Corridors et logistique

Acier : les organisations européennes tirent le signal d’alarme

Eurofer et IndustryAll ont écrit à la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, sur la situation de la sidérurgie en Europe qui impacte aussi le monde portuaire.

La sidérurgie vit des heures difficiles. Dans un courrier adressé à la présidente de la Commission européenne et au commissaire en charge de l’industrie, deux organisations européennes s’inquiètent de la situation. Eurofer, qui regroupe les industries de l’acier, et IndustryAll, syndicat européen, rappellent que la filière souffre.

Des fermetures d’usines

D’une part, ThyssenKrupp a annoncé la suppression de 5 000 emplois dans son usine de Kreuztal-Eichen, en Allemagne. D’autre part, ArcelorMittal ferme les sites de Denain et Reims avec 136 emplois menacés. Par ailleurs, les investissements prévus pour la décarbonation du processus de fabrication d’acier sont suspendus. « Dans ces conditions, indiquent les deux organisations européennes, nous demandons une réunion pour envisager des solutions d’urgence. »

La Chine n’est pas seule en cause

Cette crise de l’acier en Europe date. Déjà, la filière a subi la hausse du coût des matières premières et de l’énergie amplifiée par le conflit en Ukraine. De plus, le marché européen est « inondé par des aciers à bas prix. La Chine exporte environ 100 Mt d’acier sur le marché mondial en faisant du dumping. » Ajouté à cela, la surcapacité européenne de production d’acier, estimée à environ 500 Mt accroît les menaces sur l’emploi et la pérennité de la filière. Et les menaces ne viennent pas uniquement de Chine. Des producteurs comme les pays du sud-est asiatique, le Japon et l’Inde participent à l’inflation. « Ils mettent en danger notre secteur et les investissements pour la transition écologique de la filière. »

De nouvelles mesures

Les outils de défense du marché européen (TDI) sont insuffisants, expliquent les deux organisations. Pour remédier à la crise, elles demandent de nouvelles mesures, notamment la mise en place de nouveaux tarifs à l’importation. Elles demandent un sommet dès le début de 2025 pour aborder plusieurs points, notamment l’efficacité du MACF (Mesures d’ajustement du carbone aux frontières) et la baisse des réductions du prix de l’énergie.

Le prix de l’acier chinois augmente

Cette crise est attestée par les chiffres publiés par Platts S&P Global le 11 décembre. Les exportations chinoises d’acier ont dépassé le cap des 100 Mt de janvier à novembre, en hausse de 22,6%. L’analyste souligne aussi que les prix de l’acier en Chine augmentent depuis le mois de septembre. Une hausse qui impacte les flux. Ainsi, en novembre, les volumes ont baissé de 17% par rapport au mois d’octobre. Cependant, ils restent encore en progression de 15,9% par rapport à l’année dernière.

80 Mt attendues pour 2025

Selon Platts S&P Global, les prévisions tablent sur une baisse des exportations d’acier chinois de décembre à février. Cependant, les volumes demeureront supérieurs à ceux de 2023. Une tendance qui est prévue durer sur tout le premier semestre. Au second semestre, les exportations chinoises devraient se réduire en raison des conflits commerciaux à venir et d’une baisse de la demande. Les expéditions d’acier chinois est attendu à 80 Mt pour 2025.

Les terminaux portuaires touchés

Ces conditions de marché impactent toute la filière sidérurgique mais aussi la logistique portuaire. Les terminaux conventionnels des ports comme Anvers-Bruges, Dunkerque, Rotterdam et Hambourg au nord, Valence, Marseille-Fos et Gênes au sud sont impactés. Déjà, certains opérateurs constatent un début de saturation de ces installations. Entre les stocks élevés dans les ports et une demande en baisse, la situation se résoudra sur plusieurs mois.