Politique

La Feport inquiète des conséquences de la directive sur les crédits carbone

La Feport a tenu son assemblée générale le 23 novembre à Anvers. L’occasion pour l’organisation européenne des opérateurs privés des ports de revenir sur les conséquences de l’entrée en vigueur de la directive ETS (Système d’échange de quotas d’émission).

Lors de son assemblée générale annuelle, la Feport analyse les conséquences de la politique européenne pour les opérateurs privés portuaires. Cette année, la Feport a réuni ses membres à Anvers. Elle est revenue sur les risques de détournement de trafic liés à l’entrée en vigueur de la directive ETS (SEQE, en français pour Système d’échange de quotas d’émission).

Des mesures insuffisantes

Face à ce risque, la Commission européenne propose des mesures de compensation. Elle prévoit un suivi et une possibilité de révision de cette règlementation. Pour le président de la Feport, Gunther Bonz, ces propositions ne sont pas suffisantes. « Nous avons besoin d’une véritable étude concernant l’impact du système d’échange de quotas d’émission sur les ports de l’UE. L’étude est à mener maintenant. Dans deux ans, il sera trop tard. Les marchandises auront définitivement quitté certains ports de l’UE », s’insurge le président de la Feport.

L’absence de prise en compte des ports par l’Europe

Pour les membres de la Feport, le SEQE peut inciter les opérateurs logistiques à transborder leurs marchandises dans des ports non européens pour réduire la facture des quotas d’émission de CO2. Le risque de voir des trafics échapper aux terminaux européens est grand. Par conséquent, le président de la Feport regrette que « les ports n’aient pas été pris en compte par la Commission européenne lorsque le système d’échange de quotas d’émission a été discuté. De plus, les risques réels de détournement de trafic n’ont pas été réellement évalués. »

Une perte de compétitivité et d’attractivité

Dans ce contexte, les terminaux portuaires européens peuvent perdre de leur compétitivité et de leur attractivité pour les armements « qui n’ont pas l’intention de répercuter les coûts supplémentaires sur leurs clients et qui font appel à des ports extracommunautaires ». Alors, la conclusion s’impose pour Gunther Bonz. « Ce n’était pas l’objectif des décideurs politiques de l’UE, mais c’est le résultat. Le temps presse pour les ports européens. »

Un risque partagé par les autorités portuaires

Et, ce risque, les autorités portuaires le ressentent aussi. L’autorité portuaire d’Algésiras a demandé l’inscription sur la liste en annexe de la directive de ports comme Tanger Med et East Port Saïd en Égypte. En Europe du Nord, les ports du Royaume-Uni peuvent aussi constituer un risque pour les ports européens. Face à la menace, la Feport souhaite qu’une étude soit immédiatement effectuée. Elle doit mener « une évaluation continue en temps réel de l’impact de ce système. Les termes de référence de l’étude devraient prendre en compte toutes les solutions actuellement proposées par les différents acteurs portuaires pour éviter le détournement des cargaisons », demande le président de la Feport.