Corridors et logistique

Sénalia : la diversification vers la logistique conditionnée se concrétise

La campagne 2022/2023 s’achève sur une baisse des volumes traités par Sénalia. L’activité de la logistique industrielle plombe les chiffres. Le groupe se tourne désormais vers de nouvelles activités logistiques.

Sénalia achève la campagne céréalière 2022/2023 sur une baisse du volume traité. En effet, avec 6,7 Mt, le manutentionnaire rouennais affiche un repli de 3%. Du côté des exportations de céréales, le trafic est à l’étal. Ainsi, Sénalia a exporté 4,1 Mt au cours de la campagne. Un courant en recul de 0,4% par rapport à la campagne précédente. Cependant, Sénalia pèse encore lourd dans le paysage de la manutention de céréales. Le groupe traite 45% des exportations céréalières de Rouen et 25% des exportations françaises.

Le blé progresse de 2%

Néanmoins, ce léger retrait de volume ne doit pas cacher la bonne tenue des exportations de blé. Ainsi, Sénalia a exporté 2,7 Mt de blé au cours de la dernière campagne céréalière. Un chiffre en progression de 2%. Autre secteur en progression, les orges de brasserie enregistrent une progression de 13,3% à 459 000 t. Cependant, les sorties d’orge fourragère et les oléagineux voient leur trafic baisser de 6,6% et 67,6%. Deux courants qui font passer cette activité dans le rouge.

La progression de la région Hauts de France

Au cours de la campagne 22/23, les approvisionnements se concentrent dans trois régions : l’Ile de France, la Normandie et les Hauts de France. Au cours de cette campagne, l’Ile de France est devenue la première région d’approvisionnement du site de Sénalia devant la Normandie. Effectivement, les céréales normandes se contractent en raison d’une production plus faible lors de la moisson 2022. Néanmoins, au cours de la campagne 2022/2023, la région des Hauts de France voit son trafic progresser de 39,5% à 957 000 t.

Le fluvial : 32% des approvisionnements

Du côté des modes de transport utilisés, les modes massifiés gagnent du terrain. Ils représentent 42% du total. Un chiffre en progression puisqu’il s’établissait à 39% sur la précédente campagne. La voie d’eau prend la plus grande part avec 32% quand le ferroviaire totalise 10%. « En deux ans, la voie d’eau augmente de 27% », précise Gilles Kindelberger, directeur général du groupe Sénalia. La route demeure majoritaire avec 58% des approvisionnements.

La Chine, première destination de la campagne

À l’aval de la logistique, les céréales sont expédiées vers trois destinations principales : la Chine avec 27,1% des expéditions. Vient ensuite l’Algérie avec 17,6% puis le Maroc avec 16,2%. Ces trois pays représentent 61% de la totalité des volumes exportés. Au cours de cette campagne, Sénalia a chargé 37 navires en direction de la Chine avec des blés, des orges fourragères et des orges de brasserie. Derrière ce tiercé, se retrouvent des pays comme l’Union européenne, l’Égypte, la Tunisie, le Gabon et le Cameroun. De nouvelles destinations apparaissent. Ainsi, la Colombie a importé des orges, le Pakistan avec du blé, l’Iran, l’Arabie Saoudite et la Jordanie avec des orges.

Logistique industrielle : en diminution de 6,5%

Du côté de la logistique industrielle, la situation se montre plus compliquée. En effet, avec 2,6 Mt traitées au cours de la campagne, Sénalia voit ces volumes se contracter de 6,5%. La trituration de graines de colza pour le compte de Saipol conserve son premier rang avec 1,6 Mt traitées. Cependant, ce trafic enregistre une baisse de 6,9%. Le site de Lillebonne a traité pour sa part 759 000 t, en retrait de 13%. Il reste que dans cette activité, le sucre reprend des couleurs. En effet, le terminal Robust de Rouen a signé un partenariat avec Tereos depuis 2021. Ainsi, au cours de la précédente campagne, le terminal a traité 51 000 t contre 6 000 t la campagne précédente. Enfin, le cacao pour Barry Callebaut et Cargill gagne 10,4% à 127 000 t.

La diversification vers la logistique conditionnée

Après avoir consolidé sa position dans la logistique de produits agroalimentaires, le groupe Sénalia entreprend une diversification de ses activités. Après avoir racheté GQ Logistics en 2022, le groupe Sénalia a décidé d’investir dans cette activité. « La logistique conditionnée représente un des quatre axes de notre développement », a rappelé Thierry Dupont, président de Sénalia. Aujourd’hui, le groupe dispose d’un entrepôt de 15 000 m2. « Face à la demande locale importante, nous avons atteint un taux de remplissage de 100% », continue Thomas Desjonquières, directeur logistique du groupe Sénalia.

Deux nouveaux sites

Et cet investissement se réparti sur deux nouveaux sites. Il s’agit de l’ancien site de Petroplus et celui d’Eurapharma. Au total, le groupe disposera de 75 000 m2 d’entrepôts à exploiter d’ici à la fin 2024 sur le site de Rouen-Haropa. « Et nous ne nous arrêterons pas en si bon chemin », continue le directeur général de Sénalia. L’objectif du groupe vise à consolider sa position dans la logistique céréalière tout en se diversifiant vers la logistique conditionnée.

Sénalia regarde à l’étranger

De plus, le groupe envisage aussi d’investir à l’étranger. Une intention qui date de plusieurs années. Elle a été mise en sommeil pendant la crise sanitaire. Des opportunités apparaissent, notamment vers des destinations traditionnelles d’exportation de céréales. « Nous avons regardé le marché en Algérie, au Maroc et au Qatar », confirme Gilles Kindelberger. Ce dernier a lancé un appel d’offres pour exploiter un terminal céréalier. « Nous allons y répondre. Nous pensons que nous ne le ferons pas seul mais avec un partenaire. »

Une baisse de 30% des exportations pour la campagne actuelle

Enfin, s’agissant des six premiers mois de la campagne en cours, Gilles Kindelberger ne cache pas les chiffres en baisse. Comparativement à la précédente campagne, les six premiers mois de l’actuelle campagne affichent des trafics en recul de 30%. « Nous avons eu deux moissons. La première s’est déroulée avant le 25 juillet avec de la qualité. La seconde a eu lieu après cette date. Les pluies ont dégradé la qualité », explique le directeur général de Sénalia. De plus, les blés français ont manqué de compétitivité face aux marchandises en sortie de mer Noire, notamment russes.

Le besoin de déstocker

Face à cette baisse des exportations, Gilles Kindelberger alerte sur les capacités de stockage. « À fin décembre, nos stocks étaient pleins à 80%. Nous avons chargé quelques navires en janvier et nous sommes aujourd’hui avec un taux de remplissage de 45%. Il va falloir déstocker parce que la prochaine campagne arrive à grands pas. »