Corridors et logistique

Douanes : boire Cognac ou conduire MG, il faut choisir

Le gouvernement chinois a décidé de nouvelles taxes à l’importation sur les « brandy » européens, notamment le Cognac, à compter du 11 octobre. Une mesure qui répond à la hausse des droits de douane européens sur les importations de véhicules électriques.

La bataille des droits de douanes entre Chinois et Européens continue. Le 11 octobre, la Chine a décidé d’imposer de nouvelles taxes sur les importations de « toutes les boissons spiritueuses à base de vin originaires de l’Union européenne. Autrement dit, principalement le cognac », indique dans un communiqué le Bureau national interprofessionnel du Cognac (BNIC).

Une caution de 35% de la valeur

Cette mesure oblige les importateurs à déposer une caution au niveau des droits de douanes décidés le 29 août. Le montant de ce dépôt s’élève à 35% de la valeur des importations. « Il est évident qu’il s’agit d’une réponse directe et immédiate des autorités chinoises aux décisions prises par l’Europe, le 4 octobre dernier, en faveur de la taxation des voitures électriques chinoises », continuent les professionnels du Cognac.

Les voitures MG taxées à 35%

La réponse du gouvernement chinois vient après le vote, par la Commission européenne, d’une taxe sur les véhicules électriques chinois. Aux 10% de surtaxes déjà adoptées en juillet, l’Europe dispose d’un levier pour imposer jusqu’à 35% de taxes supplémentaires. L’UE motive son règlement en s’appuyant sur des soupçons de subventions gouvernementales aux constructeurs chinois. Ainsi, les voitures MG pourraient être taxées à 35% en entrant sur le territoire européen.

Une enquête de l’UE sur les subventions chinoises

Ces nouvelles taxes sont le fruit d’une enquête menée par la Commission depuis le 13 septembre. Dans un communiqué, l’UE rappelle qu’elle a « recueilli des éléments de preuve suffisants montrant que la récente hausse des importations à bas prix et subventionnées de véhicules électriques en provenance de Chine dans l’UE constituait une menace économique pour l’industrie automobile électrique de l’UE. »

L’Allemagne fait de la résistance

La majorité des États européens ont accepté le texte. Du côté des opposants, se retrouvent, en tête de file, l’Allemagne suivie par la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie et Malte. Ces pays, à l’exception de Malte, s’imposent comme les points d’entrée majeurs des véhicules électriques chinois en Europe. En effet, le constructeur BYD a fait de Bremerhaven sa porte d’entrée. De plus, les constructeurs européens installés dans ces pays, notamment les sociétés allemandes, craignent des rétorsions sur le marché chinois.

La Chine, premier marché du cognac

De son côté, le BNIC s’inquiète des effets de cette taxe sur les exportations de Cognac, Armagnac et autres alcools vers la Chine. Pour mémoire, le cognac représente environ 56 millions de bouteilles vendues en Extrême-Orient. Le marché chinois demeure, avec les États-Unis, la première destination. Alors, face à cette décision, les professionnels de la région de Cognac demandent que « les autorités françaises ne nous abandonnent pas et nous laissent pas seuls face à des rétorsions chinoises qui ne nous concernent pas. Comme nous le répétons depuis des mois, l’effet de ces taxes serait catastrophique pour nos filières et nos régions. »

Des effets collatéraux pour Haropa Port

L’effet collatéral de ces mesures touchera aussi le système portuaire. Avec plus d’un milliard de bouteilles expédiées chaque année, le site du Havre de Haropa Port pourrait perdre une partie de ses trafics. D’un autre côté, les véhicules chinois entrent en Europe par les ports allemands et slovènes. La hausse des taxes sur les véhicules électriques chinois pourrait réduire leur trafic.