Le canal de Panama sous l’effet du changement climatique
Intervenant pendant le Forum maritime de New York, l’administrateur du canal de Panama, Ricaurte Vásquez Morales, a rappelé les effets du changement climatique sur l’artère maritime.
Le canal de Panama a défrayé la chronique en 2024. La sécheresse qui a sévi au Panama fin 2023 a obligé l’autorité du canal de Panama à réduire le nombre de transits. Alors, lors de son intervention au Forum maritime de New York, l’administrateur du canal de Panama, Ricaurte Vásquez Morales, est revenu sur l’exercice fiscal de cette artère, d’octobre à septembre.
Une baisse de 29,3% des transits
Si les chiffres pour l’exercice terminé le 30 septembre ne sont pas encore publiés officiellement, l’administrateur a dévoilé les premières tendances. En 2024, le canal de Panama a réalisé 9 944 transits. Un chiffre en baisse par rapport à 2023 de 29,3%. Pour mémoire, en 2023, le nombre de transits a baissé de 1,2%. Au total, en deux ans, le nombre de passage par ce canal a perdu 30%. L’analyse des chiffres en tonnage chargé à bord des navires est aussi en diminution. Sur l’exercice fiscal 2024, le canal de Panama a traité 423 Mt. Un chiffre global en baisse par rapport à 2023 de 17,2%. Enfin, les navires de type Panamax dominent l’année 2024 avec 71%, soit 7 084 navires. En 2023, cette catégorie a représenté 54%. Les Neopanamax sont passés de 46% en 2023 à 21% en 2024.
Des limitations qui ont un effet sur les finances publiques
La diminution s’explique par les conditions climatiques. En 2023, la saison des pluies au Panama n’a pas donné les volumes d’eau attendus. Or, le besoin en eau pour le fonctionnement des écluses est important en volume. Alors, les autorités panaméennes ont dû faire un choix entre la disponibilité de l’eau pour le pays et le fonctionnement du canal. Elles ont donc décider de réduire le nombre de passage. Depuis novembre et plus intensément depuis février, elles ont limité le nombre de transit. Des conditions climatiques qui se ressentent aujourd’hui sur les chiffres du trafic du canal. Le choix a été difficile. Effectivement, les droits de passage du canal alimentent les caisses de l’État. La limitation des transits a donc impacté les finances publiques du pays.
Une gestion pour améliorer le temps de passage
Cependant, dans cette situation compliquée en fin 2023 et début 2024, l’autorité du canal de Panama a su malgré tout améliorer certains aspects. Dans son discours, l’administrateur a rappelé que la gestion de la crise a permis aussi de réduire les temps d’attente. En moyenne, les navires attendent 15 heures de moins que lors du précédent exercice fiscal, soit une baisse de 49,1%.
Une gestion fine des besoins en eau
De plus, le temps de transit diminue. Les navires gagnent 8,1% de leur temps de transport dans le canal entre leur entrée dans la première écluse et la sortie de la dernière. Une baisse qui correspond à 0,9 heures. Enfin, a continué Ricaurte Vásquez Morales, avec une gestion plus fine de l’eau, l’autorité du canal a permis de réduire la quantité d’eau potable utilisée pour chaque transit. Il cite le chiffre d’environ 0,4 m3 par transit de navire Neopanamax.
L’exception d’hier pourrait être la norme de demain
La saison des pluies de 2024 s’annonce sous de meilleurs auspices. Les limitations du début de l’année ne devraient pas se répéter en 2025. Néanmoins, le lac Gatún, qui fait partie de la voie maritime, reste le principal réservoir d’eau potable de l’Amérique Centrale. L’autorité du canal devra gérer les niveaux de ce lac tout au long de l’année pour éviter une crise sociale au Panama et dans les pays voisins. L’exercice fiscal 2024 tire la sonnette d’alarme. Même s’il ne se répète pas en 2025, il peut être la norme de demain avec le changement climatique.