European Car Group : s’adapter aux conditions du marché par l’intelligence artificielle
L’assemblée générale de European Car Group a dressé un bilan des premiers mois du marché de la logistique automobile en Europe. Dans un contexte économique morose, les opérateurs doivent s’adapter. Pour se faire, ils regardent l’utilisation de l’intelligence artificielle.
Le marché européen de la logistique automobile se situe en pleine pétole. Dans son discours introductif de l’assemblée générale du European Car Group (ECG), le président, Wolfgang Göbel, a décrit une situation étale. Pire, selon le dernier sondage réalisé par ECG, 51% des opérateurs logistiques enregistrent une baisse d’activité. Le solde demeure plus optimiste. En effet, ils considèrent le marché à l’étal. Les exportations de véhicules peinent quand le marché européen se stabilise. « Nous devons adapter nos capacités logistiques », continue le président d’ECG. Dans ce contexte terne, les projets d’investissement s’amenuisent. Le volume des projets se situe à 30% plus faible qu’au premier trimestre 2023. (Retrouvez l’entretien exclusif avec Ports et Corridors de Franck Shnelle, directeur général d’ECG)
L’Europe pèse 6% du marché automobile américain
Justin Cox, directeur de S&P Global Data, a mis l’accent sur les effets des tarifs douaniers de l’administration américaine. La hausse de ces tarifs aura un impact pour la filière automobile. « L’Europe pèse 6% des ventes automobiles aux États-Unis, soit environ 900 000 voitures. » Parmi les plus touchés de ces mesures, le groupe VW dont 5% de la production, soit environ 240 000 véhicules, sont expédiés outre-Atlantique. Le détail montre un impact plus important pour les marques de standing comme Bentley, Lamborghini et Porsche. Les États-Unis importent 25% de ces différents modèles. Pour ces constructeurs automobiles, l’entrée en vigueur des tarifs douaniers est perçue comme un renversement dans leur modèle économique.
Des défis mondiaux qui demandent une réponse mondiale
Les constructeurs automobiles n’ont pas de débouchés nouveaux. Les exportations de véhicules européens vers la Chine s’effritent d’année en année. « Depuis 2021, les constructeurs automobiles ont vu leurs exportations perdre 30% à environ 300 000 unités », continue Justin Cox. Et, pour 2025, les perspectives sont en baisse. La signature d’un accord entre ECG et l’association chinoise des logisticiens automobiles pourrait atténuer cette baisse. Il prévoit le partage pour de meilleures pratiques. L’industrie s’adapte aux nouveaux défis en adoptant une perspective mondiale, sous l’effet de la baisse du taux d’utilisation des usines dans le monde entier et du transfert de la production vers les marchés locaux. « Nous ne devons pas rester prisonniers d’une pensée européenne. Les défis de notre industrie sont mondiaux, et nos réponses doivent l’être tout autant. ECG se positionne dans un esprit de collaboration entre les continents », déclare Wolfgang Göbel.
S’adapter à la perte de production de 5 millions de véhicules
Une étape clé dans cette direction est l’accord de coopération stratégique conclu en avril entre ECG et CALA, l’Association chinoise de logistique automobile, afin de promouvoir l’efficacité, la qualité et les meilleures pratiques dans le secteur
Justin Cox, directeur de la production mondiale chez Global Data, a conclu que les prestataires de services logistiques devaient s’adapter à la perte de 5 millions de voitures en production. Ce contexte économique particulier a amené Alexander Sandkamp, chercheur à l’Institut pour l’économie mondiale de Kiel, à revenir sur le poids des États-Unis en Europe. « 60% des exportations des pays membres partent en intra-communautaire. Les flux pour l’outre-Atlantique pèsent 8%. Il faut donc renforcer le marché intérieur. » Une réflexion qui incite les responsables d’ECG à demander aux autorités européennes à ne pas trop réguler le marché. « Nous avons besoin d’un environnement clair », nous a confié Franck Schnelle, directeur général d’ECG dans un entretien exclusif.
L’intelligence artificielle pour améliorer l’efficacité
Dans ces conditions, la filière a besoin de s’organiser pour améliorer son efficacité. Parmi les pistes, la filière cherche à utiliser l’intelligence artificielle. « Nous sommes prêts. L’intelligence artificielle doit nous permettre à améliorer notre efficacité », a indiqué Wolfgang Göbel. Des étudiants de l’Académie d’ECG ont réfléchi à ce sujet. Les sept académiciens ont analysé la situation dans les terminaux à conteneurs. L’utilisation de cet outil permet à des ports comme Rotterdam ou Singapour de gagner jusqu’à 15% d’efficacité de leurs opérations. De plus, selon leur étude, les deux ports réalisent entre 80 M$ et 100 M$ en utilisant l’IA.
Transposer l’application des conteneurs à la logistique automobile
Ils tentent alors de transposer ces résultats sur la gestion d’une aire de stockage pour véhicules. Néanmoins, « les conteneurs ne sont pas des voitures et vice-versa », a souligné Panagiota Sdoukou, rapporteuse du projet. Chaque donnée doit alors être revue pour s’adapter à la logistique automobile. Les étudiants ont pris les différentes données que les terminaux conteneurs intègrent dans leur outil d’IA pour les adapter aux véhicules.
Adapter les données
À titre d’exemple, un terminal à conteneurs va réunir des données sur le type de conteneurs (reefer ou dry), sa dimension, son contenu et sa destination. Pour l’adapter à la logistique automobile, ces données doivent rassembler le numéro d’identification du véhicule, ses dimensions, sa destination et ses conditions en intégrant les dommages qu’il a pu subir. De plus, certains éléments devront être collectés comme le niveau de charge des batteries des véhicules électriques avant transbordement.
Des solutions efficaces avec l’intelligence artificielle
En réunissant les données des transitaires, des constructeurs, des armements et des intervenants comme les inspecteurs, l’utilisation de l’intelligence artificielle peut apporter des solutions efficaces. L’étude montre que l’espace des aires de stockage peut s’améliorer. De plus, l’IA apportera des améliorations dans les plannings de ces aires, dans l’optimisation des ressources et la gestion des dommages. « L’étude menée par les étudiants de l’Académie d’ECG permet de nous préparer à une plus grande agilité face aux soubresauts du marché », a confirmé le président.
un calculateur de coûts environnementaux
Une autre façon d’améliorer l’efficacité consiste à utiliser un « calculateur des coûts environnementaux » (Green Cost Calculator, GCC). Ce projet aide les logisticiens automobiles à gérer la complexité des changements de coûts. « Le partage des données dans un calculateur fiable facilitera la détermination du modèle de tarification le plus approprié et rendra transparente la transition entre le moment où les coûts changent et celui où des économies sont réalisées », assurent les responsables d’ECG.