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GPM La Rochelle un trafic conjoncturellement en baisse en 2023

Le trafic du GPM de La Rochelle accuse une baisse de trafics en 2023. La raison tient principalement à la diminution des sorties de céréales. Dans ce contexte, le port charentais continue sa diversification vers l’éolien.

Il a manqué du blé à moudre au GPM de La Rochelle. En effet, pour la première fois de son histoire, le port de la côte atlantique voit les trafics pétroliers surpasser ceux des céréales. Au final, le GPM de La Rochelle affiche un trafic de 8,59 Mt, en baisse de 10,6%.

Un premier semestre au ralenti

Pour le président du directoire, ce changement de structure dans les trafics tient à des facteurs exogènes. Effectivement, les céréales diminuent de 25,1% en 2023. « Il s’agit d’un effet structurel », continue Michel Puyrazat, le président du directoire. Ainsi, sur le premier semestre, les sorties de céréales se sont montrées faibles. Les exportations françaises ont commencé la campagne 2022/2023 (de juillet 2022 à juin 2023) sur un rythme élevé. La seconde partie de la campagne, qui correspond au premier semestre 2023, s’est un peu ralentie.

Les céréales, principale cause de la baisse de trafic

De plus, la première partie de la campagne actuelle, démarrée en juillet 2023, n’a pas donné son potentiel. Les céréales françaises n’ont pas su se montrer compétitives face aux blés de mer Noire. Finalement, sur l’année 2023, ce courant a faibli par rapport à 2022. « La Russie a offert des céréales aux pays qui lui apporte son soutien. Cela limite le potentiel d’exportation de nos produits », continue le président du directoire. Cependant, à ce début de campagne hésitant, la direction du GPM de La Rochelle attend une seconde partie plus active. Déjà, en janvier et février, les prévisions de chargement s’annoncent bonnes. Alors, avec une perte de 1 Mt en 2023, les céréales sont la principale cause de la baisse de trafic total du port charentais.

Les produits pétroliers s’installent en pole position

L’autre courant fort du GPM de La Rochelle se retrouve dans les produits pétroliers. Contrairement aux céréales, ces flux enregistrent une progression. Ils augmentent de 17,5% à 3,4 Mt. Cette performance de ce courant tient à un changement de stratégie de la part des distributeurs. Ils réservent des espaces de stockage sur des durées plus longues. Or, précédemment, ils réalisaient plutôt du stockage au coup par coup. Dans ce contexte, l’activité du GPM de La Rochelle s’est modifiée. Désormais, les trafics de produits pétroliers se font partiellement en transbordement de navire à navire. De plus, le port charentais réalise aussi des exportations de produits pétroliers.

La digitalisation affecte les produits forestiers

Quant aux autres trafics du port, ils s’affichent aussi en baisse. Ainsi, les produits forestiers se tassent. Ils perdent 39,5% à 379 029 t. Une diminution qui tient principalement aux pâtes à papier. « Ces trafics sont le reflet du contexte actuel. Avec la digitalisation, les impressions se réduisent. Alors, les besoins en papier suivent le mouvement », continue Michel Puyrazat. Par ailleurs, le président du directoire rappelle qu’une partie non négligeable de ces trafics de pâte à papier est destinée au groupe Condor, en Dordogne. Les difficultés économiques de cette société impactent directement ce courant.

Le retour à la normale des engrais

Quant aux vracs agricoles, qui se composent majoritairement d’engrais, ils accusent un repli de 17,5% à 743 710 t. Pour le président du directoire, ce tassement n’est qu’une correction du record de 2022. En effet, en 2022, les vracs agricoles ont fortement progressé face à la crise ukrainienne. En 2023, les circuits logistiques se sont réorganisés avec des approvisionnements nationaux. Alors, avec 628 170 t, les engrais retrouvent un niveau « normal » par rapport aux années précédentes.

