Marfret : la décarbonation, toutes voiles dehors
En équipant le Marfret Niolon avec le système d’ailes développé par Econowind, Marfret franchit un premier pas vers la décarbonation. Le système a permis une économie entre 7% et 10% de carburant.
La décarbonation dans le transport maritime prend diverses formes. Certains optent pour des carburants alternatifs, d’autres adoptent des techniques nouvelles. Pour sa part, Marfret dispose d’une flotte dont le rétrofit s’avère onéreux. « Nous avons un rétro cheminement à opérer. Pour une compagnie comme la nôtre, il s’agit d’un chemin long qui sera différent selon les navires et les routes qu’ils empruntent », a déclaré Guillaume Vidil directeur général de Marfret lors du colloque ParisMat (journées de l’assurance maritime et transport).
Le Marfret Niolon comme laboratoire
Le choix de l’armement marseillais a été d’utiliser le Marfret Niolon comme « un laboratoire » dans la stratégie de décarbonation. Ce navire assure la ligne entre Le Havre, Anvers-Bruges, Degrad des Cannes (Guyane française) et Pointe à Pitre. Dans le port de la Guadeloupe, le service est connecté avec le service Ferrymar qui dessert Fort de France, Saint Martin et Saint Barthélémy avec le navire Le Marin. Cette ligne est spécialisée sur du trafic de marchandises conventionnelles, composée notamment de roulier. Elle assure une rotation complète en 42 jours.
Deux ailes par conteneur de 40’
Le groupe a décidé de doter ce navire d’ailes développées par la société néerlandaise Econowind. « Ces ailes sont placés dans des conteneurs de 40’ que nous disposons sur le pont extérieur du navire. Après plusieurs essais, nous avons opté pour les placer sur le côté bâbord du pont sur deux flats racks », nous a confié Sergej Bogdan, commandant du navire. Chaque conteneur dispose de deux ailes. Au total, le navire peut déployer quatre ailes.
Des économies de 7% à 10%

L’expérience avec Econowind a commencé en 2022. Les deux conteneurs ont été positionnés au mois de janvier. En 18 mois d’opération, les économies de carburant sont estimées entre 7% et 10% selon les voyages. « Outre ces ailes, nous disposons d’un logiciel, développé par la société Syroco, pour nous apporter une aide à la décision quant au déploiement de ce dispositif. Selon notre route, la vitesse des vents et la direction du navire, le logiciel évalue l’intérêt à déployer ce système. Le commandant du navire reste le dernier décideur. Ainsi, il est arrivé que nous n’ayons pas déployé le système même si le logiciel de Syroco nous conseillait de le faire », nous a expliqué Sergej Bogdan.
Un système informatique d’optimisation
En effet, le système développé par Syroco établi les conditions d’optimisation des ailes selon les données collectées par les capteurs installés sur le navire. Cependant, l’armement a aussi ses propres capteurs qui viennent confirmer les données fournies par le logiciel. C’est en combinant les données des deux types de capteurs que le commandant prend sa décision. « Nous devons respecter aussi les instructions de l’armement. Il nous demande de les utiliser le plus souvent mais en portant une attention particulière pour éviter de les abîmer. Dès que la météo se dégrade, nous ne les utilisons pas. »
Une mise en place en 10 minutes
Les ailes d’Econowind sont gérées depuis la passerelle. Leur déploiement et leur rangement se gère par une commande déportée. La sortie de ces ailes se fait en 10 minutes environ. Leur rangement prend un peu plus de temps. Destinées à économiser de l’énergie, le déploiement et le rangement de ces ailes se fait électriquement. Le bord ne nous donne pas de données d’augmentation de la consommation de carburant pour le déploiement et le rangement. Cela se réalise en mer et n’a que peu d’impact sur une augmentation de la consommation de soutes au cours de ces opérations.
Un système standardisé
Le choix d’Econowind par Marfret tient à la standardisation du système. « Positionnées dans un conteneur, les ailes peuvent être remplacées facilement. Il suffit de sortir le conteneur avec une grue pour en remettre un nouveau », nous a confié Guillaume Vidil. Toutes les opérations de maintenance, de remplacement et d’intervention extérieure se font donc plus facilement.
Vérifier les économies avant de le décliner
Il reste que si ce système convient à ce navire et cette route, il n’est pas déclinable sur toutes les lignes de Marfret. Pour l’armement marseillais, le Marfret Niolon opérant la ligne MPV vers les Antilles et la Guyane s’adapte parfaitement. Avant de le déployer sur d’autres navires, Marfret veut pouvoir constater les économies réalisées au cours de plusieurs rotations et tout au long de l’année.