Marchés : les petits vraquiers dans une situation difficile
Dans son dernier rapport hebdomadaire, le courtier ISM dresse un état des lieux de la situation des petits vraquiers. Le pessimisme règne partout en Europe avec, en plus, des taux en chute libre en sortie d’Ukraine.
Le dernier rapport hebdomadaire du courtier en affrètement ISM constate une dégradation des marchés pour les petits vraquiers. Pourtant, la période de novembre est traditionnellement active. Or, « la situation empire pour les armateurs de navires de petit tonnage notamment en mer Noire et en Méditerranée. Et cela dure pour la troisième semaine consécutive. » Bien pire, les trafics en sortie des ports européens, de Turquie et d’Afrique du Nord affichent des baisses au cours des derniers jours.
Une demande faible en sortie des ports ukrainiens
Et cette situation se décline aussi dans les ports ukrainiens. Les taux de fret affichent des baisses importantes. Selon ISM, le marché souffre d’une demande faible en sortie des ports danubiens. Une attente plus réduite au niveau du delta du Danube implique un nombre plus élevé de navires en attente. Et pour appuyer ses dires, le courtier cite un négociant en engrais qui constate « un nombre important de navires en attente en mer Noire et en mer de Marmara, prêts à naviguer à vide vers les ports de la Méditerranée orientale. »
43$/t pour un voyage de Reni vers l’Égypte
Dans ces conditions, les taux de fret perdent entre 7$ et 9$/t depuis les ports ukrainiens avec un faible tirant d’eau. Les ports de mer Noire avec un tirant d’eau plus grand affichent des baisses entre 5$/t et 6$/t. Ainsi, un chargement de 7 000 t de céréales depuis Reni ou Izmail vers l’Égypte se négocie actuellement aux environs de 43$/t. Le 9 octobre, dans son rapport hebdomadaire ISM estime le même voyage à 64$/t. Dans ce contexte économique, les armateurs préfèrent tenir. « Selon un courtier européen, ils attendent plutôt que de voyager pour moins cher. En dessous d’un certain niveau, ils refusent les voyages », constate ISM.
Méditerranée : le marché bénéficie de l’attrait antérieur pour la mer Noire
Quant au marché méditerranéen, il semble se stabiliser. Un navire entre le port de Damiette et l’Espagne se négocie actuellement à 35$/t. Cette stabilité tient, selon ISM, à l’attrait des armateurs pour les voyages au départ de mer Noire en septembre et octobre. En rapportant 300$/j de plus qu’en Méditerranée, bon nombre d’opérateurs ont fait le choix de se positionner en mer Noire. Alors, le nombre de navires en Méditerranée s’est réduit.
Une demande atone en Baltique
Si au sud de l’Europe la situation est compliquée, elle n’est guère plus réjouissante dans le nord du continent. « La situation ne s’améliore pas en Europe du Nord », indique ISM. La demande au départ de la mer Baltique reste modeste. L’offre demeure et permet donc de laisser les taux de fret à des niveaux faibles. En mer du Nord, la situation montre des signes d’activité. Cependant, les taux de fret ne décollent pas de leur niveau de la fin du mois d’octobre.
Fluvio-maritime : un palier dans la baisse ?
Du côté de la mer d’Azov, les armateurs de navires fluvio-maritimes ont géré la situation pour endiguer la baisse des taux. « Cependant, nous ne pouvons pas être assurés que nous avons touché le fond. Il se peut que cette situation ne soit qu’un palier dans notre descente », indique un courtier. Il explique ce contexte par une demande faible en blé russe par les négociants turcs. De plus, le nombre de navires en attente s’allonge de jour en jour.
Pas de signes d’amélioration en vue
Et demain ? « Il n’existe aucun signe d’amélioration en mer Noire et en Méditerranée », estime ISM. Les flux de céréales attendus en sortie d’Ukraine et de Russie sont pris d’assaut par des navires de plus fort tonnage. Quant aux produits métallurgiques comme les coïls ou les profilés, la demande turque, nord-africaine et européenne ne décolle pas. Seule lumière dans ce tunnel, le trafic d’urée en sortie d’Égypte. Or, si aujourd’hui ce courant semble grossir, il est destiné à l’Inde. Alors, il se réalise par des unités de grand tonnage sans effets sur le marché des petits vraquiers.