Togo : le groupe Bolloré quitte le port de Lomé
Le 1er mars, le conseil des ministres du Togo a validé l’augmentation de la part de l’État dans Togo Terminal en reprenant 25% des parts du groupe Bolloré.
Togo Terminal, c’est l’autre terminal à conteneurs, comme le disent les experts connaissant bien les opérations au port de Lomé. En effet, le port de la capitale togolaise dispose de deux terminaux à conteneurs, celui concédé à TIL, le Lomé Container Terminal, et Togo Terminal. Ce dernier a été concédé à Bolloré Africa Logistics.
L’État passe de 5% à 30%
Le site d’informations Togo First a indiqué, le 2 mars, la cession des parts du groupe Bolloré au gouvernement de Lomé. Selon Togo First, « le deal était beaucoup attendu. Au bout des négociations ayant suivi le départ de Bolloré du Port de Lomé, le gouvernement vient d’annoncer avoir renforcé ses positions dans l’actionnariat de Togo Terminal, la filiale de l’opérateur français, cédée à l’armateur MSC. » Ainsi, l’État du Togo détient désormais 30% des parts dans Togo Terminal.
Une nouvelle convention pour MSC
Bien plus, continue Togo First, ce terminal sera géré par MSC puisqu’une « nouvelle convention de concession a été conclue avec MSC pour l’exploitation de ce terminal à conteneurs ». Alors, le port de Lomé devient de fait un port dont l’activité conteneurs est entre les mains de MSC/TIL.
Un accord gagnant-gagnant
Du côté du conseil des ministres, l’opération ravie le gouvernement. « Le conseil a salué cet accord gagnant-gagnant qui marque la maturité du partenariat entre les deux acteurs, s’est félicité le gouvernement, alors que le pays consolide également son emprise en nommant deux administrateurs supplémentaires au conseil d’administration de Togo Terminal, dans la gouvernance de la structure », indique Togo First.
Les premiers signes de la stratégie de MSC en Afrique de l’Ouest
Derrière cette opération de désengagement du groupe Bolloré se dessine les premières opérations après la reprise des actifs de Bolloré Africa Logistics par le groupe MSC. Effectivement, parmi les questions restant en suspens sur l’objectif du groupe MSC, l’avenir du terminal à conteneurs de Lomé se posait. En reprenant la concession et en acceptant l’entrée du gouvernement au conseil d’administration, MSC confirme sa volonté de faire de Lomé son hub dans la sous-région.
Dans l’attente de nouveaux partenaires
De son côté, le gouvernement attend de cette opération une ouverture du port à de nouveaux investisseurs. Ainsi, Togo First cite « l’équipe de Faure Gnassingbé, qui s’attend notamment à ce que cette nouvelle position ouvre la voie à de nouveaux investissements et à l’accueil d’autres partenaires, dans le développement du Port autonome de Lomé. Il est certain que des opérateurs internationaux vont analyser la situation avec attention. Pour mémoire, nous constatons une volonté du groupe turc Yildirim de s’impliquer plus en avant dans les ports d’Afrique. Néanmoins, le risque de se trouver en concurrence direct avec MSC/TIL peut apparaître comme un handicap compte tenu du poids de cet opérateur dans la manutention portuaire en Afrique de l’Ouest.
Le groupe Bolloré dans la tourmente judiciaire
Ce désengagement du groupe Bolloré intervient après des années de négociation entre Vincent Bolloré et les différentes instances judiciaires. Pour mémoire, c’est sur une affaire au Togo que Vincent Bolloré a reconnu des faits de corruption qui lui ont valu une amende importante. Depuis cette décision judiciaire, le dirigeant du groupe Bolloré a décidé de se défaire de ses actifs dans le portuaire dans la région avec pour point d’orgue, la cession le 22 décembre de Bolloré Africa Logistics au groupe MSC.
Avant l’extension de LCT
Enfin, cette décision de désengagement du groupe Bolloré et la cession de ses parts au gouvernement du Togo se déroule quand l’opérateur du Lomé Container Terminal, MSC, inaugure l’extension de son terminal à conteneurs. Le poids du groupe MSC dans le pays n’est plus à démontrer.