 10%. A contrario, le port de Buenos Aires peine à retrouver ses trafics. Sur le premier semestre, le port argentin perd 10%. Quant au port de Montevideo, en Uruguay, il affiche une croissance de 49% de son trafic sur le premier semestre comparativement à la situation de 2019. Sur la côte ouest de l’Amérique du Sud, les ports chiliens souffrent. Ils peinent à regagner les trafics de 2022, voire de 2019. Pour leur part, les ports péruviens donnent des résultats en nette progression sur le semestre tant par rapport à 2022 que 2019.