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Hub Antilles : le rêve antillais passe par une baisse des coûts

L’annonce de la création d’un hub portuaire aux Antilles est perçu comme une bonne chose. Il reste que pour fonctionner, ce hub doit s’accompagner de réductions de coûts.

Passé l’euphorie de l’annonce du Hub Antilles en Guadeloupe et en Martinique, le temps est venu d’entrer dans la réalité. Il reste que ce projet de faire des deux ports des îles caribéennes des hubs portuaires apparaît comme un atout pour les deux îles.

Ce hub est une bonne décision

Cette position est partagée par les professionnels portuaires des îles. Jean-Claude Florentiny, secrétaire général du Groupement des importateurs antillais (GIA) le confirme. « Un hub portuaire aux Antilles avec un armateur fort comme le groupe CMA CGM est une bonne décision pour nos îles. » Après l’annonce, le responsable du GIA souhaite que des efforts soient réalisés sur les coûts de passage portuaire.

Impliquer tout le monde, notamment économique

Lors de l’annonce de ce projet en décembre, seuls les ministres de l’époque (Clément Beaune et Hervé Berville) et le groupe CMA CGM étaient présent. « Il faut impliquer tout le monde dans ce projet de hub portuaire« . Il souhaite que les collectivités locales mais aussi le monde économique soit directement concerté. En effet, lors de l’annonce, Jean-Claude Florentiny constate de nombreuses absences de collectivités locales et d’opérateurs économiques antillais.

Des investissements pour allonger les quais

Ce Hub Antillais signifie pour les deux GPM de la Martinique et de la Guadeloupe des investissements lourds entre 250 M€ et 300 M€. Des sommes qui serviront à l’allongement des quais. Des travaux qui permettront au groupe CMA CGM d’aligner des navires plus grands pour la desserte des Caraïbes. Comme l’explique Jean-Rémy Villageois, président du directoire du GPM de la Martinique, les flux pour la Guyane transborderont à la Guadeloupe. Ceux en provenance d’Amérique du Sud, passeront par le port martiniquais.

Un observatoire des coûts de passage portuaire

Ce nouveau schéma logistique satisfait Jean-Claude Florentiny. Cependant, il ajoute qu’il « ne peut fonctionner qu’avec une baisse des coûts ». Il préconise que chacun fournisse un effort à sa mesure. Et cet appel prend un caractère urgent. « Nous devons poser les questions maintenant pour pouvoir apporter une réponse lors de sa mise en opération. » Pour se faire, il évoque l’idée de créer un observatoire des coûts de passage portuaire qui suive les tendances.

Le hub, un projet porteur pour l’avenir ?

À l’inverse de cet enthousiasme, le site web de Guadeloupe 1ere semble plus sceptique. Il s’interroge sur la stratégie portuaire des deux îles. « Avoir pour ambition de faire du transbordement de conteneurs, est-ce vraiment un projet porteur, d’avenir et de retombées positives, pour un territoire en développement ? », questionne le journal. En effet, selon le site de Guadeloupe 1ere, ce projet représente « un modèle qui, on le sait, va droit dans le mur. »

Le hub dédié décrié

Et pour abonder dans ce sens, Guadeloupe 1ere s’inquiète de la situation caribéenne. Il explique que le groupe CMA CGM investi lourdement dans le port de Kingston en Jamaïque. De plus, d’autres îles de la Caraïbe prennent le même chemin « sous la coupe des autres gros transporteurs ». Alors ce modèle de hub dédié reste viable ? Pour Jean-Claude Florentiny, les investissements du gouvernement dans les ports antillais profitent en premier lieu au groupe CMA CGM. Ils bénéficient aussi aux populations locales.

La porte ouverte à de nouveaux opérateurs

Nulle part, il n’est question de faire de la Guadeloupe et de la Martinique un hub dédié au groupe CMA CGM. En revanche, depuis quelques années, les importateurs antillais réclament l’arrivée d’un nouvel opérateur pour étoffer la concurrence. Certains craignent que ce modèle ne ferme la porte à tout nouvel opérateur. Des inquiètudes qui ne sont pas toujours fondées. Une analyse que défend Jean-Claude Florentiny. « Un autre transporteur peut venir escaler dans les ports des Antilles. La situation sera un peu compliquée mais théoriquement cela est possible. » Une position qu’il affirme pour éviter de faire des deux ports antillais, des hubs dédiés.

Un hub pour les narcotrafiquants

Enfin, intervenant devant une commission sénatoriale, des représentants de Martinique et de Guadeloupe ont soulevé leurs inquiétudes de voir les ports des deux îles transformés en hub portuaire pour les narcotrafiquants. Ce risque demeure avec ou sans les investissements. Il est, comme à Anvers, le revers de médaille du succès.