Crans Montana Forum : une session sous le signe de la digitalisation et de la RDC
La session annuelle du Crans Montana Forum s’est tenue du 25 au 26 avril à Casablanca. Deux conférences ont traité des questions liées à la digitalisation et au développement de la République démocratique du Congo.
La session annuelle du Crans Montana Forum s’est déroulée à Casablanca cette année. Elle a concentré ses conférences sur la sécurité et la sûreté des chaînes logistiques au travers de la digitalisation.
Un outil de fluidité des trafics
Une conférence a traité de la digitalisation dans les ports africains. Pour le conseiller Afrique du directeur de la Soget, Frédéric Epanlo, la digitalisation n’a d’intérêt que par un tiers de confiance, « ce que nous sommes ». Elle est un outil dans la fluidité des trafics portuaires. « Au-delà de la dématérialisation des documents liés à la chaîne de transport maritime, la digitalisation offre la possibilité de prévoir et planifier à long terme les opérations logistiques. » Face aux goulets d’étranglement dans les ports et les corridors entre les administrations, la mise en place de guichet unique et de Port Operating System (POS) représente un gage de fluidité entre les administrations.
Les goulets d’étranglement, facteurs de hausse du coût de la vie
Cette fluidité des opérations logistiques s’avère importante pour les citoyens. « Les goulets dans les chaînes logistiques sont des facteurs de hausse du coût des marchandises importées. Des augmentations qui se répercutent directement sur le panier de la ménagère », a rappelé le secrétaire général du ministère des Transports des Comores. Alors, « les ports intelligents deviennent un levier pour la résilience et la compétitivité de notre économie. » La transition vers ces ports passe par deux défis majeurs : disposer d’infrastructures physiques modernes et des systèmes d’information permettant une gestion en temps réel des flux.
La transition vers les ports intelligents
Pour le conseiller au chef d’État-major des Comores, cette évolution vers des ports intelligents doit se faire dans un cadre règlementaire défini. « La digitalisation passe aussi par la conformité des procédures pour garantir la sécurité des marchandises dans le port. » Ainsi, outre l’activité logistique, la digitalisation doit s’étendre jusque dans la surveillance des ports au travers des VTS (Vessel Traffic System).
La coopération régionale
Cependant, ces évolutions logistiques doivent aussi combiner une coopération régionale et internationale, a rappelé Frédéric Epanlo. Il ne s’agit pas de disposer de données mais de les partager. Et, insiste le conseiller Afrique du président de la Soget, de les transmettre aux personnes concernées au bon moment pour assurer la fluidité. Dans ce contexte, « le meilleur usage de l’intelligence artificielle ne peut-il être appliqué au partage des informations », a demandé Cheick Modibo Diarra, ancien premier ministre du Mali.
L’enclavement, un souci majeur
Cette session du Crans Montana Forum a permis au vice-premier ministre de la RDC de présenter les ambitions du gouvernement. « Malgré les drames dans les provinces de l’Est du pays, les difficultés dans le Nord, nous continuons notre croissance économique. La RDC continue de produire du cuivre, du cobalt et du tantale », a indiqué Daniel Mukoko Samba. Cependant, la principale contrainte du pays est son enclavement. Avec 37 km de façade maritime et un port principal avec un faible tirant d’eau, Matadi, les industries du pays se tournent vers l’Est et le Sud du continent. « Cet enclavement est un souci majeur », continue le vice-premier ministre. Certes, des solutions existent comme l’utilisation du corridor de Lobito, en Angola, pour la production de cuivre.
Le projet de port de Banana
Et pourtant, le pays « tient sa cohérence du fleuve Congo ». Pour profiter de cet axe stratégique, le pays s’engage dans des investissements lourds pour la construction d’un port à Banana, sur l’embouchure du fleuve. Concédé à DP World, le premier quai de ce futur port doit sortir de terre en 2026. « Il sera dédié à la conteneurisation. D’autres terminaux viendront ensuite », nous a confié le vice-premier ministre. Pour le ministre, ce port doit permettre de ramener en RDC des trafics qui empruntent aujourd’hui le Port autonome de Pointe Noire.
L’utilité de la voie ferrée
Cependant, un port seul ne peut tout faire. « Nous aurons besoin de la voie ferrée pour résoudre le souci du coût des marchandises. L’utilisation de la route augmente considérablement le coût des produits. Ce transport routier reste l’un des plus chers du monde. » De plus, l’utilisation du fleuve pour l’acheminement des marchandises apparaît comme essentiel pour l’avenir de la logistique dans le pays.
Des investisseurs pour la transformation des matières premières
La rénovation des infrastructures de transport doit être au service de l’industrialisation. « Nous disposons de terres rares, de produits agroalimentaires comme l’huile de palme, le café et le cacao. Nous attendons des investisseurs dans la transformation primaire de ces produits avant leur expédition. La croissance de l’économie congolais sera un levier du désenclavement du pays. »
Améliorer le climat des affaires
Néanmoins, le climat des affaires préoccupe les investisseurs. Pour le vice-premier ministre, la fin des perturbations dans l’Est et le Nord du pays sont nécessaires. Ensuite, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a entrepris des grandes réformes des affaires dans le pays. « Chaque semaine, des réunions se tiennent à la présidence pour analyser les avancées. » Les choses avancent même s’il reste des actions à mener.