Assurances maritimes : le marché face au risque géopolitique
Le 23 et le 24 juin, la conférence ParisMAT, sur le marché de l’assurance transport, s’est tenu à Paris. Face aux événements politiques du moment, les assureurs ont confirmé leur position comme partenaire des opérateurs logistiques.
ParisMAT, conférence maritime sur l’assurance transport à Paris, permet de dresser un premier bilan économique de ce secteur. Présenté par le président du Comité maritime aviation et transport (Comat), Mathieu Daubin, les chiffres pour 2024 s’inscrivent dans une tendance positive.
Une hausse de 2,5% de l’assurance corps
Ainsi, l’ensemble de l’assurance transport a réalisé un chiffre d’affaires de 2,4 Md€, en progression de 1,7%. Ce chiffre représente les affaires traitées en France et hors France pour le marché français. Le principal poste de ce volume est pris par l’assurance corps de navires. Avec 937,6 M€, ce poste augmente de 2,5%. Une hausse qui s’accompagne d’une meilleure rentabilité financière. Un point positif pour le président du Comat en raison des difficultés financières des années précédentes. Les garanties des marchandises transportées entrent à hauteur de 896,7 M€. Une catégorie qui améliore ses résultats de 2,9%. Le solde est à mettre au crédit de l’assurance spatiale et aviation. Deux catégories dont le volume se tasse.

Le marché français en augmentation de 6,2%
Le marché français de l’assurance maritime réalise un meilleur score pour sa part. Avec 1,4 Md€ d’affaires souscrites en France pour les risques ordinaires et les risques de guerre, ce marché améliore son score de 6,2%. Sur les quatre dernières années, à savoir de 2021 à 2024, le marché français de l’assurance maritime progresse de 27,3%. Une augmentation qui est principalement à mettre au crédit des assurances corps de navires. Avec 665,3 M€ souscrits en France en 2024, ce marché améliore son score de 10,3% en un an et de 37,4% en quatre ans. Pour sa part, l’assurance facultés, reste dans la même veine avec une hausse de 3% en 2024 à 793,6 M€. Sur les quatre dernières années, cette catégorie croît de 19,8%.
Les détroits, des zones à surveiller étroitement
Le ParisMAT 2025 intervient dans un contexte géopolitique international tendu. Le conflit entre Israël et l’Iran menace le détroit d’Ormuz. Un détroit essentiel pour l’économie mondial puisqu’il voit transiter 25% du pétrole mondial. Thomas Gomart, directeur de l’Ifri (Institut français des relations internationales), rappelle que les détroits demeurent des zones à surveiller étroitement. Cependant, les événements récents démontrent de changements importants dans le monde. Dans ces conditions, le risque géopolitique doit être pris en compte. « Il est difficile à mesurer, souligne Thomas Gomart. Le sujet de fond est de savoir comment former les dirigeants des entreprises pour prendre ce risque en considération. »
La souscription s’analyse sur un spectre plus large
Dans ces conditions en perpétuel mouvement, le métier d’assureur change. Auparavant, la souscription d’un risque se fait sur des aspects techniques. Aujourd’hui, l’assureur doit analyser la situation d’un point de vue global. Il faut appréhender le risque en connaissant la situation du vendeur, de l’acheteur, du transporteur et de toutes les parties à la chaîne logistique », explique Angèle Van Pham, directrice France de MS Amlin Marine. Une position qui existe depuis le conflit entre la Russie et l’Ukraine. « Dès les premiers jours du conflit, les courtiers ont dû trouver de nouveaux assureurs pour couvrir les garanties. En effet, les assureurs traditionnels ont levé leur couverture. Nous disposons d’une capacité limitée pour garantir les opérations logistiques en Ukraine », indique Rémi Djochgounian, directeur adjoint du département marine de Diot Siaci.
L’équilibre entre la prise de risques et la couverture
Parce que l’évolution rapide et parfois intense des événements géopolitiques oblige les assureurs à se maintenir des couvertures pour leurs clients. « La gestion des aléas est devenue essentielle dans un monde multipolaire qui se dessine », déclare Jean-Christian Fages, arbitre à la Chambre arbitrale maritime de Paris. Ainsi, lors des récentes crises, le réflexe a été, dans un premier temps, de résilier les couvertures d’assurance. Dans un second temps, les assureurs ont renégocié l’ensemble des contrats. Face aux évolutions de ces crises, le commerce se maintien. « Tant que le commerce continuera, il y aura besoin d’assurances et de taux de fret. Il faut trouver un juste équilibre entre la prise de risques et la couverture », estime Jean-Raymond Senger, directeur d’exécution blés chez Soufflet Négoce by Invivo.