L’interruption de trafic des éoliennes

Ensuite, la catégorie « autres trafics » diminue. Elle perd 26,6% à 124 36 t. Une baisse tirée principalement par la fin des expéditions des éléments pour le parc éolien de Saint-Nazaire. Pour mémoire, le port charentais a réalisé les pieux et les bases des éoliennes offshore de Saint-Nazaire. « Une interruption de trafic », souligne Michel Puyrazat. En effet, dès le mois de mars, il est prévu d’expédier un nouveau lot de pieux et de bases. « Les prévisions tablent sur l’envoi de 62 pièces pour les champs éoliens. » Enfin, le trafic conteneurisé se réduit de 22,7% à 5 022 EVP.

Un budget d’investissement de 40 M€

Malgré ce contexte économique, le GPM de La Rochelle continue ses investissements. Après avoir consacré une enveloppe de 9 M€ en 2022 et de 22 M€ en 2023, le port table sur un budget de 40M€ en 2024. L’an dernier, le port a réalisé plusieurs grandes opérations. Ainsi, sur le site de La Repentie, le démantèlement du viaduc terrestre a continué. Il a fallu créer une dalle pour permettre le passage des colis lourds au-dessus des pipe-line. Sur l’Anse Saint Marc, le port a consacré une enveloppe de 4,6 M€, notamment pour la digue d’enclôture et la plateforme Anse Saint-Marc 3. Pour continuer dans la même veine, le GPM de La Rochelle investi pour accueillir le trafic éolien. « Nous sommes en préparation pour l’éolien offshore et l’éolien flottant sur le terre-plein de La Repentie. Nous prévoyons un espace sur ce site pour recevoir les flotteurs de ces équipements », souligne Michel Puyrazat. Chacun de ces flotteurs occupe un espace d’un hectare. « Nous avons donc besoin d’aires de stockage importantes pour assoir notre port dans cette filière. »

L’approfondissement du chenal d’accès

Par ailleurs, face à l’augmentation des tirants d’eau des navires, le port entreprend depuis plusieurs mois, l’approfondissement du chenal d’accès et des souilles. Ces opérations continuent en 2024. Le port confirme son ambition du développement des flux éoliens. Le terminal de l’Anse Saint Marc est prêt à réceptionner de nouveaux éléments. Déjà, en 2021 et 2022, il a traité les pieux et pièces de transition pour le parc de Saint-Nazaire. Il doit recevoir les éléments pour le parc d’Yeu-Noirmoutier. « Nous attendons 124 pièces, indique Michel Puyrazat. Elles seront traitées sur l’Anse Saint Marc 2 et l’Anse Saint Marc 3. »

Chef de Baie 4 en bonne voie

De plus, sur le site de Chef de Baie, la construction du 4° quai commence en fin d’année. Des travaux qui vont s’étaler jusqu’en 2026. À ce terminal viendra s’ajouter un espace de cinq hectares de stockage. Enfin, dans sa stratégie de décarbonation du transport, le GPM de La Rochelle s’investi dans le combiné rail-route. Il consacre une enveloppe de 4 M€ pour la création d’une plate-forme multimodale civile et militaire. Le projet vise à créer deux voies ferroviaires de 400 m et l’allongement de deux voies existantes. En outre, un quai pour la manutention de matériels roulants verra le jour. Il pourra servir aux opérations logistiques de l’armée de terre mais aussi pour les opérateurs privés.

 


Une charte de la transition écologique

À l’occasion de la présentation du bilan 2023, le GPM de La Rochelle a signé avec les opérateurs privés et l’AIVP, une Charte de la transition écologique. « Nous disposons d’une charte sur le développement durable depuis 2015. Nous avons souhaité aller plus loin », a commencé par déclarer le président du directoire, Michel Puyrazat. Et pour le délégué général de l’AIVP, Bruno Delsalle, ce document constitue une première. En effet, elle réunit l’autorité portuaire et les acteurs privés. Ainsi, 15 sociétés de la communauté portuaire ont signé, dès le premier jour, cette charte. « Cela démontre de l’intérêt que portent les entreprises rochelaises sur ce sujet », confirme Francis Grimaud, président de l’Union maritime de La Rochelle.