Politique

Greenpeace met en doute l’intérêt d’un FSRU au Havre

À quelques semaines de l’arrivée du FSRU au port du Havre, Greenpeace publie un rapport sur l’utilité de ce terminal méthanier flottant. La France dispose déjà de nombreux terminaux méthaniers sur son territoire.

Le conflit en Ukraine a perturbé l’approvisionnement européen en gaz. La Russie assure depuis plusieurs décennies l’Europe en GNL. Face à la crise, l’Europe a pris des mesures d’urgence pour assurer le remplissage des stocks avant l’hiver.

Étendre la capacité de réception du GNL en France

Dans ce contexte, la direction d’Haropa a décidé, à l’été 2022, de favoriser l’installation d’un FSRU sur le site d’Antifer, au Havre. Pour la direction du port, il s’agit avant tout d’étendre la capacité nationale à recevoir du GNL. En effet, il existe déjà en France plusieurs terminaux méthaniers. Dans les GPM de Dunkerque, Nantes Saint-Nazaire, Marseille-Fos, plusieurs terminaux existent. Bien plus, ils sont en cours d’extension. La question s’est posée au cours des derniers mois de l’utilité de ce nouveau terminal flottant. En effet, à l’automne, les stocks de GNL ont affiché un plein à 90%.

Le FSRU, la traduction des choix politiques français inconséquents

Face à ce développement, Greenpeace a pris le temps du recul. L’organisation a publié un rapport accablant sur l’utilité de ce terminal méthanier flottant. Pour Greenpeace, « le terminal méthanier du Havre est une traduction concrète des choix politiques inconséquents de la France en matière d’énergie. Il est révélateur de la façon dont le gouvernement prend ses décisions, choisissant d’écouter les lobbies du gaz plutôt que la science du climat », indique le rapport de Greenpeace.

L’intérêt pour TotalEnergies

Bien plus, le rapport souligne l’intérêt de TotalEnergies. « Comme l’assure le groupe pétro-gazier lui-même, il est le premier acteur en termes de capacité de regazéification en Europe. Par conséquent, plus la demande en GNL croît — et donc, les prix — plus la situation est intéressante pour TotalEnergies, qui peut écouler son gaz avec une marge profitable en Europe », indique le texte de Greenpeace.

Le poids du gaz de schiste

De plus, Greenpeace souligne que la majorité du GNL importé en France depuis les États-Unis se compose de gaz de schiste. Ce choix stratégique implique que « la France assume son indifférence aux conséquences de sa politique énergétique sur le climat et la santé publique des populations riveraines des sites d’extraction. » Une attitude hypocrite puisque la France a interdit, en 2011, la technique de fracturation hydraulique.

Huit terminaux en construction

Le contexte gazier européen est en plein développement. Selon Greenpeace, « huit terminaux de gaz liquéfié sont en construction en Europe et 38 autres ont été proposés. Ces installations de nouveaux terminaux méthaniers, ou extensions de terminaux existants, concernent notamment les voisins européens de la France. » Ainsi, le besoin d’une nouvelle unité au Havre ne se justifie pas.

Démontrer de la pertinence de l’arrivée du FSRU

Face à ce constat, Greenpeace demande des comptes au gouvernement sur le choix de l’installation du FSRU. Il doit « démontrer avec des données sourcées et chiffrées qu’il s’agissait véritablement de la meilleure option disponible. » À défaut, l’organisation environnementaliste demande l’annulation du décret du 13 mars, relatif à la mise en service du FSRU.