Corridors et logistique

Robin des Bois appelle à cesser les exportations de bétail par la mer dans les conditions actuelles

L’association publie un rapport sur les navires de transport d’animaux vivants agréés par l’Union européenne. Elle dresse un portrait type peu reluisant d’une flotte âgée, présentant des déficiences, naviguant souvent sous des pavillons douteux. Un article de Gaël Cogné de Mer et Marine.

L’association française Robin des Bois et l’organisation allemande Animal Welfare Foundation (AWF) publient un nouveau rapport documenté de 190 pages sur le transport maritime d’animaux vivants. Il est accompagné d’un film comprenant des images parfois difficilement soutenables. Trois ans après leur précédent rapport, adressé à la Commission européenne, elles jugent que la situation a encore « empiré ». Les deux associations ne cessent de rappeler aux autorités nationales et européennes, la situation de ces transports.

64 navires agréés par l’UE

Sur 144 navires transporteurs de bétail référencés dans le monde, Robin des Bois a dénombré 64 navires agréés par l’Union européenne pour embarquer dans ses ports maritimes des animaux issus de l’élevage européen. L’association en brosse un portrait type peu reluisant : « La bétaillère maritime type est un navire-poubelle de 43 ans. Il sert de cargo polyvalent, de voiturier (Ro-Ro), de cargo réfrigéré ou de porte-conteneurs. Au lieu d’aller à la casse, et après conversion et modification, il a rebondi dans un autre usage au détriment des animaux vivants. Leur bien-être n’est pas pris en compte à bord de ces galères. Leur sécurité et celle des équipages non plus. Le transport maritime d’animaux vivants est incompatible avec ces navires hors d’âge épargnés par le ferraillage, polluants et ressuscités par un lifting précipité ».

Des navires avec des déficiences

Le rapport pointe que 48% de ces navires (31 unités) agréés par l’UE battent le pavillon d’un pays figurant sur la liste noire du Mémorandum d’entente de Paris. De plus, 67% des navires sont classés par des sociétés qui ne font pas partie de l’IACS (Association internationale des sociétés de classification). Seuls 6% de ces navires ont été initialement construits pour le transport d’animaux, ce qui peut poser « des problèmes inhérents à la construction et à la stabilité des bétaillères et un risque de chavirement ». De plus, 92% de ces navires ont présenté entre janvier 2021 et décembre 2023 des déficiences quant à la sécurité de navigation.

Éviter des souffrances aux animaux

« Les mêmes problèmes prédominent : le transport de bétail par voie maritime est une question négligée en ce qui concerne le bien-être des animaux, la sécurité des équipages et la pollution générée par les navires sous-normes utilisés pour ce commerce », écrivent les associations en conclusion. Elles estiment que « le transport d’animaux sensibles sur ces navires dangereux constitue une violation flagrante du règlement (CE) n°1/2005, article 3, qui stipule que « nul ne transporte ou ne fait transporter des animaux dans des conditions telles qu’ils risquent d’être blessés ou de subir des souffrances inutiles » et que « les moyens de transport doivent être conçus, construits, entretenus et utilisés de façon à éviter des blessures et des souffrances aux animaux, et à assurer leur sécurité ». »

Remplacer les animaux vivants par le transport de carcasses

En conséquence, Robin des Bois et AWF plaident pour que l’UE remplace l’exportation d’animaux vivants par un commerce de carcasses. Et réclament aussi que les normes d’agrément de l’UE soient renforcées, estimant que « seuls les navires battant un pavillon sur la liste blanche devraient être agréés pour le transport d’animaux vivants », que les navires devraient être classés par une société membre de l’IACS ou encore que l’OMI élabore une norme mondiale pour le transport d’animaux vivants.