Marchés : le rebond tant attendu est enfin arrivé pour les vracs
Tant pour les vracs secs que les vracs liquides, le rebond tant attendu depuis le début de l’année se produit. La hausse des taux de fret sur cette dernière semaine ne doit pas cacher la fragilité des marchés.
La semaine a démarré sur une tendance négative. Le Baltic Dry Index a commencé la semaine dans une mauvaise passe. La hausse est intervenue en fin de semaine. La progression de 247 points en une journée permet de franchir la barre des 2000 points à 2102 points en fin de semaine.
Une hausse de 78% pour les Capesize
L’analyse plus détaillée montre une progression de 78% pour les navires Capesize depuis le début du mois de novembre, indique le courtier Xclusiv. Du côté des Panamax, la hausse de l’indice s’inscrit dans une proportion plus faible. Néanmoins, depuis le début du mois de novembre, les Panamax progressent de 43%. Pour les navires de plus petite taille, comme les Supramax et les Handysize, leur progression affiche des taux à deux chiffres, même s’ils restent à des niveaux inférieurs.
Le politique chinoise dynamise le secteur des vracs secs
Pour les opérateurs du marché, ce regain d’intérêt pour les navires de vrac sec intervient comme un cadeau de Saint Nicolas. Le courtier de fret Xclusiv attribue cette « soudaine hausse » à la politique chinoise d’investir dans son économie, notamment dans l’immobilier. En effet, il sollicite les banques locales et internationales d’investir dans la construction. Et pour confirmer cette politique, Pékin veut développer son tissu urbain mais aussi étendre les villes sur les terres rurales.
Afrique du Sud : une centaine de navires en attente
Alors, pour soutenir cette stratégie, la Chine doit produire de l’acier en plus du béton. Or, les stocks de minerais de fer sont au plus bas. Pour alimenter la soif chinoise, les importations de minerais sont en forte progression pour reconstituer les stocks. L’autre élément expliquant la bonne tenue du marché des vracs secs est à voir du côté de l’Afrique du Sud. Le pays connaît actuellement des perturbations dans ses ports. Selon les différentes sources, une centaine de navires patiente au large du pays.
Le canal de Panama : l’effet papillon pour les vracs secs
Enfin, le troisième facteur de progression de ce marché tient aux conditions de transit du canal de Panama. L’autorité de la voie maritime restreint le nombre de passage. « Le nombre de passage est limité à 18 navires par jour. Il s’agit principalement de porte-conteneurs et de méthaniers », précise Xclusiv. Face au prix de passage, des opérateurs préfèrent allonger le temps de transport en empruntant la route par le détroit de Magellan. Alors, avec un plus long voyage, le nombre de navires disponibles diminue. Xclusiv cite le chiffre de 4 M$ pour le franchissement du canal pour un navire. Le benchmarking entre Panama et le détroit de Magellan prend tout son sens.
Vracs liquides : l’hiver donne un coup d’accélérateur
Dans le même ordre d’idée, le marché des vracs liquides suit la tendance des vracs secs. La logique économique prévaut dans ce marché. En effet, avec l’arrivée de l’hiver, les opérateurs européens reconstituent leurs stocks. Dans ce contexte, les stocks de diesel dans les ports d’Anvers-Rotterdam-Amsterdam perdent 39 000 t à 1,6 Mt. « Les stocks sont au plus bas depuis octobre 2022 », souligne le courtier grec Intermodal. Alors, pour faire face à la situation, les importateurs s’activent, notamment en Allemagne. Des produits qui proviennent principalement des pays du golfe persique.
La baisse des exportations américaines
De plus, continue le courtier grec, la progression des taux de fret dans le monde pétrolier est exacerbée par une baisse des exportations américaines. Les expéditions depuis le golfe du Mexique se réalisent principalement avec des navires de type MR (Medium Range). Or, cette catégorie de navires enregistre des progressions notamment en raison des temps d’attente pour le franchissement du canal de Panama. Ainsi, il est difficile pour ces navires de se repositionner entre le bassin Atlantique et Pacifique au gré de la demande.
Un marché dynamique en Atlantique mais faible sur l’Afrique de l’Ouest
Un contexte qui favorise les armements. Le courtier Intermodal note une progression de 215% pour un affrètement à temps d’un navire MR en « round trip » en Atlantique depuis octobre 2022. Dans le même temps, ce type de navire ne dispose pas d’une demande suffisante au départ du nord-ouest de l’Europe et sur l’Afrique de l’Ouest. Il pâti de la faible demande américaine dont les stocks sont au plus haut en raison de l’absence d’expéditions.
3 Mt supplémentaires de vracs liquides pour les opérateurs chinois
D’un autre côté, ce marché va trouver en Chine une source de progression. Les opérateurs privés en Chine bénéficient d’une autorisation pour importer 3 Mt supplémentaires, portant les importations de pétrole à 19,2 Mt en 2023. « Une décision qui impactera positivement le marché dans le bassin du Pacifique ». Quant à l’avenir, il s’annonce sous des cieux cléments. Un carnet de commande pour les MR faible, le taux d’occupation des chantiers et les perturbations du canal de Panama laissent espérer des années de croissance, conclu Intermodal.