Commerce : les effets de la politique douanière de l’administration de Donald Trump
En juillet, la présidente de la Commission européenne et le président des États-Unis ont signé un accord sur les nouveaux tarifs douaniers. Pour le monde agricole, cet accord pèse sur l’économie européenne. De son côté, la Suisse s’inquiète des hausses des droits de douane. L’impact se ressent sur les trafics portuaires.
Le 21 août, la Commission européenne et les États-Unis ont publié une déclaration commune reprenant les termes de l’accord intervenu entre les deux blocs le 27 juillet. Ce dernier accord prévoit des tarifs douaniers de 15% sur les produits de l’UE exportés vers les États-Unis.
Entre stabilité et déséquilibre
Cet accord a le mérite d’apporter de la stabilité dans les relations commerciales, indiquent certains politiques européens. Ils ont craint de voir une montée des enchères sans un accord avec un des principaux partenaires commerciaux. Pour d’autres, le déséquilibre né de ces négociations impacte des pans entiers de l’économie européenne. Ainsi, le secteur agricole s’insurge.
L’Europe fait les concessions
En effet, dans un communiqué Farm Europe, association européenne d’acteurs du secteur agricole, souligne que ces négociations débouchent sur un accord déséquilibré. « L’Europe accepte toutes les concessions ». Or, la balance commerciale entre l’UE et les États-Unis s’élève à 30 Md€ en 2024. Elle comprend notamment les vins qui entrent pour 5 Md€, les spiritueux et les préparations à base de céréales pour 3 Md€ et l’huile d’olive et les olives pour 2,6 Md€. Ces trois catégories représentent un tiers des exportations européennes outre-Atlantique.
La baisse des marges et des volumes
L’application de l’accord aura « pour effet soit de baisser les marges soit de réduire les volumes exportés, soit, encore, le cumul des deux impacts », indique Farm Europe. Alors, les exportations de vins européens seront désormais taxées sur la valeur et non le volume d’alcool. Pour les exportations européennes de vins, les prévisions sont une baisse des flux. La situation sera plus compliquée pour les spiritueux. L’accord prévoit une taxation à 15% de la valeur. D’une part, la part de marché des alcools européens mais aussi le volume devrait baisser de façon importante, note Farm Europe.
Le double impact pour les produits à base de céréales
Quant aux produits laitiers et aux préparations à base de céréales, comme les pâtes, les professionnels attendent un double impact : une baisse des parts de marché et des volumes exportés. Outre les nouvelles taxes à l’export des produits européens, l’accord prévoit des préférences tarifaires pour les produits américains à l’entrée en Europe. Des produits comme les pommes de terre, les oignons, les tomates sont exemptées à l’importation en Europe. De plus, des quotas d’importation à taux réduits sont prévus pour plusieurs produits comme l’alimentation animale, des produits laitiers ou encore des préparations à base de viande de porc.
La Suisse taxée à 31%
L’UE n’est pas seule dans cette situation. La Revue Suisse, journal destiné aux Suisses de l’étranger, explique la surprise provoquée par l’imposition de tarifs douaniers américains aux produits helvétiques. Le locataire de la Maison blanche impose des tarifs douaniers de 31% pour les produits de la confédération. Les autorités nationales se sont étonnées de cette décision. Or, les investissements des sociétés suisses aux États-Unis se placent au quatrième rang. « Malgré la position de force inégale entre les deux pays, la Suisse ne veut pas passer pour une quémandeuse », écrit la Revue Suisse. Lors de l’annonce en avril de ces tarifs, des politiques suisses ont menacé de « casser le contrat relatif aux avions de combat ». Berne dispose d’atouts dans sa poche pour éviter une hausse trop brutale. « Le Conseil fédéral ne pourra pas éviter quelques concessions sur le terrain agricole. »
Une baisse de 5,6% des trafics conteneurs
Depuis l’annonce de ces tarifs, le monde regarde avec attention l’impact sur le commerce. Le rapport pour le mois de juillet, réalisé par la National Retail Federation, montre les premiers signes de cette politique. Déjà, l’organisation table sur une baisse de 5,6% des trafics conteneurs aux États-Unis. Ainsi, depuis le mois de mai, les trafics conteneurs sont en retrait par rapport à ceux de 2024. En juillet, ils affichent une diminution de 0,9% par rapport à 2024. Cependant, en juin, les volumes accusent un repli de 8,4% à 1,9 MEVP. Et cette baisse est appelée à s’accentuer dans les prochains mois. Les trafics conteneurs pourraient enregistrer une baisse de 19,5% en septembre et de 18,5% en octobre. Pour les distributeurs américains, les tarifs douaniers impliquent une hausse des prix et donc une consommation en recul.