Corridors et logistique

Europe : les 27 renforcent leurs sanctions contre le GNL russe

Un texte en préparation pour le conseil européen vise à sanctionner les transbordements de GNL russe dans les ports de l’UE. Un paquet de sanctions qui aura des conséquences pour tous les opérateurs de la chaîne logistique.

Le 14è paquet de sanctions de l’Union européenne contre la Russie est actuellement en discussion. Il doit être présenté au Conseil des ministres à la fin du mois de juin. Ce paquet prévoit un nouveau train de mesures pour perturber l’économie Russe, notamment sur le négoce de GNL.

Du GNL russe à Zeebrugge

Parmi les mesures prévues dans ce paquet de sanctions, la Commission européenne prévoit d’interdire l’utilisation des ports européens pour permettre les transbordements de GNL en provenance des champs gaziers de Russie. Dans les faits, ces interdictions visent principalement les opérations logistiques de Novatek, l’exploitant du champ de Yamal. Il charge le GNL sur des brise-glaces pour rejoindre les terminaux du port de Zeebrugge et de Montoir (GPM de Nantes Saint-Nazaire), selon le site web du journal indien Mint.

Yamal a exporté 14 Mt en 2023

Depuis le port européen, le gaz est rechargé dans des méthaniers pour rejoindre leur destination finale, notamment l’Asie. En 2023, 14 Mt de GNL sont sorties de Yamal, selon des observateurs. Parmi ces volumes, les transbordements représentent 2 Mt. Pour les acheteurs, ces nouvelles sanctions peuvent avoir un effet sur les prix du GNL et la logistique. Par ailleurs, les eaux territoriales et les rades européennes seront interdites pour procéder à des transbordements de navires à navires.

Route arctique ou transbordement à Mourmansk

La Russie dispose de deux alternatives pour répondre à ces sanctions. La première est d’utiliser la route arctique pour rejoindre directement les acheteurs asiatiques. Une solution onéreuse puisqu’elle mobilisera sur une plus longue période les brise-glaces plus chers que les navires méthaniers. De plus, cette solution est envisageable mais aura un coût en raison de l’utilisation plus longue d’un brise-glace. Ces derniers coûtent plus cher à l’affrètement qu’un méthanier traditionnel. L’autre solution est d’opérer des transbordements directement de navires à navires devant le port de Mourmansk. Une opération qui se réalise parfois mais n’est pas sans risques.

Fluxys : l’avenir de son contrat avec Yamal

Outre les acheteurs de GNL depuis le champ de Yamal, ces mesures auront un impact pour l’opérateur du terminal méthanier de Zeebrugge, Fluxys. Selon des informations données dans la presse, Fluxys doit honorer un contrat de 20 ans avec le négociant du GNL de Yamal, soit jusqu’en 2038. Pour satisfaire ce contrat, Fluxys a fait construire des réservoirs de réception sur son terminal. Dans l’hypothèse où ces sanctions sont votées, Pour Fluxys, le choix est soit de refuser les transbordements en invoquant la force majeure, soit de continuer ses opérations en s’acquittant d’amendes. À ce jour, il est encore difficile de connaître le périmètre précis des sanctions et donc des conséquences pour l’opérateur du terminal de Zeebrugge.