Construction navale : le Japon veut réveiller son industrie
Le Japon veut redonner ses lettres de noblesse à la construction navale, indique le courtier de fret Xclusiv.
Dans son dernier rapport hebdomadaire, le courtier de fret Xclusiv analyse la position du gouvernement japonais en faveur de la construction navale. « Le Japon réfléchi à des mesures importantes pour faire revivre sa construction navale. Première économie de la construction navale mondiale il y a quelques années, le gouvernement envisage de créer un chantier subventionné », indique le courtier.
La construction navale, vitale pour la sécurité nationale
Cette politique vise à reconstruire une industrie que le gouvernement juge « vitale pour sa sécurité nationale. » Le premier Ministre nippon, Shigeru Ishiba, a proposé le 20 juin des mesures. Pour faire revivre cette activité, il recommande d’offrir des facilités pour les investisseurs privés et publics. Ces dernières années, la construction navale japonaise a décliné. La concurrence avec les chantiers chinois et coréens a eu raison de cette industrie. De plus, l’industrie coréenne n’a pas pu lutter contre la filière chinoise. Cette dernière occupe la première place aujourd’hui.
En 2008, le Japon s’impose dans la construction navale
Pour comprendre le déclin de la filière japonaise, le courtier de fret compare la situation en 2008 et en 2024. Il prend en compte uniquement les navires d’un tonnage supérieur à 10 000 tpl. Alors, en 2008, l’industrie navale a construit 480 navires vraquiers dans le monde. Les chantiers japonais ont produit 47% de ces navires. La Chine talonne avec 42% de la production. Pour sa part, la Corée du Sud est, à l’époque, plus orientée vers les navires pétroliers. En 2008, elle assure 46% du carnet de commande de ces navires. Le Japon et la Chine réalisent, chacun, 20% du marché. Quant au marché de la conteneurisation, il est dominé par la Chine en 2008. Elle produit 38% des 468 navires réalisés cette année. La Corée du Sud entre à hauteur de 31% et le Japon de 9%. Enfin, s’agissant de la construction de méthaniers, la Corée du Sud détient 62% de parts de marché, le Japon 25% et la Chine 7%.
La Chine a dépassé les autres dragons asiatiques
Ainsi, les parts de marché entre les trois « dragons » asiatiques de la construction navale s’équilibrent en fonction du type de navires. Il est à noter que les chantiers japonais et coréens accaparent des navires avec une haute technicité. En 2024, le paysage de la construction navale est totalement changé. Ainsi, le marché des vraquiers est détenu à 62% par la Chine. Le Japon dispose d’une part de marché de 31%. Du côté des pétroliers, la Chine occupe une position de leader avec 46%. La Corée du Sud a cédé sa place et ne détient aujourd’hui que 21% du marché. Le Japon est tombé à 18%. Et cette domination chinoise est encore plus flagrante pour les porte-conteneurs. La part de marché de la Chine s’élève à 65% quand la Corée du Sud représente 27% et le Japon 8%. Il faut tourner le regard vers le marché de la construction des méthaniers pour voir un autre pays monter sur la première marche. En effet, la Corée du Sud conserve 63% de part de marché sur ce segment. Cependant, la Chine voit son carnet de commande grossir pour représenter 26% en 2024 contre seulement 7% en 2008.
Des navires japonais âgés
Cet état des lieux de la construction navale asiatique se répercute directement sur la flotte mondiale. Ainsi, sur les 6 355 vraquiers construits dans les chantiers japonais et encore en service, 29% affichent un âge supérieur à 21 ans. Et cette tendance va s’accentuer selon le courtier de fret. En 2030, les vraquiers construits par les chantiers japonais seront au nombre de 7 342 dont 41,5% auront plus de 21 ans. Quant aux pétroliers, ils sont actuellement 2 071 navires construits par des chantiers japonais en activité. Selon Xclusiv, 649 de ces navires, soit 31%, ont plus de 21 ans. D’ici à 2030, le nombre de pétroliers construits par les chantiers nippons seront de 2 192 dont 53% auront plus de 21 ans. Des chiffres qui démontrent que le Japon a perdu de son aura auprès des armements.
L’espoir dans le nouveau président de l’association des chantiers navals
Malgré ce déclin de compétitivité des chantiers japonais, le gouvernement veut « reseter » cette industrie. L’élection de Yukito Higaki au poste de président de la Japan Shipbuilding Industry Association marque une nouvelle ère. Outre cette fonction, Yukito Higaki est également président de la société Imabari Shipbuilding. « C’est la première fois depuis des années qu’un président de cette organisation est issu d’une société entièrement dédiée à la construction navale. Auparavant, les présidents de l’association étaient issus de conglomérats intégrant une division navale », note Xclusiv. En prenant ses fonctions, il a dévoilé son ambition de restaurer la part de marché du Japon à 20% en 2030.