Marché du bois: la logistique joue les trouble-fêtes
Après une année en progression, les échanges de bois tropicaux s’atténuent sur le premier trimestre, selon ITTO. Du côté logistique, des difficultés demeurent.
Le marché des bois s’inscrit dans la tendance générale économique. Dans la dernière édition de sa newsletter, l’ITTO (International Tropical Timber Organization) rapporte des baisses dans certains segments de ce marché.
Baisse de 16% des bois tropicaux
En effet, les douanes chinoises indiquent une baisse de 8% en valeur des importations de bois sciés au cours du premier trimestre. Une tendance qui s’inscrit dans un contexte d’augmentation du prix moyen du m3 à 254$. Dans le même temps, les volumes sont en hausse de 3% à 6,5 Mm3. Ces chiffres concernent l’ensemble des bois sciés importés. Or, l’analyse démontre que les bois tropicaux sciés affichent une diminution de 16% à 1,3 Mm3.
Des effets pour les exportateurs gabonais
Globalement, cette diminution des approvisionnements tient à la baisse des commandes dans le bâtiment. Ainsi, pour les importateurs de l’Empire du milieu, la situation change. Parmi les principaux importateurs chinois de bois tropicaux se retrouvent la Thaïlande, les Philippines et le Gabon. Ces trois pays subissent les effets de ces baisses de commande.
L’UE ralenti ses approvisionnements
De son côté, l’Union européenne s’inscrit dans la même tendance. Effectivement, ses importations de bois tropicaux ont perdu 12% à 427 000 t, indique la lettre de l’ITTO. Cependant, les volumes importés en Europe enregistrent une progression de 3,1% en volume par rapport au dernier trimestre 2022. Pour mémoire, le premier semestre 2022 a cumulé des chiffres records sur la dernière décennie. Néanmoins, les volumes de bois tropicaux importés en Europe s’inscrivent en-dessous de la moyenne trimestrielle des dix dernières années. L’explication de cette tendance tient aux stocks réalisés l’année dernière. Les acheteurs ont acheté en masse sur le premier semestre. Avec l’inflation et la hausse des prix, la consommation s’est ralentie en fin d’année. Sur le premier trimestre de cette année, les incertitudes demeurent. Ainsi, la consommation peine à reprendre.
La logistique accroît les perturbations de marché
Dans un contexte de marché difficile, la logistique est venue accroître ces perturbations. D’une part, au Gabon et au Congo, les conditions climatiques liées à la saison des pluies compliquent les opérations. La coupe mais aussi les opérations de transport depuis les lieux de production vers les ports accusent du retard. Pourtant, la logistique semble s’améliorer en Afrique de l’Ouest. En effet, selon la lettre de l’ITTO, le transport ferroviaire au Gabon, au Congo et au Cameroun fonctionne normalement. « Aucun déraillement n’est à signaler au cours des dernières semaines », indique l’ITTO. Au mois d’avril, le Congo et le Gabon ont souffert d’incidents techniques sur les voies ferroviaires, entraînant de lourds retards. L’arrivée de six locomotives pour la Setrag, société d’exploitation ferroviaire gabonaise, permet d’entrevoir une amélioration. Or, à ce jour, les opérateurs forestiers ne savent pas si ces engins seront affectés au transport de bois ou d’autres opérations, nous a confié un professionnel. Quant au Cameroun, il souffre d’un problème d’approvisionnement en carburant. Des manques qui handicapent les opérations logistiques.
Les certificats CITES bloquent les marchandises
Cependant, continue l’ITTO, l’industrie forestière est confrontée à des défis importants en raison des délais dans le transport des grumes ainsi qu’une hausse importante des taux de fret. D’autre part, les exportateurs gabonais ont soulevé la question des certificats CITES. Il s’agit de permis d’exporter. À ces documents s’ajoute les autorisations d’importer que les acheteurs doivent demander. Une documentation qui va jusqu’à bloquer des lots dans le port d’arrivée, notamment à Anvers, se plaignent les exportateurs africains. Selon l’ITTO, l’attente pour délivrer ces documents peut s’élever à une semaine contre trois jours auparavant.
Un problème dans les ports de départ
Pour les professionnels européens, il s’agit surtout d’un souci au port de départ. Sans les certificats CITES et les autorisations d’importer, les bois ne peuvent quitter le pays de départ. La seule exception est à mettre au crédit des bois abattus avant la décision de la COP de Panama de novembre 2022. Si ces bois ont été embarqués avant la date d’entrée en vigueur des décisions de la COP, à savoir le 24 février, ils ne sont pas soumis à obligation d’un permis CITES ni à l’export, ni à l’import. Mais, pour s’assurer que les bois entrent dans cette catégorie, il est nécessaire d’apporter la preuve de cette réalité. Alors, « il se peut que les bois soient bloqués en attendant plus de précisions ou bien qu’une décision soit prise par les autorités CITES Belgique », nous a indiqué un professionnel européen.
Une offre maritime peu concurrentielle
Enfin, les producteurs ouest africains s’inquiètent du manque d’offre maritime. L’ITTO rapporte que ces opérateurs souffrent d’un manque de concurrence sur ce secteur. Seuls deux armements, Grimaldi et Bocs, desservent l’Europe pour ces trafics de produits forestiers. Les producteurs soulignent que sans aliments dans les ports de Douala et de Bata, les armements annulent les escales au Gabon, indique l’ITTO. Pour les responsables de l’ATIBT, la logistique en Afrique de l’Ouest souffre surtout d’un problème de tirant d’eau de certains ports, de la disponibilité de conteneurs et des dessertes terrestres. Les perturbations issues de la pandémie ne sont pas résolues dans toutes les oéprations.