Corridors et logistique

Conflit Russie-Ukraine : entre gaz et céréales, les négociations continuent

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine suscite des inquiétudes pour les économies occidentales sur l’approvisionnement en gaz. D’un autre côté, l’accord instituant des corridors logistiques pour l’exportation de céréales ukrainiennes est prévu de s’achever le 22 novembre. Entre gaz et céréales, les négociations s’activent.

Le conflit entre l’Ukraine et la Russie entre dans son 239è jour. Les avancées et recul de chaque belligérant continuent. Dans le même temps, les sanctions mises en place par l’Union européenne et d’autres pays pèsent sur toutes les économies. Empêchée d’exporter son gaz, la Russie cherche des partenaires pour contourner les sanctions. D’un autre côté, les corridors logistiques institués depuis le 1er août fonctionnent mais avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête : l’accord a prévu une date limite au 30 novembre.

Des stocks de gaz à 90%

Les sanctions contre les exportations de gaz russe doivent intervenir en fin d’année. Si l’Europe, et notamment l’Allemagne, prie pour un hiver doux, elle a anticipé une demande forte en gaz en remplissant ses stocks. Aujourd’hui, les stocks sont remplis à 90%. Mais, l’arrêt des livraisons par l’intermédiaire du pipe-line Nord Stream pose un souci. Depuis le mois de septembre et les attaques sur le pipe-line, la Russie n’exporte plus de gaz vers l’Allemagne.

Une consommation importante en Allemagne

Le coup de froid de la fin du mois de septembre a néanmoins mis à mal les stocks de gaz en Allemagne. Selon un expert cité par Reuters, la consommation de gaz allemande a dépassé de 14% la moyenne des quatre années 2014-2018. La situation pourrait s’avérer critique dans les prochaines semaines si les conditions météorologiques devaient se détériorer.

Créer un hub en Turquie

Pour assurer l’acheminement de gaz vers les pays européens, le président russe, Vladimir Poutine, a proposé au président turc, Tayyip Erdogan, de créer un hub gazier. Il s’agirait pour la Turquie de distribuer le gaz russe depuis ses ports en lieu et place des acheminements par le pipe-line Nord Stream.

Le rôle central de la Turquie

Or, si les 27 de l’Union européenne ont prononcé des sanctions contre la Russie et notamment son gaz, certains pays, comme la Serbie, la Hongrie et la Turquie ne s’inscrivent pas dans cette stratégie. La Turquie pourrait alors jouer un rôle central pour recevoir du gaz depuis la Russie, l’Azerbaïdjan, l’Iran, l’Iraq et Israël pour le réexporter vers l’Europe ou d’autres pays.

Le hub gazier, une idée vieille de 10 ans

Cette idée de créer un hub gazier en Turquie date de plus d’une décennie. La normalisation des relations commerciales entre l’Europe et la Russie n’a pas permis d’avancer sur ce projet. Le conflit a amené la Turquie a ressortir de ses cartons ce projet de hub gazier. Ce projet interviendrait dans une période importante pour l’actuel président du pays. En effet, les élections du nouveau président doivent intervenir l’année prochaine. Tayyip Erdogan veut éviter des coupures d’électricité dans le pays pendant l’hiver en raison d’un manque de gaz. De plus, il espère que ce rôle de plate-forme gazière sera bénéfique pour l’emploi.

Du gaz contre des céréales

Pour l’Europe, accepter l’importation de gaz peut peser dans les négociations sur la pérennisation de l’accord sur les corridors logistiques céréaliers. Le 20 octobre, ces corridors logistiques ont permis d’exporter 8,08 Mt depuis les trois ports ukrainiens d’Odessa, Yuzhni et Chornomorsk. Sur les 20 premiers jours d’octobre, les corridors logistiques ont traité 2,6 Mt, soit 3,4% de plus que la même période du mois de septembre.

Les négociations sont entamées

Pour pérenniser ces corridors logistiques, une délégation des Nations Unies menée par le secrétaire général adjoint, Martin Griffiths, et la directrice générale de la Cnuced, Rebeca Grynspan, se sont rendus en Russie pour négocier avec le résident du Kremlin une extension de l’accord sur les céréales. Dans le même temps, les représentants des Nations unies et de la Russie ont signé un projet d’accord pour faciliter l’exportation d’engrais et de produits alimentaires depuis la Russie.

Éviter la crise alimentaire mondiale

Dans un rapport publié le 20 octobre, la Cnuced détaille l’état actuel de ces corridors. Elle souligne l’importance du maintien de ce dispositif sur le long terme pour éviter une crise alimentaire mondiale. Si la Cnuced évoque les céréales ukrainiennes, elle reste muette sur la capacité de la Russie à exporter sa récolte qui a été record cette année avec plus de 90 Mt.