Corridors et logistique

Mer rouge : la tension demeure et les taux de fret grimpent

Les attaques de navires par les Houthis continuent. Face à cette intensification les armateurs reroutent les navires. Pour les donneurs d’ordre, cette situation implique une hausse des taux de fret entre l’Asie et la Méditerranée.

Les fantômes des années 2000 ressurgissent. Après les attaques par les pirates somaliens au cours de la première décennie du siècle, ce sont désormais les forces Houthis qui perturbent les chaînes logistiques internationales. Depuis l’attaque du Galaxy Leader en novembre, le nombre d’attaques perpétrées par des milices houthis n’a cessé d’augmenter.

Déroutement par le cap de Bonne-Espérance

Alors, l’attaque du Mærsk Hangzhou, le 2 janvier, dans l’océan Indien a incité les armateurs à se détourner des côtes du Yémen. En effet, dans une communication à ses clients, l’armement précise qu’à compter de ce jour, les navires entre l’Asie et la Méditerranée empruntent la route par le cap de Bonne-Espérance. « Nous comprenons l’impact de cette décision sur votre logistique mais notre priorité est avant tout d’assurer la sécurité des équipages et des navires », précise Mærsk.

Un conteneur 40’ à 6000$

Par conséquent, en reroutant les navires, les compagnies maritimes ajustent aussi leurs taux de fret. Effectivement, le groupe CMA CGM alerte ses clients d’une hausse importante des taux de fret pour les conteneurs FAK, à savoir ceux destinés pour des transports au coup par coup. À compter du 15 janvier, un conteneur 20’ d’Asie vers l’Europe du Nord sera facturé 3200$. Pour une boîte de 40’, le taux de fret sera de 6000$. Les conteneurs destinés à la Méditerranée voient leurs prix augmenter aussi à la même date. Ils seront de 3500$ pour un 20’ et de 6000$ pour un 40’ vers la Méditerranée occidentale. Des tarifs qui passeront à, respectivement, 3600$ pour un 20’ et 6200$ pour un 40’ vers la Méditerranée orientale.

Le triplement du coût d’un conteneur

À titre de comparaison, l’armateur marseillais annonce le 24 novembre des taux de fret entre l’Asie et l’Europe du Nord à 1100$ pour un 20’ et 2000$ pour un 40’. Alors, pour les acheteurs européens, le prix du transport des marchandises en provenance d’Asie triple en moins de deux mois. Cependant, cette hausse appliquée par CMA CGM n’est pas la seule. Ainsi, Hapag Lloyd indique des augmentations de 320% depuis les ports du sous-continent indien vers l’Europe. Et la liste des hausses n’épargne aucun armateur.

La hausse des primes d’assurance

Ces hausses de taux de fret s’accompagnent aussi d’une augmentation des primes d’assurances. En effet, dès la première attaque des Houthis, le monde de l’assurance maritime a classé la zone du détroit de Bab el Mandeb au niveau le plus élevé. S’il reste difficile d’avoir des éléments chiffrés, les surprimes risques de guerre pour des navires transitant par la mer Rouge passent de 0,03% de la valeur de la marchandise à 0,1%. Pour les industriels, ce différentiel se répercute directement sur le prix des marchandises en rayon.

L’engagement des marines militaires

Dans ce contexte, la communauté internationale s’inquiète. Le World Shipping Council, au nom des armements conteneurisés, le Bimco et l’International Chamber of Shipping, appellent à la sauvegarde de la liberté de navigation et la protection des marins. « Nous remercions les 12 nations (Australie, États-Unis, Bahreïn, Belgique, Canada, Danemark, Italie, Japon, Pays-Bas, Nouvelle Zélande et le Royaume-Uni) pour leur engagement dans la défense des règles de droit international », indique un communiqué des trois organisations. La France demeure présente sur zone avec des moyens militaires. Selon certaines sources, l’Espagne aurait refusé de participer à cette force navale internationale.