Ports

Haropa : un trafic en baisse de 4,5% en 2023

Les ports de l’axe Seine perdent 4,5% en 2023 à 81,3 Mt. Une baisse tirée par les céréales et les conteneurs. Le cluster portuaire séquanien maintien sa stratégie vers la décarbonation.

Le trafic de Haropa affiche « une baisse relativement faible », commente Stéphane Raison, le président du directoire. Le contexte économique impacte directement les flux. Cette diminution est à mettre au passif des vracs solides et des conteneurs.

La concurrence des céréales de mer Noire

Ainsi, les vracs solides perdent 11% à 12,7 Mt. Principale composante de cette catégorie, les céréales accusent le coup. Les exportations de ces produits se réduisent de 14% à 7,3 Mt. Cependant, il convient de rappeler qu’en 2022, le trafic s’établissait à un niveau proche des records. En 2023, les céréales françaises ont subi la concurrence des céréales de mer Noire, Russie et Ukraine, plus compétitives sur les marchés internationaux. Dans ce contexte, Stéphane Raison rappelle néanmoins que les orges progressent, sans compenser les baisses des autres produits. De plus, la filière du BTP enregistre une baisse en raison du ralentissement d’activité.

Vracs liquides en hausse de 5%

Du côté des vracs liquides, la situation est plus positive. En effet, ils augmentent de 5% à 41,2 Mt. Un score encourageant puisque les chiffres de la consommation nationale de produits pétroliers s’affichent en baisse en France. Effectivement, l’Ufip (Union française des industries pétrolières) annonce une baisse de 2,4% à fin novembre. Pour Stéphane Raison, la croissance de ce courant tient principalement à l’entrée en opération du FSRU Cap Ann pour la réception de gaz. De plus, après plusieurs années de travaux de maintenance, les raffineries normandes ont repris leur rythme de croisière.

Les conteneurs en transbordements s’effritent

Quant aux marchandises diverses, elles participent à la baisse générale. Deux flux réalisent la plus grande partie de ces trafics : les conteneurs et le roulier. Ainsi, les conteneurs perdent 15% à 2,6 MEVP. Une baisse qui concerne principalement les trafics en transbordement. Ils reculent de 31%. Les conteneurs destinés au marché local se contracte de 10% pour sa part. Ce dernier reflète la baisse de la consommation en France. De plus, le port normand a subi les conséquences des mouvements sociaux du 2° trimestre contre le projet de réforme des retraites. Les armateurs ont dérouté leurs navires vers d’autres ports européens. « Nous enregistrons la perte d’une centaine d’escales en 2023 du fait de ces mouvements sociaux », précise Stéphane Raison.

Roulier: un espace pour la CAT à Rouen

Quant au roulier, il recule de 9% à 249 000 véhicules traités sur les terminaux. Ce courant suit les perturbations des chaînes de production. Après la crise des semi-conducteurs, les acheteurs reportent leur décision en raison de l’inflation. Cependant, la demande en espace de stockage demeure importante en Europe. Pour y répondre, Haropa Port a mis à disposition un espace de 20 hectares pour le groupe CAT sur le site de Rouen. « Les voitures arrivent par navire au Havre et sont acheminées sur l’aire de stockage par voie routière », indique Stéphane Raison.

La stratégie d’adaptation vers la décarbonation

Dans ce contexte de baisse des trafics, les ports de l’axe Seine adaptent leur modèle économique. « Nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 416 M€, en progression de 9,8% par rapport à l’année précédente. En adaptant notre port, nous pouvons maintenir notre stratégie d’investissement vers la décarbonation tout en assurant une part d’auto-financement. » Ainsi, en 2024, Haropa a budgété une enveloppe de 201 M€ pour les différents travaux.

Démarrage des travaux de la chatière

Ces investissements concernent plusieurs chantiers. Les travaux pour la chatière de Port 2000 englobera 70 M€. Ils doivent démarrer dans le courant de l’année. L’ouvrage sera opérationnel en 2026. « Cet ouvrage est destiné à développer l’offre multimodale de Port 2000 en permettant l’accès fluvial directement depuis le port historique vers ces quais. » Toujours sur Port 2000, Haropa reconfigure les infrastructures routières et ferroviaires des postes 11 et 12. Ce projet a pour ambition de permettre le développement du mode ferroviaire sur le port.

Le rééquilibrage des plate-formes à l’ouest de Paris

Par ailleurs, le budget pour les investissements s’étend jusqu’en région parisienne. Les travaux du Port Seine-Métropole Ouest, sur la ville d’Achères, démarrent cette année. Ce site doit permettre de recevoir des produits de la filière BTP. Haropa Port souhaite « rééquilibrer les plates-formes portuaires à l’ouest de Paris », explique le président du directoire. Le coût total de ce nouveau port s’élève à 122 M€. En 2024, il est prévu d’affecter 40 M€. Enfin, des travaux sont entrepris sur le site de Petit Couronne à Rouen. Ils visent à prolonger et rempiéter les quais. Le quai accueille actuellement un trafic de ferrailles et un silo. Le premier a été déplacé pour réaliser les ouvrages. Pour finir, ces opérations permettront de recevoir des navires de 230 m de long, notamment pour le silo de la société Beuzelin.


Les Jeux olympiques : un casse-tête aux effets bénéfiques

Les Jeux olympiques de Paris en 2024 apparaissent avec deux effets opposés. D’une part, Haropa Port, la préfecture de Paris et les JOP 2024 doivent prendre en considération les impératifs économiques. Les opérateurs céréaliers s’inquiètent de la fermeture de la Seine pendant la durée des Jeux olympiques et des Jeux Paralympiques. En effet, les approvisionnements dans les ports se réalisent dès la moisson. De plus, toute la logistique urbaine risque des perturbations en raison de la fermeture de la Seine pour certaines épreuves.

L’arrêt de la navigation pendant huit jours

D’un autre côté, l’installation du village olympique le long de la Seine, la cérémonie d’ouverture sur le fleuve (une première puisque ces cérémonies se déroulent généralement dans un stade), et l’acheminement par voie fluviale des sportifs, seront une publicité unique pour le fluvial à Paris. Compte tenu des impératifs de sécurité, Haropa Port a décidé avec la préfecture de fermer la Seine huit jours avant la cérémonie d’ouverture. Ainsi, le transport fluvial dans Paris sera arrêté entre le 19 juillet et le 27 juillet à 12h. Quant aux épreuves de triathlon, qui se dérouleront en partie en Seine, il est prévu d’interrompre la navigation de 2h à 11h le jour des épreuves. Pour les opérateurs, la solution consiste à faire stationner les barges à l’amont et l’aval de Paris. Le port créé une cinquantaine de places pour le stationnement des barges.

« Pour réussir ces JO nous avons besoin de tout le monde », a déclaré Marc Guillaume, préfet de la Région Paris. Un partenariat qui se concrétise par la signature d’une convention entre le Comité olympique des JO, la préfecture et Haropa Port. Un document qui prévoit aussi l’engagement vers la décarbonation. Le document s’engage vers l’électrification des unités fluviales. Lors de JO, entre 20 et 30 bateaux seront électrifiés. « Avec un objectif de 100% des bateaux de croisière en Seine électrifiés avant 2050 », continue Stéphane Raison.