Le groupe Lahaye et Grain de Sail décarbonent la chaîne logistique maritime
Le groupe Lahaye charge 40 palettes de marchandises sur le navire Grain de Sail II. Une opération qui démontre de la capacité de décarboner une chaîne logistique maritime de bout en bout.
La décarbonation de la chaîne logistique maritime passe par une coopération entre tous les acteurs. C’est sur cette idée que plusieurs responsables logistiques ont débattu lors du Maritime Day de la SITL 2024. Pour les deux commissionnaires présents à cette table ronde, Éric Martin-Neuville, Executive vice-président, Global Freight Forwarding de Geodis, et Stéphane Defives, directeur de Sea Freight chez Kuehne et Nagel, la décarbonation passe par plusieurs actions.
La propulsion vélique pour décarboner le maritime
Il s’agit en premier lieu d’investir dans des solutions digitales pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre. Ensuite, l’optimisation de chargement des marchandises permet de réduire les émissions. Par ailleurs, la propulsion vélique apparaît comme une solution à développer. Enfin, la réduction des émissions sur les pré et post acheminements.
Le groupe Lahaye utilise Grain de Sail

Ces différentes actions, le groupe Lahaye la mettent en pratique. Ainsi, le 15 mars, le logisticien rennais a chargé 40 palettes conditionnées sur le navire à propulsion vélique Grain de Sail II à destination de New York. « Nous voulons proposer des offres décarboner qui intègrent l’ensemble de la chaîne logistique », explique Matthieu Lahaye, directeur général du groupe Lahaye. Alors, pour la première fois, ils utilisent la solution proposée par Grain de Sail.
Du prêt-à-porter et des parfums
Une première expérience réalisée pour transporter du prêt-à-porter et du parfum depuis la région Centre et l’Ile de France. « Nous sommes avant tout des transporteurs terrestres. Pour acheminer les marchandises depuis leur lieu de stockage au port de Saint Malo, nous utilisons des camions propulsés au gaz », nous confie Matthieu Lahaye. Cette solution réduit les émissions de CO2 et de Nox.
Un entrepôt sur le port de Saint Malo
Pour le chargement à bord du navire de Grain de Sail, les marchandises sont d’abord mises dans un entrepôt au port de Saint Malo. Elles sont ensuite reprises pour être chargées directement sur le navire. « Les produits sont mis sur des palettes. Cela convient tout aussi bien au transport terrestre qu’au maritime avec Grain de Sail », indique le directeur général du groupe Lahaye.
Le ferroviaire en appui de la décarbonation
Du côté du lien maritime, le chargement dans le port de Saint Malo apparaît comme une solution intéressante pour le groupe Lahaye. « Nous travaillons aussi avec le ferroviaire pour certains flux. Notre dépôt principal ferroviaire est à Rennes. Nous pouvons donc travailler en massifiant des flux et rejoindre aisément Saint Malo. Ce port de chargement nous convient. »
Le vélique, une solution qui peut se décliner
Cette première expérience de chargement à l’export se réalise avec un fret retour depuis les États-Unis. Si le volume transporté par le navire Grain de Sail II reste faible (environ 350 t de capacité), la solution reste intéressante. Pour le directeur général du groupe Lahaye, l’utilisation d’un navire à propulsion vélique peut convenir à de nombreux flux. Le transit time entre les deux ports n’est pas un frein. « Il faut l’expliquer au marché, confie Matthieu Lahaye. La décarbonation passe aussi par un allongement du temps de transport. »
Un coût plus élevé qui se gomme avec les règlementations
Quant au coût du transport, il reste plus élevé que l’utilisation d’une ligne régulière. Ce prix incite les opérateurs à proposer ces solutions pour des marchandises à haute valeur ajoutée. Cependant, indique le directeur général du groupe Lahaye, ce surcoût se gommera dans les prochaines années avec l’entrée en vigueur de règlementations contraignantes. Ces prochaines règles visent à réduire les émissions de CO2 en imposant de nouveaux paradigmes. Alors, le surcoût logistique proposé par le groupe Lahaye et Grain de Sail se gommera. Dans ces conditions, le groupe Lahaye espère pouvoir réitérer cette expérience. « Nous sommes dans une démarche de pérennisation de cette logistique. Nous regardons aussi les développements que Grain de Sail peut apporter. »
Une traversée en 15 jours
De son côté Grain de Sail surfe sur cette vague. Le groupe propose une liaison Saint Malo New-York en 15 jours, soit environ le double de ce qui se fait par un porte-conteneurs régulier. « Nous affichons une vitesse de croisière entre 11 et 12 nœuds pendant la période d’octobre à juin. Au cours de l’été, les conditions météorologiques peuvent nous amener à un allongement du temps de transport sans jamais dépasser 20 jours, indique Stefan Gaillard, responsable marketing de Grain de Sail.
Saint Malo en hub logistique

Déjà, Grain de Sail assure six rotations par an. En effet, il assure une liaison sur New-York trois à quatre fois par an et une boucle avec les îles des Caraïbes deux à trois fois par an. Des lignes assurées par le Grain de Sail II, navire de 52 m de long. L’autre navire de la compagnie, d’une taille de 24 m, assure des dessertes en short sea en Europe. L’un et l’autre ont en commun le point de départ : le port de Saint Malo. « Nous faisons de ce port notre hub logistique. Nous y assurons les départs en transatlantique mais aussi les liaisons européennes avec le Royaume-Uni, l’Irlande et le Portugal. »
Du luxe aux pièces détachées industrielles
Quant aux flux, ils concernent principalement des marchandises qui doivent être transportées en température ambiante. Aujourd’hui, les chargeurs de Grain de Sail se retrouvent parmi les exportateurs de vins, spiritueux, du luxe, de la maroquinerie mais aussi de produits pharmaceutiques. « Nous disposons à bord du contrôle de l’hydrométrie, important pour des produits qui craignent l’humidité ». En outre, Grain de Sail assure déjà le transport de pièces détachées de l’industrie. « Nous diversifions nos trafics », indique Stefan Gaillard. Alors pour anticiper une croissance de trafics, Grain de Sail réfléchi à son avenir. « Construire un troisième navire peut être envisagé. Il dépend en grande partie de notre développement et de la demande de nos clients. »