Corridors et logistique

Fluvial : des trafics en baisse et des investissements en hausse

Le bilan 2023 du trafic sur le réseau géré par VNF affiche une diminution d’environ 10%. Dans le même temps, VNF prévoit une enveloppe de 310 M€ d’investissements sur son réseau.

Après une année 2022 en retrait, le transport fluvial ne parvient pas à redresser la barre en 2023. Ainsi, le réseau français enregistre une baisse de 11,2% de son tonnage à 43,4 Mt. Une diminution qui se décline aussi sur les flux. Effectivement, le trafic national exprimé en tonnes-kilomètres perd 10% à 5 598 Mt km.

Baisse des produits agricoles

Pour aller plus en détail, VNF indique une perte sur les filières traditionnelles quand les produits nés de la diversification progressent. Ainsi, les produits agricoles, regroupant les céréales et les denrées alimentaires reculent de 12,5% à 11,4 Mt. Composées principalement de blé, orge et maïs et colza, les céréales transportées par voie fluviale subissent les effets de flux réduits à l’exportation.

L’effet de la baisse de la production de matériaux de construction

L’autre principale composante de ces trafics se retrouve dans les minéraux bruts et les matériaux de construction. En 2023, ces flux accusent un repli de 7,2% à 18,3 Mt. Le fluvial fait les frais de la diminution de production de matériaux de construction. Pour mémoire, l’Unicem, organisation des carriers, indique qu’à l’échelle nationale, la production de ces matériaux enregistre une baisse de 8,2% à fin novembre. Cependant, « la filière se montre tout de même résistante dans certaines régions, note VNF. Alors, la Normandie, la Picardie, l’Île-de-France et la Champagne-Ardenne connaissent une baisse de -13,7% de leur production. D’un autre côté, l’Alsace affiche une progression. Ainsi, ce courant progresse de +1,5%. »

Des baisses dans les autres filières traditionnelles

Matériaux de construction et produits agricoles entrent pour plus des deux tiers des trafics fluviaux en France (68,6% précisément). Les autres filières, comme les produits énergétiques, métallurgiques et chimiques, représentent 23,5%. Elles sont aussi toutes en diminution en 2023. Dans ce lot de baisses, les combustibles minéraux et notamment le charbon, engrangent la plus forte baisse avec une diminution de 48,5% à 580 000 t. La baisse de ces trafics traditionnels du transport fluvial sont perçus par VNF comme une métamorphose.

L’envolée de la logistique urbaine

En effet, la logistique urbaine connaît une envolée en 2023. Ainsi, en région parisienne, ces trafics entrent pour 150 000 t, soit une progression de 40% par rapport à 2022. Une activité qui prend de l’essor sur tout le réseau. Effectivement, outre Paris et la région francilienne, Strasbourg et Lyon maintiennent le cap. Demain, Rouen et Mulhouse développeront des trafics similaires. Au total, indique VNF, la logistique urbaine enregistre une progression exponentielle avec des trafics multipliés par 2,2 en cinq ans.

La conteneurisation en bonne place en Seine

L’autre satisfaction des trafics fluviaux en 2023 vient de la conteneurisation sur l’axe Seine. Sans donner de précisions, VNF constate une hausse de 2% des volumes traités depuis Le Havre sur l’Île de France. Une « performance » puisque Haropa voit son trafic conteneurisé perdre 16,5%. Plus en détail, les conteneurs destinés à son hinterland se contractent de 10%. Ainsi, en gagnant 2%, le transport fluvial en région parisienne prend des parts de marché sur la route et le ferroviaire. Cependant, si la conteneurisation fluviale sort la tête de l’eau en Seine, elle est en retrait sur les autres réseaux. Ainsi, elle perd 16,5% sur le Nord-Pas-de-Calais, 14,5% sur le Rhin et 9% sur le Rhône et la Saône.

Colis lourds et déchets ménagers en hausse

Parmi les autres trafics, VNF note une progression de 47% des trafics de colis lourds à 160 000 t. Un point sur lequel l’exploitant du réseau souhaite capitaliser. « Ce secteur à forte valeur ajoutée est un levier de développement clé pour le transport fluvial », souligne VNF. Enfin, le transport de déchets ménagers par voie fluviale a pour sa part totalisé 136 000 tonnes en 2023.

Des investissements de 310 M€

Compte tenu de ce contexte, VNF se lance dans un programme d’investissement lourd en 2024. L’exploitant du réseau fluvial consacre une enveloppe de 310 M€. Un budget qui vient contrecarrer « un manque de capacité d’investissement pendant plusieurs années », indique un communiqué de VNF. Et la moitié de ce budget se consacre aux ouvrages pour la gestion de l’eau, la préservation du patrimoine écologique. VNF alloue 150 M€ à ces opérations. Cette remise à niveau concerne l’ensemble du réseau composé d’infrastructures anciennes. En effet, elles datent, pour partie du 19è siècle pour le réseau à petit gabarit et des années 60 pour le grand gabarit. Ce dernier présente des signes d’usure.

VNF s’engage dans l’automatisation des ouvrages

L’autre moitié de cette enveloppe vise à moderniser et transformer les opérations. Ainsi, il est prévu de concrétiser la télé conduite et l’automatisation des ouvrages. L’objectif est d’apporter une gestion plus moderne, un service plus performant en élargissant les plages horaires d’ouverture des écluses. Dans ce contexte, les bâtiments destinés à accueillir les postes de contrôle centralisé, des centres de maintenance industrielle verront le jour. Les travaux pour déployer les réseaux numériques, permettre la télé conduite, l’automatisation des ouvrages et leur réarmement à distance seront menés.

Poursuite des travaux sur Seine-Escaut

Enfin, le programme d’investissement assure une partie du financement du projet Seine-Escaut. Pour mémoire, VNF a déjà investi près de 516 M€ depuis 2014 sur la liaison Seine-Escaut. Parmi les travaux réalisés, VNF cite la fin des travaux de modernisation des écluses de Méricourt (78), pour un budget global de 92 M€ ou encore celle de Quesnoy-sur-Deûle (59), pour un budget de 43 M€. De plus, VNF poursuit les études des projets de mise au gabarit européen de l’Oise (MAGEO) et de mise à grand gabarit de la Seine entre Bray-sur-Seine et Nogent-sur-Seine. Des travaux estimés à environ 450 M€.