Ports

Manutentionnaires : Les revenus progressent plus que les volumes en 2022

Les manutentionnaires ont souffert en 2022 avec les perturbations logistiques et la congestion portuaire. Ils ont su faire preuve de résilience. Les trafics s’inscrivent plutôt à la baisse quand les chiffres d’affaires progressent plus vite.

En 2022, les principales routes maritimes conteneurisées depuis l’Asie, l’Europe et l’Amérique du Nord ont enregistré des baisses de trafic. Ainsi, depuis l’Extrême Orient, la diminution de trafic atteint 6,2% à 75,9 MEVP, selon les statistiques de Container Trade Statistics. L’Europe s’inscrit dans la même veine avec une diminution de 6,9% à 45,1 MEVP en import et export. Quant à l’Amérique du Nord, elle perd 4,9% à 46,1 MEVP.

Des volumes manutentionnés stables

Contrairement aux volumes échangés, le nombre de conteneurs manutentionnés dans les ports a été stable. Selon le rapport annuel de DP World, les ports ont traité 859,2 MEVP en 2022. Un niveau de trafic équivalent à celui de 2021. La situation économique mondiale a été marquée, en 2022, par un premier semestre encore sous l’effet de la politique « Zéro Covid » en Chine. Une décision gouvernementale qui a ralenti la croissance économique.

L’impact du conflit en Ukraine

De plus, en Europe et aux États-Unis, des mouvements sociaux ont marqué les ports. Ajoutés à ces différents éléments conjoncturels, l’ouverture du conflit entre la Russie et l’Ukraine le 23 février a changé la donne. Il a impacté des chaînes logistiques. De plus, ce conflit a créé des incertitudes et entraîné le retour d’une inflation importante. Pour les consommateurs des cinq continents, la conséquence a été de moins consommé.

Une hausse des trafics

Dans ces conditions, il apparaîtrait logique de voir les résultats des opérateurs de manutention se stabiliser, voire baisser. Or, il n’en a rien été. En effet, les principaux manutentionnaires de terminaux à conteneurs dans le monde affichent des progressions de trafic. Des hausses qui ont été différentes selon les opérateurs. Ainsi, la plus forte augmentation de trafic est à mettre au profit du groupe philippin, Ictsi qui enregistre une hausse de 9% à 12,2 MEVP. Le premier groupe de manutention dans le monde reste China Merchants avec un volume de 145,9 MEVP, en progression de 7%.

Les perturbations logistiques affectent les volumes

Du côté des baisses, Hutchison Ports Holding et PSA (Port of Singapore) peinent en 2022. Le premier a perdu 4% à 84,8 MEVP. Des baisses que le groupe de Hong Kong attribue à la baisse des trafics en Europe et aux États-Unis. Les perturbations logistiques, notamment en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas ont affecté les volumes en 2022. Quant au groupe de Singapour, il enregistre des baisses de trafic tant sur son territoire qu’à l’international.

China Merchants profite de la croissance de trafic en Chine

Quant à la politique chinoise de lutte contre le Covid, le confinement de régions, voire de villes comme Shanghai, a créé des perturbations importantes dans les ports de départ et d’arrivée entre la Chine, l’Europe et les États-Unis. Une situation qui se décline sur les résultats des opérateurs. Selon les chiffres publiés par le ministère du commerce extérieur chinois, le trafic conteneurisé des ports chinois s’élève à 296 MEVP, en hausse de 4,7%. Pour China Merchants, cette hausse de trafic s’est répercutée dans ses chiffres. Pour sa part, Cosco Ports n’a pas suivi. En effet, les terminaux chinois du groupe perdent 0,9%. Ce sont les opérations à l’international qui compensent les pertes. Il s’agit principalement de ses terminaux de Zeebrugge et d’Abu Dhabi.

Des hausses plus fortes des chiffres d’affaires

A contrario, les chiffres d’affaires des manutentionnaires enregistrent pour leur part des croissances. En effet, les taux de progressions ne sont pas en adéquation avec les chiffres des volumes. À titre d’exemple, la progression de volume de DP World s’élève à 1,5% quand son chiffre d’affaires progresse de 58,9%. Plus marquant encore, PSA voit ses revenus progresser de 71,2% quand les volumes perdent 0,7%.

Les gains réalisés sur les frais de stationnement

Une dichotomie qui tient aux perturbations logistiques, indique APM Terminals dans son rapport annuel. « Les congestions et, par voie de conséquence, les gains réalisés sur les temps de stationnement ont eu un effet positif sur les revenus du groupe pendant les trois premiers trimestres. Au dernier trimestre, la situation dans les terminaux de la côte ouest des États-Unis est revenue à la normale, réduisant les gains de stationnement. Cependant, il est resté des points de perturbations importants comme à New-York. »

Le rachat de Bolloré Africa Logistics

Enfin, en 2022, l’année aura été marquée par la cession des actifs de Bolloré Africa Logistics au groupe MSC. En cédant ses activités portuaires en Afrique, au Timor et en Inde, le groupe français s’est définitivement retiré du monde portuaire. Rappelons que le groupe de Puteaux a vendu ses actifs en France en 2019. En acquérant les positions de Bolloré en Afrique, MSC, et sa filiale Terminal Investment Limited, se hisse dans les principaux groupes de manutention.

Les couteaux suisses de la logistique portuaire

Le monde de la manutention est aujourd’hui entre les mains d’opérateurs intégrés. Ainsi, DP World étend ses activités vers l’armement après la reprise de Unifeeder et Transworld. Dans le même ordre d’idée, le groupe CMA CGM a étendu son réseau de terminaux en reprenant un terminal à Los Angeles. Alors, les groupes proposent des activités d’armement, de manutentionnaire et aussi de commissionnaires. Il ne s’agit plus d’être manutentionnaire ou armateur mais plutôt un couteau suisse de la logistique portuaire et maritime.