Les Assises du Port du Futur : la réindustrialisation portuaire au menu
Les Assises du Port du Futur se dérouleront du 25 au 27 octobre à Sète. Ce congrès qui rassemble les acteurs portuaires sera couplé cette année avec les journées méditerranéennes de l’AIPCN.
Après Lorient, les Assises du Port du Futur se dirigent vers la Méditerranée. Elles se tiennent du 25 au 27 octobre à Sète. Organisées par le Cerema, ces assises reçoivent cette année les journées méditerranéennes de l’AIPCN. Les journées méditerranéennes organisées par l’AIPCN France, qui ont une dimension internationale et traitent de questions techniques relatives aux infrastructures maritimes et fluviales.
La stratégie portuaire nationale
Pour ces 13èmes Assises le thème central choisi vise à revenir sur la stratégie portuaire nationale, élaborée lors du Cimer du 22 janvier 2021. Ainsi, pour commencer la conférence, Sébastien Dupray, directeur de la direction technique Risques, eaux, mer du Cerema, est revenu sur ce thème. En effet, cette stratégie vise à la reconquête des trafics portuaires. Elle consacre aussi un volet à la transition environnementale et l’adaptation aux changements climatiques.
Le port de Sète recouvre les quatre axes
Et pour aller plus loin, Nicolas Trift, sous-directeur des ports et du transport fluvial à la DGITM, a rappelé les quatre axes principaux de cette stratégie :
- La compétitivité des ports pour reprendre des trafics ;
- La transition écologique ;
- La transition numérique ;
- La valeur ajoutée lors du passage portuaire.
Et pour le responsable de la DGITM, le port de Sète recouvre l’ensemble de ces quatre axes de la stratégie. « Nous sommes dans la même situation que dans les années 50. Au cours de ces années, l’objectif des ports a été de jouer le rôle de porte d’entrée des énergies fossiles. Aujourd’hui, la décarbonation passe par les ports. » Pour Nicolas Trift, ce mouvement de décarbonation est engagé. Il se traduit par une stratégie pour la réindustrialisation.
Repenser les ports par façade
D’une part, il existe un enjeu sur l’éolien flottant et offshore. « Cela signifie de repenser les ports non plus individuellement mais plutôt par façade », continue Nicolas Trift. « Le développement de l’éolien est une révolution comme l’a été le nucléaire dans les années 50 », abonde Sébastien Dupray. Et pour y arriver, les ports doivent disposer de foncier. Le besoin est mesuré en dizaines d’hectares nécessaires avec des quais lourds. « Le développement des énergies marines renouvelables est un enjeu de la réindustrialisation des ports », confirme le directeur du Cerema.
Un besoin de 1Md€ pour la prochaine décennie
Les investissements réalisés, à hauteur de 690 M€, doivent se maintenir. Selon une étude du Cerema, la France doit investir 1Md€ dans la décennie pour répondre aux besoins. L’objectif de ce développement vise à la mise à l’eau d’un flotteur par semaine, soit 40 flotteurs par an. Aujourd’hui, le rythme est d’un flotteur par trimestre. Aucun pays d’Europe n’est actuellement capable de réaliser cette cadence, ni même en Asie, soulignent les responsables du Cerema. Alors, penser cette activité en associant grands ports maritimes et ports régionaux peut permettre à la France de gagner ce pari.
Intégrer les principes de la loi ZAN
La réindustrialisation des ports doit néanmoins se faire en regard de la loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette). Ce texte prévoit de réduire les risques d’artificialisation des terrains, protéger la biodiversité par une compensation et l’implantation de nouvelles industries. Nicolas Trift explique que ce texte anticipe les futurs grands projets portuaires. « Il ne s’agit pas de s’opposer à ces projets mais plutôt de les accompagner par une planification écologique », continue le sous-directeur de la DGITM.
Le port de Sète a commencé sa transition écologique dans les années 80
Dans ces conditions, il s’agit de faire cohabiter écologie et économie. Et olivier Carmes, directeur général du port de Sète de rappeler que le port répond à une demande. « Nous avons commencé notre transition énergétique depuis les années 80. Les produits pétroliers représentent aujourd’hui 15% de nos trafics contre 80% dans les années 80. Pour continuer dans cette voie, la règlementation doit nous accompagner et pas nous contraindre. »
Les trafics, corollaire indispensable à la réindustrialisation
Parce que dans la réindustrialisation des ports se pose aussi la question des trafics. Implanter des usines sans y attacher une croissance de trafics n’est pas concevable, pour le sous-directeur des ports. Alors la réindustrialisation passe aussi par un exercice de planification pour déterminer les emplacements des industries et des services logistiques. L’heure est venue d’optimiser cette question en réfléchissant. Alors, la réindustrialisation des ports passe par une phase de planification et de réflexion sur la coopération interportuaire. Sans le dire, le fameux « chasser en meute » revient sur le devant de la scène.
Les Assises du Port du Futur sont un événement payant. Pour participer à ces journées, il convient de s’inscrire en suivant ce lien.