Corridors et logistique

La Cnuced tire la sonnette d’alarme face aux crises géopolitiques

Dans une conférence de presse du 25 janvier, Jan Hoffmann, chef de la division logistique de la Cnuced rappelle l’impact des trois crises, le conflit en Ukraine, les attaques des Houthis en mer Rouge et les restrictions du canal de Panama.

Le 25 janvier, lors d’une conférence de presse, le responsable de la division logistique de la Cnuced, Jan Hoffmann, revient sur l’impact des trois crises qui touchent actuellement le monde maritime. Il s’agit du conflit en Ukraine, des attaques des Houthis en mer Rouge et des restrictions du canal de Panama. Ainsi, les principales routes maritimes conteneurisées entre l’Asie et l’Europe et l’Asie et les États-Unis sont directement concernées.

Le conflit en Ukraine a perturbé les flux céréaliers et pétroliers

Pour aller plus en détail, Jan Hoffmann rappelle que le conflit en Ukraine a eu un impact important sur les trafics céréaliers et les trafics pétroliers. En effet, la Russie et l’Ukraine, ensemble, représentent plus de 60% des exportations mondiales de céréales. De plus, la Russie exporte une grande partie de sa production pétrolière et gazière. Alors, après l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les sanctions contre Moscow, les opérateurs ont modifié leurs logistiques.

Une baisse de 62% des transits par Panama

Par ailleurs, la sécheresse au Panama incite l’autorité du canal à restreindre le nombre de passages chaque jour. Ainsi, précise Jan Hoffmann, « le nombre de passages de navires par ce canal a diminué de 36% en décembre par rapport à décembre 2022. Ce chiffre est en retrait de 62% par rapport à décembre 2021 ». Et depuis le mois d’octobre, la crise en mer Rouge créé de nouvelles perturbations logistiques. « Ainsi, nous constatons une hausse des taux de fret des coûts de transport mais aussi une augmentation des émissions des navires en raison du déroutement. »

La hausse des taux de fret concerne toutes les liaisons

Par conséquent ces crises ont des effets sur les taux de fret, continue le responsable de la division logistique de la Cnuced. Et pour appuyer ses dires, il rappelle que les taux de fret entre l’Asie et l’Europe ont augmenté de 260%. « Encore, les taux entre l’Asie et les ports de la côte ouest des États-Unis progressent de 162% alors qu’ils n’empruntent ni le canal de Suez ni celui de Panama. » Outre les taux de fret, les primes d’assurance ont également grimpé en flèche, aggravant le coût global du transit.

Une hausse sur les prix finaux attendue dans un an

Alors ces différentes crises politiques impactent directement les prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Les interruptions prolongées, notamment pour les trafics conteneurisés, constituent une menace pour les chaînes logistiques. Les risques de retard d’approvisionnement voire de pénurie de certains produits pendant un temps limité existent. De plus, l’allongement du temps de transport et l’offre plus réduite de capacité se répercute sur les coûts des marchandises. « Nous ne constatons pas aujourd’hui cette hausse des prix dans les rayons des distributeurs. Il faudra environ un an avant de voir la hausse se répercuter », indique Jan Hoffmann.

La flambée du coût de l’énergie

De même, le coût de l’énergie flambe. En effet, depuis le 16 janvier, aucun navire GNL n’emprunte le canal de Suez. Tous les armements ont annoncé avoir dérouté leurs navires par le sud de l’Afrique. Quant aux transits de pétroliers par le canal de Suez, ils sont en net retrait par rapport à l’année passée. Ces changements impactent directement la disponibilité d’énergie en Europe avec un effet de hausse sur les prix.

Un impact fort pour les pays en développement

Et la Cnuced rappelle que ces crises impactent plus particulièrement les pays en développement.  « Les pays en développement sont particulièrement vulnérables à ces perturbations, et la Cnuced reste vigilante et suit l’évolution de la situation », déclare Jan Hoffmann. Alors, elle souligne l’urgence d’adapter l’industrie du transport maritime et la coopération internationale pour faire face au remodelage soudain de la dynamique du commerce mondial. Les défis actuels soulignent la vulnérabilité du commerce aux tensions géopolitiques et aux problèmes liés au climat, ce qui exige des efforts collectifs pour des solutions durables, en particulier pour soutenir les pays les plus vulnérables à ces chocs.