Corridors et logistique

Céréales : panique à Panamax City

Dans son analyse sur les échanges de soja, le cabinet de consultants Drewry met en exergue la situation du soja liée aux différends entre la Chine et les États-Unis. Pour le monde des Panamax, ce contexte peut avoir des conséquences importantes.

Le cabinet de consultants britanniques, Drewry, publie un texte sur les conséquences pour le monde maritime de l’arrêt des commandes de soja américain par le marché chinois. Ainsi, la suspension par la Chine des importations de soja américain perturbe  les flux.

Chaque année 12 Mt de soja partent pour la Chine

En effet, la saison des échanges de soja se traite généralement dès le mois de septembre pour une livraison en octobre. Or, note Drewry, « à ce jour aucune cargaison n’est acheminée pour la Chine. » En règle générale, 12 Mt sont acheminées des États-Unis vers la Chine entre octobre et novembre. Un flux qui, exprimé en tonnes-miles, atteint environ 120 Md t/miles. Or, ce trafic entre les deux géants pèse approximativement 12 % de la demande totale pour les navires Panamax. « Cette absence peut entraîner la suppression de 180 à 190 voyages pour ces unités. » C’est alors tout le marché qui entre dans un sentiment général de panique.

Une réponse aux mesures tarifaires

La décision chinoise de suspendre les commandes de soja sur le marché américain apparaît comme une réponse aux mesures tarifaires décidées par la Maison blanche ces dernières semaines. La situation pourrait s’aggraver si les mois d’octobre et de novembre se calquent sur celui de septembre. Pour Drewry, l’absence de flux de soja signifie une baisse à venir des taux de fret pour les Panamax.

Un contexte difficile entre le principal producteur et le principal acheteur

Le soja est principalement produit par les États-Unis, le Brésil et l’Argentine. Les deux premiers s’adjugent environ 33% de la production annuelle chacun quand l’Argentine récolte environ 19%. Ainsi, ces trois pays récoltent environ 85% de la production mondiale. Alors, la décision chinoise de suspendre les achats américains peut avoir un effet bénéfique pour des pays comme le Brésil et l’Argentine. En effet, la Chine peut trouver des marchés d’approvisionnement. Cependant, avec environ 90 Mt importées par ans, la Chine doit se prémunir pour combler le manque du marché américain.

Les Panamax, dégâts collatéraux de ce conflit

Cependant, il est difficile d’estimer, à l’heure actuelle, si la Chine comblera ses besoins sans des approvisionnements depuis les États-Unis. Quant à ces derniers, même s’ils tentent de réorienter leurs exportations vers d’autres destinations, il leur sera difficile de remplacer l’ampleur et la régularité de la demande chinoise. Alors, dans ce contexte, Drewry estime que « les deux parties devraient reprendre leurs échanges commerciaux ». Cependant, si l’impasse actuelle s’éternise, c’est toute une catégorie de navires qui en subira les conséquences, les Panamax.

Une baisse qui se matérialise déjà

Déjà, analyse le cabinet de consultants, l’impact se fait sentir. Ainsi, au 6 octobre, le Panamax P5TC Baltic FFA (représentant un navire de 90 000 t chargé de céréales) affiche une baisse de 9 % par rapport au mois de septembre. La courbe à terme laisse entrevoir un nouvel affaiblissement. Ainsi, les contrats de novembre et décembre se négocient avec une baisse de 12 % et 15 %, respectivement.