Corridors et logistique

Acier : la Chine conserve sa place de premier producteur et exportateur

World Steel Association publie son rapport annuel sur l’état de l’économie de l’acier dans le monde. Des chiffres qui consacrent la place dominante de la Chine dans cette filière.

La production d’acier se stabilise au cours des dernières années, indique le rapport annuel de la World Steel Association (WSA). Depuis 2018, elle se situe aux environs de 1 892 millions de tonnes (Mt). En 2023, la production mondiale d’acier a atteint 1,89 Mdt, soit 0,1% de plus qu’en 2022. Cette stabilité de la production tient à une demande atone. En 2023, l’acier est destiné, à 52%, à la construction. Or, cette filière enregistre une baisse. L’autre principale filière consommatrice d’acier est l’industrie automobile. Elle avale 12% de l’acier produit chaque année. La production automobile a subi, en 2023, un tassement de sa production.

La Chine a produit 1 019 Mt d’acier

En 2023, cinq pays réalisent 74% de la production. Avec une production de 1 019 Mt la Chine demeure le premier producteur. Elle est suivie par l’Inde qui a sorti 140,8 Mt, le Japon, avec 87 Mt, les États-Unis (81,4 Mt) et la Russie (76 Mt). Ce quinté de tête demeure le même depuis plus de cinq ans. Chacun de ces pays voit sa production progresser d’une année sur l’autre, à l’exception de la Chine et du Japon. En effet, l’Empire du milieu affiche une production stable entre 2022 et 2023. Quant au Japon, il enregistre une baisse de la production en 2023 de 2,5% d’une année sur l’autre. Avec 10 Mt produites en 2023, la France se range au 19è rang des pays producteurs. Elle perd trois places d’une année sur l’autre en raison de la baisse de 17,3% de sa production.

ArcelorMittal, seconde société productrice mondiale

L’analyse de la production par société reflète la même origine que celle par pays. Le China Baowu Group demeure en tête avec une production de 130,7 Mt. Son dauphin, ArcelorMittal, se place loin derrière avec une production de 68,5 Mt. L’Inde réuni sur son territoire deux des dix premières sociétés sidérurgistes en ajoutant Tata Steel qui a produit 29,5 Mt. Le principal sidérurgiste japonais, Nippon Steel Corporation, se place en 4è position avec une production de 43,6 Mt.

Les minerais de fer, matière première essentielle

La production d’acier nécessite des matières premières. Le minerai de fer intervient au premier rang. Pour réaliser la production d’acier, ce sont 1 750 Mt de minerai de fer qui ont emprunté la voie maritime depuis leur lieu de production vers les sites de consommation. Comme une conséquence du classement des pays producteurs, les principaux flux de minerais de fer se sont réalisés vers la Chine. Le pays a importé 1 180 Mt depuis l’Océanie, principalement l’Australie, et l’Amérique du Sud (Brésil).

La ferraille : l’économie circulaire de la sidérurgie

L’autre matière première de l’acier se compose de ferrailles. En 2023, 99,1 Mt se sont échangées. Des produits destinés en premier lieu aux sidérurgies européennes. Les 27 de l’UE ont importé 30,5 Mt de ferrailles et exporté 44,7 Mt de ces produits. Les autres pays européens entrent à hauteur de 20,4 Mt de ferrailles importées. Des éléments qui démontrent la volonté de l’Europe d’entrer dans une économie circulaire de production sidérurgique à partir de matériaux déjà utilisés.

Les exportations pèsent 22,9% de la production

Avec la Chine en principal producteur d’acier, il est devenu logique de voir une partie de cette production partir à l’exportation. Or, si la production mondiale d’acier a atteint 1 892 Mt en 2023, les échanges de produits finis s’élèvent à 434,7 Mt, soit 22,9% de la production totale. La moitié des échanges d’acier se réalisent depuis les pays d’Asie. La Chine entre en première place avec 94,3 Mt exportées. Elle est suivie par le Japon et la Corée du Sud qui ont expédiées, respectivement, 32,2 Mt et 27 Mt.

L’Allemagne exporte 22,5 Mt d’acier

La World Steel Association place l’UE au quatrième rang des exportateurs d’acier. Une position qui prend en compte les exportations vers les pays tiers des membres de l’UE. Les trafics intracommunautaires sont analysés pays par pays. Ainsi, l’UE a exporté 26 Mt d’acier. Pour sa part, l’Allemagne entre à hauteur de 22,5 Mt, l’Italie suit avec 16,1 Mt et la Belgique assure 14,6 Mt. La France entre au 13è rang avec 9,9 Mt exportées en 2023. Ces chiffres démontrent de l’importance de l’acier dans les différents pays et reflètent le rang des ports exportateurs. Hambourg pour l’Allemagne, les ports de la mer Adriatique (Marghera, à côté de Venise) et de la Ligurie (Gênes) mais aussi Anvers-Bruges assurent une grande partie des exportations d’acier en Europe.

La Chine, premier exportateur net

Du côté des importateurs, l’Union européenne garde sa première place. Le groupe des 27 a importé 39,2 Mt en 2023. Il est suivi par les États-Unis avec 26,4 Mt, l’Allemagne et l’Italie ont importé chacun 18,7 Mt d’acier. Ainsi, l’UE demeure un importateur net d’acier avec 13,2 Mt (chiffre résultant de la soustraction entre les importations et les exportations). Elle se range derrière les États-Unis importateurs nets d’acier à hauteur de 17,6 Mt. Du côté des exportateurs nets (à savoir la soustraction entre les exportations et les importations), la Chine conserve sa première place avec 83,2 Mt d’exportations nettes. Le Japon, la Russie et la Corée du sud suivent. Plus intéressant, l’Iran se place en cinquième position des exportateurs nets d’acier avec 10,2 Mt. Le pays a exporté 11,9 Mt en 2023.

Le MACF peut redistribuer les cartes logistiques

Face à la place importante de la Chine et des pays comme l’Inde et le Japon, l’UE veut se préserver et inciter ses partenaires commerciaux à la suivre dans la décarbonation industrielle. Ainsi, elle a initié un système de déclaration de la production de carbone pour différents produits dont l’acier : le MACF, mécanisme d’ajustement du carbone aux frontières. Il prévoit que toute marchandise comprenant de l’acier devra fournir aux autorités les émissions de carbone nécessaires pour fabriquer le produit. Selon les émissions des produits, l’importateur devra acheter des certificats. Une obligation qui pourra avoir pour effet de relocaliser une partie de la production sur le territoire communautaire et de réorganiser les flux logistiques afin d’éviter de payer des certificats d’émission de carbone.