Corridors et logistique

Afrique du Sud : le gouvernement mise sur la souveraineté portuaire et maritime

Le gouvernement d’Afrique du Sud réaffirme sa politique des transports. Il souhaite développer le système portuaire, source de création d’emplois. Il lance aussi une réflexion pour la création d’une nouvelle compagnie maritime.

Le gouvernement sud-africain réaffirme sa politique en faveur des transports et notamment des ports. Le ministre chargé de la planification, du suivi et de l’évaluation, Seiso Mohai, a entrepris une visite dans les ports de Richards Bay et Durban pour faire le point sur le développement de ces sites.

Revitaliser l’infrastructure logistique

Les ports apparaissent comme essentiel à l’économie nationale. « Il y a de l’espoir pour la croissance économique en Afrique du Sud. Grâce à un développement stratégique des infrastructures, nous pouvons créer les conditions d’une croissance et d’un emploi durables », souligne le ministre. La stratégie du gouvernement vise à revitaliser l’infrastructure logistique et à stimuler les investissements.

Des investissements pour décongestionner les routes

Actuellement gérés par Transnet, une société publique, les ports doivent entreprendre des investissements. Déjà, des améliorations sont engagés avec l’acquisition de nouveaux portiques et d’équipements. Cependant, le ministre de la Planification et celui en charge des Transports, Mkhuleko Hlengwa, s’accordent sur les défis à relever. Parmi ceux-ci se retrouvent la congestion routière, la détérioration des infrastructures de transports et les perturbations logistiques.

Améliorer la productivité des ports

Pour le ministre en charge des Transports, cette filière demeure un élément clé de la transformation économique du pays. « Nos ports doivent devenir compétitifs au niveau mondial pour soutenir une croissance inclusive. Les investissements dans les infrastructures logistiques doivent se traduire par des avantages tangibles pour les Sud-Africains. » Les deux ministres ont aussi insisté sur le besoin d’amélioration de la productivité des ports.

Créer une compagnie maritime nationale

Cette visite dans les ports intervient dans le cadre de la politique générale de développement de ce secteur. Le 30 mai, l’Afrique du Sud a lancé un appel à projet pour la création d’une nouvelle compagnie maritime nationale. Une note indique que le département des Transports d’Afrique du Sud doit négocier avec les ministères concernés et les opérateurs internationaux pour créer une compagnie maritime nationale.

La Sasco pour les flux sud-africains

Depuis la vente de Safmarine au groupe Mærsk au début des années 2000, le gouvernement constate une baisse des flux du pays, « depuis que le pays a perdu sa compagnie nationale », confirme la note. L’idée est de créer une compagnie maritime nationale (la SASCO, South African Shipping Company) qui transportera les échanges internationaux du pays. La politique de souveraineté maritime nationale, remise au goût du jour par le président des États-Unis, semble faire des émules. En Afrique, le Nigéria a déjà lancé cette idée.

Ne pas répéter l’histoire

L’histoire a montré que la création de compagnies maritimes africaines n’a pas duré. Après la décolonisation de nombreux pays, à l’image du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Cameroun ou encore du Maroc, ont répondu aux chants des sirènes armatoriales. Néanmoins, ces armements ont connu des déboires financiers dès les années 80. Certains observateurs attribuent ces faillites à une gestion déplorable. D’autres voient dans ces fins de vie, la conséquence des premières crises du maritime.

Revenir au 40/40/20 ?

La note du gouvernement sud-africain ne précise pas si cette compagnie opèrera dans le monde du conteneur, du vrac sec, du vrac liquide ou du conventionnel. De plus, pour assurer d’un volume suffisant, Pretoria devra donner à cet armement un rôle majeur dans les flux internationaux. Est-ce à dire qu’un système comparable à celui de la Cnuced de 1976 (les 40/40/20 qui répartissaient les flux à 40% pour les armements africains, 40% pour les européens et 20% pour les autres) soit remis en vigueur ? Il faudra adapter un tel système avec l’économie actuelle. En effet, désormais la Chine a pris de l’importance dans cette filière. Ensuite, si les flux maritimes sont importants, ils ne peuvent se dissocier des dessertes terrestres. Comment seront considérées les filiales logistiques des compagnies maritimes dans la répartition des trafics.

Prendre en compte la logistique terrestre

Outre la souveraineté maritime, le gouvernement sud-africain doit prendre en compte les possibles détournements de trafics si les conditions logistiques se complexifient. Une partie des flux peuvent se rediriger vers les ports voisins comme Luanda à l’Ouest ou Maputo à l’Est pour contourner de nouvelles dispositions. De là à imaginer que l’Afrique du Sud empreinte à l’administration de Donald Trump une politique commerciale plus restrictive avec des tarifs douaniers élevés, il n’y a qu’un pas.